Cela fait quatre ans que Madagascar a Ă©tĂ© suspendu de la Sadc et de lâUnion africaine. Quâest-ce que cela a changĂ© dans le quotidien des Malgaches ? Rien ! Pourtant la Grande Ăźle doit sâacquitter de sa quote-part. Câest çà lâimage dâune entitĂ© qui entend Ćuvrer pour la paix ?
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COMMUNIQUĂ
Le Conseil de paix et de sĂ©curitĂ© (CPS) de lâUnion africaine (UA), en sa 355Ăšme rĂ©union tenu le 13 fĂ©vrier 2013, Ă Addis Abeba, a adoptĂ© la dĂ©cision qui suit sur la situation Ă Madagascar :
Le Conseil,
1. Prend note des communications faites par le Commissaire Ă la Paix et Ă la SĂ©curitĂ© par intĂ©rim, Prof. JeanâPierre Ezin et le MĂ©diateur de la CommunautĂ© de DĂ©veloppement de lâAfrique australe (SADC), lâancien PrĂ©sident Joaquim Alberto Chissano, sur la situation Ă Madagascar, ainsi que des dĂ©clarations faites par les reprĂ©sentants du Mozambique, pays assurant la prĂ©sidence de la SADC et les Nations unies ;
2. Rappelle toutes ses dĂ©cisions et communiquĂ©s antĂ©rieurs sur la situation Ă Madagascar et les dĂ©cisions adoptĂ©es par la 20Ăšme session ordinaire de la ConfĂ©rence de lâUnion, tenue Ă AddisâAbeba, du 27 au 28 janvier 2013, ainsi que son attachement Ă la Feuille de route pour la sortie de crise Ă Madagascar du 17 septembre 2011, qui offre le cadre appropriĂ© pour parvenir au retour Ă lâordre constitutionnel et Ă une solution globale Ă la crise que connaĂźt Madagascar ;
3. Se fĂ©licite des avancĂ©es enregistrĂ©es dans le processus de sortie de crise Ă Madagascar, notamment la renonciation par M. Andry Rajoelina et M. Marc Ravalomanana Ă leur candidature respective Ă la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle et en appelle Ă toutes les Parties malgaches pour quâelles mettent pleinement en Ćuvre la Feuille de route qui constitue le seul mĂ©canisme viable pour mettre fin Ă la crise que connait leur pays ;
4. Prend note des échéances électorales actualisées, qui prévoient, entre autres, la tenue du 1er tour de l'élection présidentielle, le 24 juillet 2013, le 2Úme tour couplé aux élections législatives, le 25 septembre 2013, et les élections communales, le 23 octobre 2013 ;
5. Prend Ă©galement note de la dĂ©cision du Sommet de la TroĂŻka de lâOrgane des Chefs dâEtat et de Gouvernement de la SADC, et du Mozambique, en sa qualitĂ© de pays assurant la PrĂ©sidence de la SADC, tenu Ă Dar es Salaam, en RĂ©publique unie de Tanzanie, du 10 au 13 janvier 2013, dans laquelle les chefs dâEtat et de Gouvernement ont, entre autres, rĂ©affirmĂ© leur soutien Ă la Feuille de route ;
6. Constate que, malgrĂ© les nombreux progrĂšs rĂ©alisĂ©s, certaines dispositions de la Feuille de route restent encore Ă mettre en oeuvre, en particulier lâarticle 20, et, par consĂ©quent dĂ©cide de maintenir la suspension de la participation de Madagascar aux activitĂ©s de lâUA et les sanctions imposĂ©es contre Madagascar, tout en rĂ©itĂ©rant sa volontĂ© de procĂ©der Ă la levĂ©e de cette mesure dans les meilleurs dĂ©lais possibles. A cet Ă©gard, le Conseil, endossant les recommandations du MĂ©diateur :
(i) exige la neutralité des institutions de transition malgaches, en particulier durant la période électorale ;
(ii) souligne la nĂ©cessitĂ© de sauvegarder lâindĂ©pendance, lâintĂ©gritĂ© et la crĂ©dibilitĂ© de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante de transition (CENIâT), et appelle au respect et Ă lâapplication scrupuleuse des dĂ©cisions de cette institution ;
(iii) exige des acteurs politiques malgaches quâils fassent preuve de retenue et assument pleinement leur responsabilitĂ© qui consiste Ă ramener lâordre constitutionnel Ă Madagascar.
