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Madagascar 29 mars : les tueries qui réunissent l’espace d’un jour

 

Il y a 65 ans, la Grande île de l’Océan indien, alors colonie française, a été le théâtre d’une tuerie sans nom. En voici le résumé selon l’historien Joseph Salvès :

« Le 29 mars 1947 éclate une insurrection dans la colonie française de Madagascar. La répression va provoquer des dizaines de milliers de victimes.

Insurrection


« Les dirigeants de la IVè république française ignorent le projet d'insurrection bien que les services de la Sûreté dirigés par le commissaire Marcel Baron en soient informés grâce à des agents infiltrés dans la Jina et d'autres sociétés secrètes.

Le MDRM, également informé, diffuse dans les villages un télégramme demandant à chacun d'éviter les violences. Mais l'appel est sans effet. Selon certains commentateurs, les autorités françaises auraient fait en certains lieux arracher les affiches comme si elles souhaitaient en découdre avec les opposants cachés !

C'est ainsi que le 29 mars, quelques centaines d'hommes simplement armés de sagaies et de coupe-coupe attaquent des petites villes côtières et des plantations. Ils s'en prennent aux Européens mais aussi aux Malgaches qui vivent et travaillent avec eux. Les colons sont pris au dépourvu et ne peuvent réagir faute de moyens militaires sur place.

Le gouvernement de Paul Ramadier, désemparé, fait porter la responsabilité des troubles sur les trois parlementaires du MDRM. Les députés, y compris l'extrême-gauche communiste, lèvent sans rechigner leur immunité parlementaire. Ils sont arrêtés. Deux seront condamnés à mort mais leurs peines heureusement commuées en exil.

Malgré cela, la jacquerie s'étend. Elle embrase rapidement toute la partie orientale de l'île, où la misère et les frustrations sont les plus grandes. Les rumeurs les plus folles courent sur le compte des insurgés, soupçonnés des pires atrocités.

Le gouvernement envoie à Madagascar des renforts, essentiellement des troupes coloniales (tirailleurs sénégalais) : au total 18.000 hommes début 1948. La répression donne lieu à de nombreux débordements et crimes de guerre : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mises à feu de villages...

Parmi les crimes les plus graves figure celui du 6 mai 1947, quand le commandant du camp de Moramanga, dans la crainte d'une attaque, fait mitrailler plus d'une centaine de militants du MDRM emprisonnés dans des wagons ».

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Le texte cité ci-après figure en page 77 du livre de Jacques Tronchon: L'insurrection malgache de 1947 - Karthala éditeur, 1986.

« Le chef de district d'Ambatondrazaka fait procéder à des arrestations massives. Le 5 mai avant l'aube, 166 otages sont transférés à la gare et enfermés dans trois wagons plombés, affectés d'ordinaire au transport des bestiaux. Le convoi s'ébranle et arrive au début de l'après-midi en gare de Moramanga. Vers minuit, sous prétexte que des insurgés s'apprêtent à délivrer les otages, les militaires de garde reçoivent l'ordre de faire feu sur le train. Plusieurs personnes de Moramanga sont réveillées en sursaut par le crépitement des mitraillettes et le vacarme du canon. Les 71 rescapés de cette tuerie sont aussitôt transférés à la prison de Moramanga où pendant deux jours ils sont soumis à la question. Reconduits à nouveau dans les wagons, et laissés sans nourriture, ils en sont extirpés définitivement le 8 mai dans l'après-midi pour être conduits vers un peloton d'exécution. L'appel des condamnés se fait en présence de plusieurs personnalités civiles et militaires. L'ordre d'exécution est signé par le Général Casseville. Séparés en trois groupes, les otages aussitôt abattus sur le bord d'un charnier où s'empilent leurs cadavres. L'un d'entre eux, Rakotoniana, n'est pas blessé mortellement et parvient la nuit tombée à s'échapper du charnier. C'est par lui surtout que l'opinion sera informée de « l'affaire du train de Moramanga ». L'armée française expérimente aussi une nouvelle technique de guerre psychologique : des suspects sont jetés vivants d'un avion pour terroriser les villageois de leur région » (fin de citation).

Suite du récit de Joseph Savès.

« En vingt mois, la «pacification» va faire 89.000 victimes chez les Malgaches selon les comptes officiels de l'État français. Mais ces comptes auraient été exagérés par méconnaissance du terrain et pour alourdir le dossier d'accusation du MDRM.

Jean Fremigacci, maître de conférences à Paris-I et enseignant à l'université de Tananarive, établit le nombre des morts entre 30.000 et 40.000, dont 10.000 de mort violente et le reste de faim ou de maladie, ce qui est déjà beaucoup si on le rapporte aux 700.000 habitants de la région concernée.

Les forces coloniales perdent, quant à elles, 1.900 hommes (essentiellement des supplétifs malgaches). On relève aussi la mort de 550 Européens, dont 350 militaires. La disproportion des pertes tient à ce que les rebelles ne disposaient en tout et pour tout que de 250 fusils.

En métropole, Le Figaro et L'Humanité parlent du soulèvement mais le gouvernement et l'ensemble des organes de presse minimisent son importance et ne disent rien de la répression. L'opinion publique, il est vrai, est davantage préoccupée par le rationnement, les grèves et la guerre froide.

