Avec ces “recommandations” concoctées par trois anglo-africains dépassés par le dramatique partage de pouvoir zimbabwéen, à propos de la crise "politique" à Madagascar (sommet de Livingstone du 31 mars 2011), nous avons l’application parfaite de l’expression : ménager la chèvre et le chou. Voici, d’abord, l’origine de cette expression.
L’histoire :
Un homme, propriétaire d'un loup, d'une chèvre et d'un chou, se trouve devant l'obligation de les faire traverser un cours d’eau. Or, la barque qu'il possède ne lui permet de ne transporter qu'un élément à la fois. Comment va-t-il s'arranger pour faire traverser le cours d’eau aux trois éléments, sachant que la chèvre risque de dévorer le chou, et le loup la chèvre ?
C'est ainsi qu’est née l'expression : ménager la chèvre et le chou, qui est l'art de trouver une solution pour faire en sorte que chacun des deux éléments se retrouve intact -ou, dans notre expression, au sens figuré, satisfait- au terme de l'action. Une expression qui doit être bien connue de nos chers politiciens...
La solution :
L’homme doit commencer par transporter la chèvre. Il revient à vide, et transporte le chou. Après avoir déposé le chou, il ré-embarque la chèvre avec lui pour aller chercher le loup, il la re-dépose et transporte le loup près du chou, avant de revenir à vide pour la dernière fois, et de ramener enfin la chèvre... Les trois éléments sont passés.
Pour en revenir aux recommandations de la Troïka de la Sadc qui font allusion à mars 2009, tout en parlant d’élections libres, équitables et crédibles, qui est la chèvre, qui est le chou, qui est le loup ? Combien de temps cela mettra-t-il pour transborder les trois éléments que sont la transition d’Andry Rajoelina, Marc Ravalomanana et les trois mouvances, vers une inclusivité à 100% qui n’ existera jamais de la vie ? Rappel :
6. Le sommet a réitéré ses décisions de mars de 2009 sur le besoin urgent de restituer l'ordre constitutionnel à Madagascar [Ndlr : voilà des termes très ambigus, mis à profit par les pro-Ravalomanana] et a promis le soutien entier à l'équipe de médiation de la SADC dans ses efforts d'aider le peuple malgache pour parvenir à une solution durable de la crise à laquelle le pays fait face.
7. Le sommet a considéré le rapport du Médiateur de la SADC et a noté le développement de la feuille de route qui permettra au pays de revenir à la normalité constitutionnelle.
8. Le sommet a décidé de recommander la convocation d'un Sommet Extraordinaire [de la Sadc] pour considérer davantage le dossier Madagascar comme une question d'urgence.
9. Le sommet a conseillé à tous les acteurs politiques malgaches de ne pas verser dans la violence ou la menace d'utiliser la violence durant la transition.
10. Le sommet s’est engagé à soutenir et protéger les réalisations déjà faites et qui seront encore effectuées par la médiation et conseille à tous les partis politiques de coopérer et de soutenir ce travail de la médiation de la SADC pour aller vers des élections libres, équitables et crédibles.
11. Le sommet a réitéré que le dialogue Malgacho-Malgache se poursuivra pour la recherche d’encore plus de consensus, d'inclusivité et de transparence.
Déjà les pro-Ravalomanana crient encore victoire. Laquelle ? Tout recommencer à zéro parce que c’est la volonté de trois anglo-africain qui savent parfaitement ce que « Time is a lot of money » veut dire ? Et l’argent du fondateur du parti Tim n’a pas d’odeur. De l’autre côté, pourtant, ces trois gars de la Troïka sont conscients que l’on ne peut minimiser ni le référendum du 17 novembre 2010, ni le paraphage de la feuille de route de la Sadc, signée le 9 mars 2011 par plus de deux cent personnalités représentant la large majorité des Malgaches. Le résultat est tout à fait prévisible : une cacophonie pas possible car tous les camps auront leurs raisons. Et, à la base de ces « recommandations », tous auront raison. Mais pour aller plus loin, c’est ce genre d’attitude qui a engendré toutes les crises de l’Afrique australe. Par ailleurs, les « trois mouvances » de Zafy Albert verront aussi de l’espoir et remettront à un autre jour leur velléité de former un gouvernement de transition bis. Ils sont forts ces gars de la Troïka, il faut l’avouer, pour semer le bordel sans trop se mouiller.