7. Rappelle en particulier le communiquĂ© de sa 303Ăšme rĂ©union tenue Ă AddisâAbeba, le 8 dĂ©cembre 2011, dans lequel il a exprimĂ© son intention de lever la mesure de suspension de la participation de Madagascar aux activitĂ©s de lâUA, telle que contenue dans le communiquĂ©
PSC/PR/COMM.(CLXXXI) adopté lors de sa 181Úme réunion tenue le 20 mars 2009, ainsi que les sanctions ciblées imposées aux termes de ses communiqués PSC/PR/COMM.1(CCXVI) et
PSC/PR/COMM.1(CCXXI), adoptĂ©s lors de ses 216Ăšme et 221Ăšme rĂ©unions tenues respectivement le 19 fĂ©vrier et le 17 mars 2010. A cet Ă©gard, le Conseil demande Ă la PrĂ©sidente de la Commission, en consultation avec la SADC, de lui faire rapport, au plus tard en dĂ©but avril 2013, sur les progrĂšs accomplis dans la mise en Ćuvre de la Feuille de route, y compris son article 20, Ă lâeffet de lui permettre de statuer sur la levĂ©e de la mesure de suspension de Madagascar ;
8. Encourage la PrĂ©sidente de la Commission, conformĂ©ment au communiquĂ© de sa rĂ©union du 8 dĂ©cembre 2011, Ă mobiliser lâAfrique et la communautĂ© internationale dans son ensemble, pour quâelles apportent tout lâappui nĂ©cessaire au processus de transition Ă Madagascar ;
9. Demande à la Présidente de la Commission, en consultation avec le Secrétaire exécutif de la SADC, de prendre les dispositions requises pour renforcer le Bureau conjoint UA/SADC à Madagascar, en vue d'assurer une plus grande présence au cours de la période électorale;
10. FĂ©licite la SADC pour ses efforts visant Ă faciliter le retour Ă lâordre constitutionnel Ă Madagascar sur la base de la «Feuille de route pour une sortie de crise Ă Madagascar». Le Conseil rĂ©itĂšre son apprĂ©ciation au MĂ©diateur de la SADC, le PrĂ©sident Joaquim Alberto Chissano, et lâencourage, avec son Ă©quipe, Ă poursuivre ses efforts en vue de parvenir Ă une solution consensuelle et inclusive Ă la crise malgache ;
11. DĂ©cide de rester activement saisi de la question./.
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Vous voulez mettre en Ćuvre lâarticle 20 de la feuille de route ? Bien. Mais tout le monde semble oublier complĂštement la note explicative. On met cet article 20 en avant, comme un paravent alors que câest toute une philosophie, toute une vraie justice que se trouve dans cette note. La re-voici :
45. Lâarticle 20 de la prĂ©sente Feuille de Route sera lue avec la Note explicative, en annexe, qui
constituera une partie intĂ©grante de cette mĂȘme Feuille de Route.
Antananarivo, le 16 septembre 2011
NOTE EXPLICATIVE DE LâARTICLE DE LA PRESENTE FEUILLE DE ROUTE
Dans le cadre du mandat donné par le Sommet de la SADC tenu à Sandton et réitéré à Luanda, les 17-18 Août 2011, la Troïka de la SADC propose le texte suivant pour le paragraphe 20 de la feuille de route :
La Haute AutoritĂ© de la Transition (HAT) devra permettre Ă tous les Citoyens Malgaches en exil pour des raisons politiques de rentrer Ă Madagascar sans conditions, y compris Monsieur Marc Ravalomanana. La HAT devra fournir la sĂ©curitĂ© Ă tous les exilĂ©s malgaches rapatriĂ©s. La HAT devra dĂ©velopper et promulguer dâurgence les instruments juridiques nĂ©cessaires, y compris une loi dâamnistie, afin dâassurer la libertĂ© politique de tous les citoyens Malgaches dans le processus inclusif de transition, dĂ©bouchant sur la tenue dâĂ©lections libres, justes et crĂ©dibles.
La TroĂŻka souhaite apporter lâinterprĂ©tation suivante du terme « sans conditions » Ă©noncĂ© dans les dĂ©cisions du Sommet de la SADC.
