]
Les quotidiens du 03 Jul 2024
[ Midi ]
[ Express ]
[ Moov ]
Home Vie politique Dossier Didier Ratsiraka : son dernier discours officiel de nouvel an de janvier 2002

Didier Ratsiraka : son dernier discours officiel de nouvel an de janvier 2002

Madagascar début 2002. De g. à dr. : Tantely Andrianarivo, Premier ministre ; Didier Ratsiraka, Président ; Pierrot Rajaonarivelo, Ministre des Affaires étrangÚres depuis novembre 2001

L’Histoire politique d’un pays demeure le dernier repĂšre des gĂ©nĂ©rations Ă  venir, le seul moyen de conserver une mĂ©moire collective concernant le passĂ© pour mieux apprĂ©hender le futur. Ayant remarquĂ© que Madagascar ne possĂšde pas assez d’archives de son Histoire, Ă©crite par des Malgaches, j’ai dĂ©cidĂ© de rĂ©diger un ouvrage sur les Ă©lections prĂ©sidentielles passĂ©es, de 1958 Ă  2006. Ce qui suit est un extrait de cet ouvrage pour vous donner une idĂ©e du travail de recherches s’étalant sur une bonne dizaine d’annĂ©es. Certes, actuellement, Didier Ratsiraka, impĂ©nitent, s’est alignĂ© pour un dernier baroud qui n’est pas du tout Ă  son honneur. AprĂšs deux exils en France. Qu’importe. Il s’agit d’Histoire et non pas d’une dĂ©marche pour l’avantager ou le dĂ©savantager. Seul l’isoloir parlera -s’il demeure candidat- mais Ă  77 ans, il ne reprĂ©sente pas du tout l’avenir des Malgaches en majoritĂ© jeunes. Mais il paraĂźt qu’on n’a jamais que les dirigeants qu’on mĂ©rite. Bonne lecture, en tout cas, en attendant la parution de cet ouvrage.

Jeannot Ramambazafy

*************************************************************

DISCOURS DE SON EXCELLENCE DIDIER RATSIRAKA

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE MADAGASCAR


Le 11 janvier 2002 Ă  Iavoloha

DIEU EST SOUVERAIN !

Monsieur le Doyen (Ndrl : c’était l’ambassadeur d’AlgĂ©rie Ă  l’époque), Excellences Mesdames et Messieurs,

Le dĂ©canat n’est pas nĂ©cessairement, loin s’en faut, une question d’ñge. C’est aussi, et c’est votre cas, une question d’anciennetĂ© dans la fonction ! Aussi, le privilĂšge de l’ñge, mais aussi celui de la fonction qui est la mienne, m’autorise peut-ĂȘtre aujourd’hui Ă  tirer quelques leçons du passĂ© rĂ©cent et, singuliĂšrement, de l’annĂ©e Ă©coulĂ©e Ă  Madagascar et dans le monde.

Au risque de me répéter, je dirai :

1- Tout d’abord : î Tempora ! î mores !

2- Homo Homini Lupus

3- On a toujours besoin d’un plus petit que soi

4- Nemo auditur Propriam Turpitudinem allegans

5- Et enfin, Timeo Danaos et Dona Ferentes

Mais, auparavant, je voudrais m’acquitter d’un agrĂ©able devoir, celui de vous remercier trĂšs sincĂšrement des vƓux qu.au nom de tout le corps diplomatique et consulaire, vous avez bien voulu m’adresser et, Ă  travers moi, Ă  tout le peuple Malgache. Les sentiments d’amitiĂ© et de fraternitĂ© que vous avez exprimĂ©s et la façon dont vous les avez formulĂ©s nous vont droit au cƓur et nous en sommes trĂšs touchĂ©s tous autant que nous sommes. Aussi, laissez-moi vous transmettre Ă  mon tour, au nom du peuple Malgache, de ses Institutions, de son Gouvernement et en mon nom personnel, Ă  vous-mĂȘmes, Madame et Messieurs les Ambassadeurs, aux souverains Chefs d’Etat et de Gouvernement, et aux Organisations internationales - dont certaines sont mes amies - que vous avez l’honneur de reprĂ©senter Ă  Madagascar, nos souhaits les plus ardents et les plus cordiaux, de bonheur, de santĂ©, de paix, de justice, de prospĂ©ritĂ© et de rĂ©ussite pour l’annĂ©e nouvelle, afin que le progrĂšs soit partagĂ© et profite Ă  tout le monde car le partage du monde a vĂ©cu pour faire place au monde du partage.