Malheureusement, la communauté internationale blanche, elle, dira laconiquement : « nous suivons les recommandations de la Sadc ». Et tant pis pour le peuple malgache car, à ce rythme, la transition s’allongera comme un jour sans pain. Après deux ans de souffrance. Or, le grand souci d’Andry Rajoelina est de terminer cette période temporaire entre la IIIè et la IVè république cette année 2011. Comment garder les acquis, face à ces « recommandations » aussi ridicules qu’extrêmement dangereuses ? Une seule parade : transition étant synonyme de temporaire : -quitter temporairement cette Sadc qui, depuis deux ans, n’a rien apporté à Madagascar, sauf des complications soufflées espèces sonnantes et trébuchantes par Marc Ravalomanana; -arrêter la date exacte -et une fois pour toutes- des élections législatives et présidentielles cumulées, au plus tard fin novembre 2011. Qu’importera dès lors, si le copain de « Dada », Jacob Zuma, sera président de cette sadique Sadc en août prochain. Madagascar n’en faisant plus partie, elle ne pourra rien lui imposer du tout.
Une fois des dirigeants élus dans la Grande île -ce qui constitue le réel retour à l’ordre constitutionnel-, je vous parie tout ce que vous voulez mais la communauté internationale blanche se bousculera au portillon pour nous apporter les futures dettes à payer par les générations à venir. Et là : surprise… asiatique. Il faut absolument qu’Andry Rajoelina se focalise sur ces élections, avec l’appui et le soutien du nouveau gouvernement. Pourquoi les élections sont-elles possibles en novembre 2011 en Egypte ? Alors que cela ne fait même pas six mois que Moubarak a quitté le pouvoir ? « Time is a lot of money from Ravalomanana ». Sérieusement, quel a été l’effet d’avoir été suspendu de l’Union africaine et de la Sadc, sur le quotidien des Malgaches ? Les produits sud-africains de l’enseigne Shoprite n’ont jamais été interdits, que je sache. Nommez-moi les entreprises malgaches qui ont fait faillite depuis mars 2009, période où le pays a été suspendu de ces entités continentales. L’attitude méprisante de la Sadc anglophone est simple : elle connaît à fond le sentimentalisme qui anime le Malgache qui n’a jamais pu rien faire de lui-même, pour lui-même, sans l’aide des autres. C’est cela l’héritage de l’Etat-providence. Par ailleurs, Madagascar ne valorise pas ses propres ressources par elle-même et pour elle-même mais se fait exploiter au nom de Pèze.
2002. Marc Ravalomanana n’a jamais été élu au premier tour mais a fait un forcing, sûr de l’adhésion populaire. Ne faites pas les amnésiques car il n’a été officiellement « reconnu » qu’en 2004, à la vitesse grand V. Comment et pourquoi ? En devenant un prêcheur démagogue et en ouvrant aux riches investisseurs tout ce que renferme la Terre-des-Ancêtres. Actuellement, l’ilménite « malgache » fout le camp par tonnes et personne ne dit rien car Rio Tinto fait vivoter quelques Malgaches de la région de Fort-Dauphin. Personne non plus ne se sent le devoir d’expliquer à quoi sert ce « fasimainty » et combien il coûte sur le marché mondial. L’important est le moment présent. Et leurs petits-enfants vivoteront de même dans 20 ans. Dans un environnement aussi désert que le désert du Kalahari. Si l’on veut changer tout çà, il faut agir dès maintenant. Sinon, arrêtez toutes les gesticulations et faites revenir Ravalomanana. On aura toute la vie pour regretter et « toute la mort pour dormir » (proverbe saharaoui). C’est vrai, il est plus difficile de vivre que de mourir par les temps qui courent.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 1er avril 2011
En tout cas, la Présidence de la Transition n’a pas tardé à réagir :
COMMUNIQUE DE PRESSE
Sommet ordinaire de la Troïka de la Sadc
A l’issue de son Sommet ordinaire tenu à Livingstone, République de Zambie, ce 31 Mars 2011 dernier, la Troïka a fait publier un Communiqué officiel dont la teneur suit, en ce qui concerne Madagascar :
1. Le Sommet de la Troïka de l'Organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la Sadc s’est tenu à Livingstone, en République de Zambie, le 31 Mars 2011 pour considérer la situation politique et sécuritaire dans la Région, en particulier dans les Républiques de Madagascar et de Zimbabwe.