1. Les principes et valeurs de la SADC nâacceptent pas lâimpunitĂ©. Le terme « sans condition » sâapplique Ă la notion de libertĂ© de rentrer Ă Madagascar pour tous les citoyens malgaches en exil pour des raisons politiques. Cela implique quâaucune mesure administrative et politique ne devrait ĂȘtre appliquĂ©e pour restreindre ou empĂȘcher leur libertĂ© de rentrer au pays.
2. Ainsi, « sans conditions » ne suggĂšre et nâimplique pas les citoyens malgaches rapatriĂ©s une exonĂ©ration de poursuites judiciaires ou pour des crimes allĂ©guĂ©s.
3. Les principes et les valeurs de la SADC reposent sur le respect de lâintĂ©gritĂ© territoriale et la souverainetĂ© des Etats membres. La SADC reconnaĂźt et respecte la compĂ©tence, la lĂ©gitimitĂ© et lâindĂ©pendance des systĂšmes judiciaires de ses Etats membres. La SADC nâa pas le pouvoir de sâingĂ©rer ou dâannuler quelque condamnation judiciaire par le tribunal national de tout Etat
4. La SADC ne dĂ©finit pas et ne dĂ©termine pas lâĂ©tendue et le contenu des lois dâamnistie des Etats membres. Il est du ressort des autoritĂ©s compĂ©tentes de ses Etats membres de dĂ©battre et de sâaccorder sur leurs lois dâamnistie en prenant compte des normes internationales applicables qui excluent de lâamnistie les crimes contre lâhumanitĂ©, les crimes de guerre et les violations graves des droits de lâHomme et des libertĂ©s fondamentales.
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Marc Ravalomanana ne peut pas sortir dâAfrique du Sud, Ă la suite dâune plainte -qui a Ă©tĂ© recevable- contre lui pour crime contre lâhumanitĂ©. Cela conformĂ©ment la loi sud-africaine n°27/2002 sur la mise en Ćuvre du statut de Rome de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) qui prĂ©voit que « tout ancien chef d'Etat, prĂ©sumĂ© avoir commis des crimes contre l'humanitĂ© ou d'autres crimes graves tels que les crimes de guerre ou les gĂ©nocides, peut faire l'objet d'enquĂȘtes et de poursuites judiciaires dans le pays oĂč il se trouve ».
Le passeport de Ravalomanana a Ă©tĂ© confisquĂ©, en septembre 2012, dans le cadre de lâenquĂȘte. Il a fait appel, mais celui-ci a Ă©tĂ© rejetĂ© le 4 fĂ©vrier 2013, sous le dossier CCT 127/12. Tous ses espoirs de retour reposent donc sur un « accord politique », avec lâapplication de ce fameux article 20. La justice sud-africaine a-t-elle son mot Ă dire ? De cela, personne ne parle. Par ailleurs, oĂč se situent les « principes et valeurs de la Sadc qui nâacceptent pas lâimpunité » ?
Ne vaudrait-il pas mieux quâil attende la suite de la plainte avant de songer mĂȘme Ă rentrer ? Surtout quâil ne va pas se prĂ©senter Ă la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle ?
Par ailleurs, Ă©tant donnĂ© que " la SADC reconnaĂźt et respecte la compĂ©tence, la lĂ©gitimitĂ© et lâindĂ©pendance des systĂšmes judiciaires de ses Etats membres, et quâelle nâa pas le pouvoir de sâingĂ©rer ou dâannuler quelque condamnation judiciaire par le tribunal national de tout Etat membre ", qu'est-ce que ce micmac, Ă©tant donnĂ© que Ravalomanana est bloquĂ© sans passeport en Afrique du Sud ?
Le grand point en suspens est aussi cette histoire dâamnistie. Comme il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă Madagascar, elle peut-ĂȘtre envisageable. Mais du cĂŽtĂ© de lâAfrique du sud et du statut de Rome de la CPI, il faudrait dâabord attendre oĂč va aboutir la plainte dĂ©posĂ©e contre lui. Sinon pourquoi avoir refusĂ© la requĂȘte d'appel pour la restitution du passeport de l'ex-prĂ©sident dĂ©missionnaire fuyard ?
SADC, UA, au sein de ces entitĂ©s, il y a un manque de logique envers elles-mĂȘmes. De quoi ĂȘtre saisi de⊠stupeur !
Jeannot Ramambazafy â 15 fĂ©vrier 2013