Monsieur le Doyen, Excellences Mesdames et Messieurs,

A l’occasion de cette cĂ©rĂ©monie traditionnelle dont la solennitĂ© le dispute Ă  la convivialitĂ©, souffrez donc que Madagascar vous dise comment il voit la situation du monde d’à prĂ©sent, sans complaisance mais aussi sans outrecuidance. Le dĂ©but de ce 21Ăšme siĂšcle ou de ce 3Ăšme millĂ©naire a fait naĂźtre beaucoup d’espoir. HĂ©las, mille fois hĂ©las, il n’en fut rien et tant s’en faut. Il ne faut pas se leurrer, ni se cacher, derriĂšre son doigt
 L’attentat odieux, il faut bien l’admettre, du 11 Septembre 2001, a changĂ© la face du monde avec toutes ses consĂ©quences incalculables car encore mal connues et mal cernĂ©es, occultant du mĂȘme coup les autres problĂšmes socio-politiques et Ă©conomiques majeurs et urgents de l’heure, mais qui, pourtant, nous interpellent tous : les inĂ©galitĂ©s, l’injustice, la faim, la maladie, l’exclusion, les conflits, la dĂ©gradation des mƓurs, celle de l’environnement etc. etc. Mais la vie continue et nous devons faire face, dans une coopĂ©ration mutuellement avantageuse entre partenaires Ă©gaux en droit et non pas dans une coopĂ©ration Ă  la mode du cheval et du cavalier et, en tout particulier, contre le terrorisme, la pauvretĂ© et l’injustice, l’instabilitĂ© et la maladie.

Monsieur le Doyen, votre pays a souffert plus que tout autre du terrorisme. L’AlgĂ©rie, nation frĂšre, fait partie des pays Non alignĂ©s, de l’OUA, de la ligue Arabe, du groupe des 77 qui sont aujourd’hui 134, autant vaut dire des pays non dĂ©veloppĂ©s et marginalisĂ©s, endettĂ©s, donc vous savez autant que personne ce que ces mots veulent dire et vous nous comprenez. Votre pays a Ă©tĂ© victime du terrorisme depuis plusieurs annĂ©es. Mais la communautĂ© internationale a Ă©tĂ© sourde Ă  tous vos appels. La France elle-mĂȘme a souffert du terrorisme mais presque dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Il a fallu que ce drame du 11 Septembre 2001 intervienne pour que le monde entier prenne conscience que ce danger nous menace tous. Madagascar rĂ©itĂšre donc ici sa position invariable depuis des annĂ©es. Le terrorisme aveugle est un crime que rien ne peut justifier. Qu’il s’agisse de terrorisme individuel, collectif, d’Etat ou religieux, nous condamnons ce type d’actes odieux qui tuent des victimes innocentes. Aujourd'hui, le monde est Ă©branlĂ©. Tous les hommes qui rĂ©flĂ©chissent, quelles que soient leurs origines, sentent qu.ils vivent une Ă©poque de troubles, de crises et de conflits larvĂ©s ou dĂ©clarĂ©s. Il va sans dire qu’à toutes les phases de l’histoire, on a pu avoir un sentiment analogue qui justifie amplement cet apophtegme de CICERON qui s’écriait dĂ©jĂ , il y a plus de 2000 ans «Î TEMPORA! Ô MORES!». Ce qui veut dire Ă  peu prĂšs : «Mais dans quel siĂšcle vivons-nous ?» ou celui de PLAUTE, plus prĂšs de trois cent ans avant JĂ©sus Christ, qui disait «HOMO HOMONI LUPUS», qu’on peut traduire librement : «l’homme est un loup pour les autres hommes» (il leur fait du mal). Mais au dĂ©but de ce nouveau millĂ©naire, il est patent que nous vivons une pĂ©riode particuliĂšrement critique avec toutes ces armes de destructions massives et ces dĂ©couvertes phĂ©nomĂ©nales scientifiques et technologiques dont les hommes disposent. Actuellement on parle «d'hyperterrorisme». C.est une arme nouvelle, inconcevable et inconnue jusque-lĂ  qui est apparue au World Trade Center d'une monstrueuse efficacitĂ© et qui pourrait comme toute nouvelle arme ĂȘtre rĂ©utilisĂ©e ailleurs, sous des formes diffĂ©rentes peut-ĂȘtre. Je touche du bois. Tous les pays, petits et grands, sont dĂ©sormais vulnĂ©rables.