2. Le Sommet a été présidé par SEM Rupiah Bwezani Banda, Président de l’Organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité et Président de la République de Zambie.
3. Le Sommet a été suivi par les Chefs d’Etat suivants :
Pour la Namibie : SEM le Président Hifikepunye Pohamba, Président de la Sadc
Pour l’Afrique du Sud : SEM le Président Jacob Zuma, Vice - Président de l’Organe
Pour le Mozambique : SEM le Président Armando Emilio Guebuza.
6. le Sommet a rappelé et réitéré sa décision de Mars 2009 sur l’impérieuse nécessité de restaurer l’ordre constitutionnel à Madagascar, et a exprimé son plein soutien à l’Equipe de médiation de la Sadc dans ses efforts pour aider le Peuple malgache à trouver une solution à la crise qui prévaut dans le pays.
7. le Sommet a pris en considération le rapport du Médiateur de la Sadc et a pris note de l’évolution du processus de mise en œuvre de la Feuille de route pour un retour à l’ordre constitutionnel à Madagascar.
8. Le Sommet a décidé par recommandation la tenue d’un Sommet extraordinaire pour discuter davantage du rapport sur Madagascar comme étant une question d’urgence.
9. Le Sommet appelle à tous les acteurs politiques malgaches de s’abstenir de toute forme de violences ou de menaces de violences durant la Transition.
10. Le Sommet s’est engagé à consolider et à préserver les réalisations accomplies durant le processus de médiation, et appelle à tous les partis politiques de collaborer et de soutenir les travaux menés par l’Equipe de médiation de la Sadc en vue de l’organisation d’élections libres, justes et transparentes.
11. Le Sommet a réitéré que le Dialogue Malgacho-Malgache continue d’être guidé par le principe de consensualité, d’inclusivité et de transparence.
12. le Sommet a félicité SEM Joachim Chissano, ancien Président de la République de Mozambique, et Médiateur de la Sadc pour Madagascar, pour les efforts qu’il a menés dans la recherche d’une solution durable pour la crise malgache.
D’emblée, il convient de relever que, d’après la teneur des points 2 et 3 de ce communiqué officiel, Monsieur Marc Ravalomanana n’a guère été présent et encore moins participé, de près ou de loin, à ce Sommet de la Troïka, contrairement aux allégations mensongères qui ont été colportées tant par une certaine presse nationale que par des personnalités politiques malgaches.
De même, en vertu des termes du point 6, la Troïka a manifesté « son plein soutien à l’Equipe de médiation de la Sadc », c’est-à-dire qu’elle a manifesté son plein soutien au Président Joaquim Chissano, qui la préside, et à SEM Leonardo Simao qui est l’émissaire officiel de ce dernier. Ainsi, contrairement aux allégations gratuites faites par une certaine presse nationale et quelques personnalités politiques malgaches, la Troïka n’envisage aucunement le remplacement de SEM Leonardo Simao par une autre haute personnalité de la Sadc dans la conduite de la médiation internationale sur la crise à Madagascar.
Les termes du point 7 indiquent, sans souffrir de la moindre discussion, que la Troïka a « pris en considération le rapport du Médiateur de la Sadc », lequel rapport est basé sur la Feuille de route paraphée le 8 Mars 2011 au Centre de Conférences Internationales d’Ivato par les Acteurs Politiques Malgaches parties prenantes et sous la conduite de l’Equipe de médiation de la Sadc, dirigée par Docteur Leonardo Simao, en présence de bon nombre de hauts Représentants de la Communauté internationale, établis à Madagascar. Ainsi, il appert de marquer que la Troïka n’a nullement rejeté ladite Feuille de route. Tout au contraire, elle l’a pris en considération.
