Bon, il est temps d’être réaliste, sans devenir terre-à -terre, à propos de la décision d’Andry Rajoelina de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle du 24 juillet 2013.
Certes, depuis 2009, il n’a eu cesse de dire qu’il n’allait pas se présenter. Et, jusqu’au bout, il a cru avoir affaire à des « anges » qui allaient respecter la logique liée à toute alternance politique et démocratique. Du coup, Andry Rajoelina est tombé dans le piège de la notion de respect de la parole donnée. Personnellement, je déteste celles et ceux qui en usent et abusent mais qui ne la… respectent pas.
Cependant, il faut aller bien au fond des choses pour éviter de passer pour un imbécile et une girouette à la solde de politiciens ambitieux pourris, qui ont mis le pays à genoux, avec la complicité de multinationales qui pillent le pays en usant de la politique de Joseph Gallieni qui est : diviser pour régner. Sur quoi repose le principe du respect de la parole donnée ?
Le respect de la parole donnée est une obligation morale issue du droit canon selon laquelle toute promesse, quelle qu’en soit la forme, devait être respectée sous peine de commettre un péché (« Pacta sunt servanda »). C’est vers le XIIème siècle que la morale chrétienne fait apparaître ce nécessaire respect de la parole donnée. Il s’agit de l’idée que tout individu est tenu de respecter ses engagements, quelles qu’en soient leurs formes. De manière plus simple, il s’agit d’une volonté personnelle, d’un engagement individuel, capables de dicter leur propre loi. Ainsi, elle a été un principe fondateur de la théorie générale des contrats. Et ce principe a servi à justifier quatre autres principes propres au droit des contrats que sont : la liberté contractuelle, le consensualisme, la force obligatoire et l’effet relatif aux contrats mettant en présence deux parties au minimum.
Comme dans tout contrat (verbal ou écrit), cet engagement doit être respecté des parties concernées, au risque de rupture. Un exemple simple : celui d’une personne qui ne se présente pas à un rendez-vous fixé au préalable. En poussant plus loin, je dirais que la valeur du respect de la parole repose sur la faculté de l’esprit qui discerne le bien du mal. Il s’agit de la raison humaine en contraste avec l’instinct animal. Dès lors qu’une des parties ne respecte pas son engagement -ce qui constitue une mauvaise foi volontaire-, l’autre partie n’est plus liée à son engagement dont la raison était, justement, la réciprocité du contrat, de l’accord. Ici, il faut faire attention à la notion : toute règle a une exception. Une règle s’applique à tous, tandis qu’un accord se fait de manière tacite. En se présentant candidat, Andry Rajoelina ne déroge à aucune règle. C’est la suite d’une rupture qui est devenue une caractéristique de la personnalité même de Marc Ravalomanana.
C’est depuis ses débuts que l’actuel exilé en Afrique du Sud, a l’habitude de n’être qu’un petit magouilleur, un corrupteur de haut vol... Cela remonte en 1988, dans l’affaire « Lalasoa » (cliquez ici). Son ascension, il ne l’a du qu’à sa manière de cacher ses diableries (il n’y a pas d’autres mots) sous le couvert du verset 5 : 36 de l’évangile selon saint Marc : «Ne crains pas, crois seulement». Ce sont les paroles de Jésus (prière de lire la Bible). Ce verset, Marc Ravalomanana en a fait son cheval de bataille, son slogan pour parvenir à la mairie d’Antananarivo. Et les Malgaches n’y ont vu que du feu. L’appétit venant en mangeant, et se substituant à Jésus, il s’est porté candidat à la présidentielle de décembre 2001. En forçant son destin, il est devenu président de la république mais après avoir renié les accords de Dakar I et II (cliquez ici) et effectué une « pacification » mortelle du pays, avec son « Premier tour dia vita ».
La suite ? Chassez le naturel, il revient au galop. Je ne vous encombrerai pas l’esprit avec tout le mal qu’il a fait à Madagascar, en promettant un réfrigérateur et une auto Renault 4 à tous les foyers malgaches et en accaparant tous les secteurs économiques lucratifs du pays. Mais il faut retenir son accaparement de terrains domaniaux pour sa société Tiko devenu un empire, avec les deniers publics (cliquez ici). Quoi qu’il en soit, il a mis Jésus lui-même en colère, qui ne lui plus accordé que 7 ans de pouvoir (le chiffre fétiche de Ravalomanana). Le 17 mars 2009, il démissionne et s’enfuit du pays sans prévenir quiconque. Et c’est d’Afrique australe qu’il a continué son habitude de mentir en parlant de « coup d’état ».
Après des tas de manœuvres horribles financées par son argent mal acquis, l’ex-président démissionnaire fuyard annonce qu’il ne se portera pas candidat. C’était le 10 décembre 2012. Et, à son tour, Andry Rajoelina fait de même, le 15 janvier 2013, réitérant sa promesse du 12 mai 2010. Or, Ravalomanana a profité de la maladie de sa belle-mère pour renier sa parole, en poussant son épouse, Lalao à se présenter, malgré un accord dûment signé (cliquez ici). Trop, c’est trop. Face à un homme dépourvu de scrupules, il faut riposter en lui rendant la monnaie de sa pièce. Le respect de la parole donné émanant du droit canon, Andry Rajoelina a pris inspiration directement au Vatican, chez le Pape François.
Et, en réponse au verset 5 : 36 de saint Marc, il a annoncé, à Mahanoro, la base de sa décision à se porter candidat. Il s’agit du verset 2 : 24 de la Genèse. En voici trois traductions pour être plus explicite :
- « C'est pourquoi l'homme laissera son père et sa mère, et se joindra à sa femme, et ils seront une [même] chair » (Martin Bible, 1774)
- « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront une seule chair » (Darby Bible, 1859/1880)
- « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Louis Segond Bible, 1910).
En clair : Lalao Ravalomanana (60 ans, le 3 mai 2013) n’est que la substitution de Marc Ravalomana, son époux pour le pire et le meilleur, devant Dieu et les hommes. Il en a fait un cheval de Troie pour tenter de revenir au pouvoir. Lalao, sa chair, est devenue un "kilalao" (jouet) pour son intarissable soif de pouvoir(s).
Sur un autre plan, l’apparition de candidatures issues de ceux qu’il croyait être ses alliés, a permis à Andry Rajoelina d’être enfin réaliste, quant a ses soi-disant « amis indéfectibles » ayant pratiqué le : « quand le chat n’est pas là , les souris dansent ». Un grand coup de balai est également nécessaire si certains persistent…
Voilà donc où nous en sommes. Qui jettera la première pierre (en public et en ignorant ce qui a été écrit plus haut) à Andry Rajoelina ? Personne. Pour la Communauté internationale, c’est une affaire malgacho-malgache et il importe de respecter le calendrier électoral établi conjointement par la CENI-T et l’ONU. Quid des résolutions prises à l’issue de la rencontre organisée par le FFKM ? Peu de choses. Andry Rajoelina devant démissionner le 24 mai 2013, au plus tard, Mamy Rakotoarivelo et ses acolytes auront deux mois pour démontrer leur capacité de nuisance au nom de Marc Ravalomanana, l’homme par qui tous les scandales sont arrivés… En vain.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 5 mai 2013