Pour ce qui concerne Madagascar, pour notre lutte contre le terrorisme, outre les moyens habituels, dĂ©nonciation, condamnations, renseignements, nous avons imaginĂ© une contre-mesure simple mais efficace qui est la prĂ©vention. Nous rĂ©affirmons avec force qu’il faut Ă©viter de faire un amalgame simpliste entre Islam et terrorisme. Nous avons, par ailleurs, rĂ©uni et convaincu toutes les composantes Musulmanes et ChrĂ©tiennes de Madagascar Ă  s’engager solennellement et publiquement Ă  ne jamais recourir au terrorisme religieux Ă  Madagascar et Ă  toute vellĂ©itĂ© de terrorisme religieux dans notre pays. C.est notre modeste contribution Ă  la grande rĂ©sultante dans la lutte contre le flĂ©au de l’intolĂ©rance, de l’intĂ©grisme et du terrorisme aveugle. Mais s’agissant du terrorisme au Moyen-Orient, comme j’ai eu l’occasion de dire : «Nul ne peut seprĂ©valoir de sa propre turpitude». «SCHEMAA ISRAEL ADONAÏ ELOHENOU ADONAÏ EHAD». Je dis au peuple IsraĂ©lien «SHALOM AL GEHREN». Mais, souvenez-vous, c.est le Gouvernement IsraĂ©lien qui aurait (je mets au conditionnel uniquement par prudence) crĂ©Ă© le HAMAS pour affaiblir ARAFAT. Et c’est le GĂ©nĂ©ral ARIEL SHARON en personne qui a provoquĂ© les Palestiniens sur l’ESPLANADE de la MOSQUEE de JERUSALEM. Croyez-moi, j’ai plus d’amis IsraĂ©liens ou Juifs que de palestiniens. Mais soyons rĂ©alistes mes amis si l’on veut vraiment la paix. C’est le HAMAS qui revendique la plupart des attentats suicides en IsraĂ«l. Et, non contents d’exiger d’ARAFAT des actions irrĂ©alisables comme la liquidation de votre HAMAS, vos dirigeants humilient le PrĂ©sident ARAFAT (Prix Nobel de la Paix), seul interlocuteur valable, encore Ă  nos yeux, de l’Etat IsraĂ©lien. En humiliant le PrĂ©sident ARAFAT, le GĂ©nĂ©ral SHARON rend ipso facto les extrĂ©mistes arbitres et maĂźtres du jeu ! Si l’on veut que le processus de paix reprenne et aboutisse, selon nous, la crĂ©ation d’un Etat Palestinien indĂ©pendant et responsable dont les frontiĂšres seraient garanties par l'ONU (forces internationales) et, parallĂšlement, la sĂ©curisation de l’Etat d’IsraĂ«l par les Nations-Unies (forces internationales) vis-Ă -vis de ses voisins, constituent la meilleure garantie d'une paix juste, durable et viable, dans l’intĂ©rĂȘt de tout le Moyen-Orient, en particulier, et du monde, en gĂ©nĂ©ral. C’est l’avis objectif d’un pays pacifique (Madagascar) qui n’a pas d'intĂ©rĂȘts particuliers dans cette partie du monde. Ne le prenez pas donc pas en mauvaise part ! C’est notre avis. Monsieur le Doyen, Excellences Mesdames et Messieurs, Madagascar est un pays insulaire, fier de son passĂ©, de sa spĂ©cificitĂ© et de ses traditions (c’était dĂ©jĂ  un Etat indĂ©pendant avant la colonisation), - un des rares pays, avec le Vietnam et l’AlgĂ©rie, Ă  prendre les armes aprĂšs la 2Ăšme guerre mondiale, contre le colonialisme, pour se libĂ©rer ;