D’ailleurs, toujours selon les termes de ce point 7, la Troïka « a pris note de l’évolution du processus de mise en œuvre de la Feuille de route ». Processus de mise en œuvre qui a trait à la mise en place du Gouvernement d’union nationale. Ce qui veut dire que, la Troïka ne disposant pas le droit de s’ingérer dans la conduite des affaires internes de Madagascar (la nomination du Premier Ministre et des Membres du Gouvernement relevant du seul pouvoir souverain du Chef de l’Etat), elle a donc, dans une formulation purement diplomatique, enregistré cette mise en place du Gouvernement d’union nationale à titre de point « d’évolution du processus de mise en œuvre de la Feuille de route ». En ce sens que, contrairement aux assertions fallacieuses de quelques personnalités politiques malgaches, la Troïka n’a point rejeté le Gouvernement d’union nationale récemment mis en place.
En tout cas, la Troïka a fermement fait ancrer sa position, en ayant aligné dans son point 10 qu’elle « s’est engagé à consolider et à préserver les réalisations accomplies durant le processus de médiation ». Consolidation et préservation du processus Malgacho – Malgache qui a notamment intégré, en son sein, les « Acteurs Politiques Malgaches parties prenantes à la Feuille de route » comme acteurs officiels dudit processus. Ainsi, si les trois mouvances voudraient encore être considérées comme des acteurs officiels du processus Malgacho – Malgache, elles devront, impérativement et uniquement, intégrer ce cercle des « Acteurs Politiques Malgaches parties prenantes à la Feuille de route ». Ce qui veut dire que toutes actions, menées hors du cadre de cette Feuille de route, ne sont nullement « considérées et préservées » par la Troïka.
Quoi qu’il en soit, la Troïka, aux termes du point 11 qui dispose que « le Sommet a réitéré que le Dialogue Malgacho - Malgache continue d’être guidé par le principe de consensualité, d’inclusivité et de transparence »,. a réitéré que la suite de la Médiation, menée par l’Equipe de SEM Joaquim Chissano et son émissaire officiel Leonardo Simao, va ainsi observer les mêmes procédures, méthodes et démarches de travail adoptées par ce dernier à Madagascar et qui ont abouti au paraphe de la Feuille de route. De ce fait, il appert incontestable de relever que, contrairement aux critiques formulées par quelques personnalités politiques malgaches, la Troïka a validé, consolidé et préservé ces procédures, méthodes et démarches de travail adoptées par l’émissaire officiel Leonardo Simao.
Par ailleurs, connaissant parfaitement les velléités de certaines personnalités politiques malgaches de créer des troubles et de déstabiliser l’actuel Régime de Transition, la Troïka a, dans son point 9, mis en garde, dans une formulation purement diplomatique, toute personne voulant encore perpétrer « toute forme de violences ou de menaces de violences durant la Transition ».
Et la même Troïka, ayant été convaincue de devoir honorer sa mission et ses tâches dans le cadre du traitement du dossier Madagascar, a ainsi passé à l’étape officielle suivante, disposée par les textes légaux régissant son fonctionnement et ses attributions, en ayant recommandé, dans son point 8, « la tenue d’un Sommet extraordinaire pour discuter davantage du rapport sur Madagascar comme étant une question d’urgence ». Ainsi, le Sommet du 31 Mars 2011 ayant été ordinaire, la Troïka, en invoquant « une question d’urgence », va ainsi incessamment tenir un Sommet extraordinaire, sans être contrainte d’attendre le prochain Sommet ordinaire.
Sommet extraordinaire qui va s’inscrire dans l’incontestable logique de la continuation des procédures, méthodes et démarches de travail diligentées par l’Equipe de médiation de la Sadc et dans la consolidation et la préservation des « réalisations accomplies durant le processus de médiation ».
Ambohitsorohitra, le 1er Avril 2010
Le Chargé de la Communication
à la Présidence de la Haute Autorité de la Transition