L'insurrection de 1947 a été gommée de la mémoire collective des Français mais aussi des Malgaches qui admettent mal que les leurs aient pu très durement s'affronter ». (Fin du récit de Joseph Savès).

A lire absolument : T. Rakotondrabe (Université de Toamasina) : « Les insurgés face aux militaires dans le district de Brickaville (Est de Madagascar) en 1947 ».

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Le procès des Parlementaires par l’historienne Lucille Rabearimanana


Avant même et surtout après le 29 mars 1947 où éclate une insurrection à Madagascar, un grand nombre de Malgaches partisans de l’indépendance ont été arrêtés et détenus car le pouvoir colonial voulait réprimer cette aspiration généralisée des colonisés de s’émanciper du joug de la France. La répression de l’insurrection ne s’est donc pas limitée au seul aspect militaire. Ses formes policières et judiciaires s’avèrent plus importantes et ses conséquences plus profondes et plus durables sur le comportement politique des Malgaches. Le procès le plus retentissant s’est tenu de juillet à octobre 1948 à Andafiavaratra, jugeant les responsables du Mouvement démocratique de la Rénovation malgache (MDRM), dont les trois députés, les docteurs Joseph Raseta, Joseph Ravoahangy et Jacques Rabemananjara.

Emprisonner les militants du MDRM avant et après le 29 mars 1947 : Le procès d’Andafiavaratra condamne des innocents

Tribunaux militaires, tribunaux et cours criminelles civiles prononcent plus de 5 000 condamnations, mais le procès le plus attendu est celui des responsables du MDRM tenu à Andafiavaratra, du 27 juillet au 4 octobre 1948. C’est, en réalité, un procès politique entaché d’irrégularités et dont les verdicts sont dictés par la volonté du pouvoir colonial de condamner les responsables du MDRM et en premier lieu les députés. Or le MDRM, en tant que parti, n’est pas du tout à l’origine de l’insurrection. Les députés notamment, c’est-à-dire les principaux dirigeants du parti, ne peuvent être taxés, comme les ont accusés les responsables du Territoire et le ministre de la France d’Outre-mer, d’avoir donné le signal de la lutte armée. Toujours est-il que le procès d’Andafiavaratra a prononcé les verdicts suivants : 6 condamnations à mort, dont deux contre les députés Raseta et Ravoahangy, 4 aux travaux forcés à perpétuité dont Rabemananjara , entre 5 et 20 ans. Même si les premiers responsables du MDRM n’ont pas été exécutés, il n’est pas moins vrai que le procès d’Andafiavaratra a condamné des innocents.

Lucille Rabearimanana,

Professeur titulaire à l’Université d’Antananarivo

Membre titulaire de l’Académie malgache

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En cette année 2012, le délai de prescription pour l’ouverture des archives est dépassé de 15 ans, pour en savoir plus sur ces tueries de 1947.  Or, les dirigeants français n’effleurent même pas la question. Certes, Nicolas Sarkozy n’est pas responsable du gouvernement socialiste de 1947, mais, comme Jean-Paul II -qui a demandé pardon pour toutes les atrocités commises au nom de l'église catholique romaine, dont l'Inquisition-, il a le devoir de demander pardon à nous, descendants des Malgaches tués pour avoir lutter afin de recouvrer leur indépendance d’antan. Toutefois, il paraît qu’à quelque chose, malheur est bon. Ci-après la vidéo de cette journée du 29 mars 2012 à Antananarivo ainsi que des photos de la commémoration officielle dirigée par les Chefs d’institution de l’actuel régime de transition de Madagascar. Effectivement, cette tuerie de 1947 réunit les Malgaches. Hélas, juste le temps d’une journée. Le reste du temps, ils le passent à se dénigrer bêtement au nom d’intérêts aussi sombres que lugubres, oubliant les sacrifices de nos ancêtres communs pour que Madagascar soit « libre » et « indépendante ». Mais de quelle indépendance s’agit-il ?

CLIQUEZ ICI POUR LE REPORTAGE VIDEO EN MALGACHE DE CETTE JOURNEE DU 29 MARS 2012

CULTE A LA CATHEDRALE FKJM D'ANALAKELY











































































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EN ROUTE VERS AMBOHIJATOVO



















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REVUE DES TROUPES PAR LE PREMIER MINISTRE JEAN OMER BERIZIKY








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SALUT AU DRAPEAU AVEC LE PDS EDGARD RAZAFINDRAVAHY







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DEPOT DE GERBES PAR LE PREMIER MINISTRE JEAN OMER BERIZIKY

















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MINUTE DE SILENCE








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REMISE DE MEDAILLES AUX DERNIERS RESCAPES DE 1947

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EN ROUTE VERS LE MAUSOLEE OU LE MEME CEREMONIAL A EU LIEU

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VISITE DU MAUSOLEE PAR LA POPULATION, SURTOUT LES JEUNES ASSOIFFES D'HISTOIRE

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DEJEUNER AU CERCLE MESS DE SOANIERANA AVEC LES ANCIENS COMBATTANTS VIVANTS

Un dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – Photos : Harilala RANDRIANARISON

(Antananarivo, le 29 mars 2012)

Mis à jour ( Samedi, 31 Mars 2012 10:39 )  
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