- travaillant ardemment et avec un certain succÚs dans le présent ;

- et confiant dans l’avenir grĂące Ă  sa jeunesse dynamique et laborieuse, grĂące Ă  la stabilitĂ©, Ă  la paix qui prĂ©vaut actuellement Ă  Madagascar, du moins jusqu’ici. Les rĂ©sultats que nous avons obtenus depuis bientĂŽt cinq ans justifient amplement nos peines, nos sueurs et nos sacrifices. La statistique est l’arme la plus efficace du mensonge, disait DISRAËLI. Il reste que les chiffres gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©s sur la scĂšne internationale sont lĂ . Madagascar est le seul pays africain Ă  dĂ©passer + 6,7% de croissance par rapport au PIB en 2001 et un des quatre ou cinq rares pays du monde Ă  atteindre + 6,7% de croissance, alors que le FMI et la banque mondiale ;

- L’inflation est maĂźtrisĂ©e, les rĂ©serves de change (devises) sont confortables : 19,91 semaines d’importation etc. - Chaque Fivondronana a son Ă©lectricitĂ© ;

- Chaque Firaisana a son dispensaire avec un mĂ©decin diplĂŽmĂ© d’Etat ;

- La paix et la stabilitĂ©, l’unitĂ© nationale, sauf provocation politicienne, sont une rĂ©alitĂ© ;

- Le taux de scolarisation est remonté de 65,3 % en 1996 à 75 % en 2001 ;

- On a créé presque 300.000 emplois en cinq ans ;

- Il n’y a pratiquement plus de famine à Madagascar ;

- Et nous n’avons pas de prisonniers politiques, la presse est libre ;

- vous le savez autant que personne, vous ĂȘtes les tĂ©moins privilĂ©giĂ©s ;

- elle est d’autant plus libre qu’elle est libre de jeter leur fiel sur le Chef de l’Etat, tous les jours ;

- Nous venons d’obtenir environ 20 millions de dollars de la Banque Mondiale pour lutter contre le SIDA ;

- Les trente millions de la 2Ăšme tranche du CAS II viennent d’ĂȘtre dĂ©bloquĂ©s fin dĂ©cembre 2001.

Bref, sans ĂȘtre excellente, la situation n.est pas si mauvaise que ça grĂące au labeur de nos paysans, au dynamisme de nos industries et, singuliĂšrement, les entreprises franches, mais aussi, Madame et Messieurs les Ambassadeurs, grĂące Ă  vos soutiens et au soutien de nos bailleurs de fonds que je remercie ici. Notre leitmotiv politique depuis des dĂ©cennies est de privilĂ©gier l’aide qui nous aide Ă  nous passer de l’aide. En 2002, au dĂ©but du jusant de ma vie, souffrez qu’en soliloquant, j’émette quelques souhaits : Il est dommage, pecato, que la stima, it’s a pity, KAK JAL, que les pays riches, au lieu de donner des milliards au Gouvernement de Madagascar pour que l’organisation des Ă©lections soit plus efficace et plus rapide, pour diminuer les anomalies, attribuent ces milliards Ă  des organisations d’observation des Ă©lections (c’est-Ă -dire d’observations des anomalies des Ă©lections). Il est vrai - et c’est peut-ĂȘtre notre faute, mea culpa, mea culpa, mea culpa - que nous n’avons demandĂ© d’aides Ă  personne au cours de toutes les Ă©lections qu’on a organisĂ©es depuis 1997 car nous pensons toujours Ă  l’adage «Timeo DANAOS et dona Ferentes», je crains les Grecs surtout quand ils me font un cadeau ou Ă  la chanson Ă  la mode actuelle : « Fais pas ci. Fais pas ça » de JORDY.

