Voyez la posture de Brett Bruen à Mahazoarivo, le 1er juin 2012. Le Chargé d’affaires se fait tout petit, à droite sur ce cliché
Il y a en qui vont encore dire que j’exagère et que je m’acharne sur un honnête « diplomate » américain en partance. En effet, Brett Bruen, l’étonnant conseiller en communication et en affaires « culturelle », va enfin quitter la Grande île après de mauvais et déloyaux services envers sa propre administration.
Pourquoi dis-je cela ? Parce que, -malgré sûrement, une série de briefings et de debriefings, basé sur la théorie du coup d’état, connocté par l’ex-ambassadeur Niels Marquardt -lui-même pourtant témoin de la démission de Marc Ravalomanana, le 17 mars 2009 au matin- (Marquardt a fini consul en Australie pour sa peine)-, il n’a pas pu empêcher le tout nouveau Chargé d’Affaires, sino-américain, Eric Wong, d’aller rendre visite au Premier ministre, Jean Omer Beriziky. Qu’importe le « mobile », il était bel et bien à la Primature de Mahazoarivo.
C’était le 1er juin 2012, à la Primature de Mahazoarivo. Alors là , Mister Bruen, il faudrait comprendre. Ce jour-là , Mister Wong avait déclaré : « Nous soutenons les efforts du Premier ministre de renforcer les capacités du gouvernement ». Ce qui signifie que les U.S.A. que vous représentez, reconnaissent Jean Omer Beriziky comme Premier ministre de la Transition. Le nouveau Secrétaire d’Etat américain, John F. Kerry est-il au courant de cette contradiction, au grand de dam de l’homme fort de Point Liberty (nom donné à l’Embassy New Compound d’Antananarivo) ? Ou bien c’est la façon du « gendarme du monde » de se foutre de la gueule des pays sous-développés comme Madagascar ? Je parle de Mister Bruen et non de Mister Wong ;
Reprenons la feuille de route, acceptée et signée par la majorité des entités politiques (les absents comme la mouvance Ratsiraka auront toujours tort), la nuit du 16 au 17 septembre 2011 à l’hôtel le Paon d’Or à Ivato. Extraits :
3. Monsieur Andry Rajoelina est le Président de la Transition. En cette qualité, il exerce les fonctions du Chef d’Etat;
5. Le Premier Ministre sera nommé par le Président de la Transition sur une liste de personnalités proposées par les Acteurs Politiques Malgaches parties signataires de la Feuille de Route. Il est entendu que le Premier Ministre de consensus ne peut être originaire ni de la même province ni de la plateforme politique qui soutient le Président de la Transition.
Brett Bruen et Eric Wong ne comprennent-ils pas le français ? En tout cas, avoir rendue visite au PM Berizy, signifie -qu’ils le veuillent ou non- qu’ils reconnaissent son patron qui n’est pas la feuille de route -comme le PM aime à le dire-. Son patron hiérarchique n’est autre que le Président Andry Rajoelina. Ou bien Jean Omer Beriziky fait aussi partie de l'administration américaine depuis sa nomination ? Qui sait...
Donc, la politique de Gallieni (« diviser pour mieux régner ») est aussi appliquée dans le Nouveau-Monde, dans ce cas. Comment, vous lecteurs, qualifieriez-vous ceci : ne pas reconnaître le Président de la Transition mais reconnaître le Premier ministre nommé par ce Président de la Transition lui-même reconnu par tous (la majorité selon le principe démocratique cher aux U.S.A.), à travers la feuille de route ?
A gauche, Brett Bruen est plus prolixe, jouant aussi l’interprète. Au centre, le PM Beriziky, à droite, le nouveau venu Eric Wong qui doit se demander ce qu’il fout lÃ
En plus, selon l’article de cette même feuille de route : 2. Le processus de transition neutre, inclusif et consensuel devra aboutir à la tenue d’élections crédibles, libres et transparentes à Madagascar. Pourquoi une telle démarche qui divise ? Avant 2009, on n’utilisait pas le bulletin unique dans les élections à Madagascar ; celles-ci étaient organisées par le ministère de l’Intérieur du gouvernement au pouvoir. Ainsi, le président-candidat, celui qui s’agrippe au fauteuil comme un diable, avait toutes les chances d’être élu ou réélu. Mais dans la Grande île, tous les quatre présidents élus de cette façon ont été –TOUS SANS EXCEPTION- jeté dehors par le peuple. Si 2009 était un « coup d’Etat », 1972, 1991 et 2002 aussi alors ? Tsssss… Lisez tous les articles de la presse internationale en date du 17 mars 2009, vous saurez à partir de quel moment, la phrase « coup d’état à Madagascar » a inondé Internet.
Actuellement, le président de la Transition ne se présente pas (malgré les piques et la mauvaise dissertation de Johnnie Carson qui mérite d’être affecté ailleurs) ; le bulletin unique sera utilisé (je rappelle qu’un referendum est un scrutin souverain sur une question et non une élection d’un individu) ; l’organisation sera effectuée conjointement par une Commission électorale nationale indépendante mise en place pour cette étape de la transition de la IIIè république vers la IVè. Que demande le peuple malgache ?
L'homme fort en partance et le sino-américain déphasé
Que les membres de la Communauté internationale, à commencer par les Etats Unis, cessent d’appliquer leur talent dans l’art de compliquer les choses. Que les politiciens malgaches se préparent à ces élections et arrêtent de prendre le peuple pour un ramassis d’imbéciles. Que les candidats préparent leur programme au lieu de dénigrer les autres, par manque de confiance et même manque de programme tout court. Et qu’ils arrêtent, surtout, de dénigrer le Président de la Transition qui ne sera même pas candidat. Il a proposé les législatives avant la présidentielle, sans remettre en cause le calendrier électoral, repoussé en juillet 2013. Il a expliqué pourquoi. Tant pis pour nous tous, lorsque ce qu’il a révélé arrivera. Mais il a fait son devoir. Brett Bruen a fini son temps à Madagascar. Qu’il prépare soigneusement ses valises (diplomatiques) au lieu de démontrer encore sa capacité de nuisance envers un peuple qu’il méprise au bénéfice des lémuriens de Ranomafana. Sous le couvert de principes que les U.S.A. ne respectent pas eux-mêmes.
Jeannot Ramambazafy- 17 février 2013