D’autre part, ai-je besoin de souligner que nous respectons la stricte sĂ©paration des pouvoirs Ă  Madagascar. VoilĂ  pourquoi, vous me rendrez cette justice ! J’ai gardĂ© le silence jusqu'ici. Je n’ai jamais jetĂ© d’huile sur le feu et ce n'est pas le cas de tout le monde. La confrontation des PV ne me semble ni souhaitable, ni lĂ©gal. C’est un avis tout Ă  fait personnel. Ce n’est pas l’avis du Chef de l’Etat, ce n’est pas l’avis du candidat, c’est l’avis du simple citoyen Didier RATSIRAKA. C'est contraire Ă  la loi Ă©lectorale, au code Ă©lectoral et mĂȘme Ă  la Constitution. Cette mĂȘme loi Ă©lectorale, ce mĂȘme code Ă©lectoral Ă©taient dĂ©jĂ  en vigueur lors des Ă©lections de maires en 1999 et, Ă  ce moment-lĂ , tout le monde les a acceptĂ©s, pourquoi les remettre en cause aujourd'hui ? On ne peut pas changer de loi Ă©lectorale, on ne peut pas changer de code Ă©lectoral au cours des consultations Ă©lectorales, au cours des Ă©lections. Et, qui peut, sans erreur -errare humanum est- garantir l’authenticitĂ© de ces PV, falsifiable Ă  merci ?

Les PV originaux sont dĂ©jĂ  entre les mains de la Haute Cour Constitutionnelle qui les dĂ©cortiquent, qui les analysent, en toute indĂ©pendance, en toute souverainetĂ©, en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. VoilĂ  pourquoi, Monsieur le Doyen, Excellences Mesdames et Messieurs, vous voyez que les chaises des reprĂ©sentants de la Haute Cour Constitutionnelle sont vides aujourd'hui parce qu’ils travaillent d’arrache-pied. Ils vivent en ville, ils sont souvent victimes d’appels anonymes et de menaces, de jets de cailloux. Ils ne sont pas l’otage du Gouvernement, ni de l’Etat. L’Etat protĂšge leur indĂ©pendance, leur intĂ©gritĂ©, morale, psychique et physique. Ensuite, rappelez-vous que lors des derniĂšres prĂ©sidentielles aux Etats-Unis, il a fallu aux amĂ©ricains plus d’un mois pour recompter les voix en Floride malgrĂ© leur avance technologique et leur «know how». Mais, en dĂ©finitive, seuls les neuf membres de la Cour SuprĂȘme des Etats-Unis ont dĂ©cidĂ© en dernier ressort et personne d’autre. Et c’est lĂ  -ce que j’ai dit tout Ă  l’heure en malgache- dans son contexte, j’admire le peuple amĂ©ricain : Ce prĂ©sident qui est lĂ , le prĂ©sident Georges Walter Bush est le PrĂ©sident de tous les AmĂ©ricains. Les AmĂ©ricains sont toujours unis dans la diversitĂ© et ils le sont encore plus dans l’adversitĂ©. C.est un exemple Ă  suivre. Combien de temps, combien de semaines, combien de mois nous faudrait-il, Ă  nous Malgaches avec nos moyens, pour comparer les PV des six candidats dans 16.510 bureaux de vote ? Il nous faut peut-ĂȘtre un minimum de 3 mois et, pendant ce temps-lĂ , qu’adviendra-t-il Ă  notre Ă©conomie ? Qu’adviendra-t-il des commandes des zones franches ? Qu’adviendra-t-il de l’avenir de nos enfants, de nos Ă©coliers, de nos Ă©lĂšves, de nos Ă©tudiants, de la stabilitĂ©, de la paix, du fihavanana malgache ? C'est une question qui se pose et je la pose.

Aussi, qui peut -j’ai dit : « errare humanum est »-, qui peut garantir l’authenticitĂ© d’un PV falsifiable Ă  merci, trucable Ă  satiĂ©tĂ©. Et si 2 ou 3 PV ne concordent pas, qui peut arbitrer quelle partie a raison et quelle partie a tort ? Dans le doute, abstiens-toi ! Enfin, last but not least, nous avons fondĂ© un Etat de droit Ă  Madagascar. Nos partenaires de la Banque mondiale et du FMI avaient l’habitude de nous dire: Pourquoi donc faire un budget si on ne le respecte pas ? Nous devons respecter ce budget, ne pas le dĂ©passer. Alors, par parallĂ©lisme des formes, nous avons votĂ© une Constitution, nous avons adoptĂ© une Constitution, nous avons votĂ© un code Ă©lectoral, une loi Ă©lectorale, nous avons des lois en vigueur Ă  Madagascar, en matiĂšre d’élections. Qui peut oser aller contre ces lois Ă  Madagascar, Pays indĂ©pendant et souverain ? Je fais moi personnellement de l'indĂ©pendance, de la souverainetĂ© nationale des malgaches, de la dignitĂ© et de la fiertĂ© nationale des malgaches, une prioritĂ©.

Ce n'est pas par orgueil ; c'est pour le peuple malgache que j’agis ainsi car c'est mon devoir. Pour terminer, tous les PV originaux sont entre les mains de la Haute Cour Constitutionnelle. C’est pourquoi je m’en remets, moi citoyen RATSIRAKA Ă  la sagesse de la Haute Cour Constitutionnelle, juge Ă©lectoral par excellence, seul habilitĂ© Ă  proclamer les rĂ©sultats officiels des Ă©lections, tout en demandant Ă  la Haute Cour Constitutionnelle d'accĂ©lĂ©rer, autant que faire se peut, la publication desdits rĂ©sultats. Et, je disais tout Ă  l’heure, on a toujours besoin d’un plus petit que soi. C’est une fable de la fontaine, la fable du lion et du rat, et il se termine par : «patience et longueur de temps sont plus que force ni que rage».

Ceci Ă©tant, Monsieur le Doyen, Excellences Mesdames et Messieurs,

En matiĂšre de dĂ©mocratie et d’Etat de droit, n’oublions pas, je vous prie, que ce sont des pays dits non dĂ©mocratiques comme la Chine, l’URSS, les pays africains comme l’AlgĂ©rie, Madagascar, la Tanzanie, la Zambie, le Nigeria, le Gabon, le Mozambique, la GuinĂ©e, l’Angola, la Namibie, le Congo-Brazaville, la GuinĂ©e-Bissau, la Tunisie, la Libye, le Maroc, l’Egypte, etc., qui ont combattu l’apartheid, tandis que les pays dits dĂ©mocratiques entretenaient des relations coupables avec l’Afrique du Sud raciste de l’apartheid. C’est ce que j’ai dit tout Ă  l’heure dans la Fable du Lion et du Rat : « on a toujours besoin d’un plus petit que soi ». Revenant aux Ă©lections, l'expĂ©rience de ces derniĂšres annĂ©es mĂȘme dans les pays dĂ©veloppĂ©s devrait nous amener Ă  plus de modestie et de modĂ©ration dans la critique des autres. Les fraudes Ă©lectorales ne sont pas l’apanage des pays africains seulement. Ce n'est pas par polĂ©mique, ne vous mĂ©prenez pas sur les sens de ce que je viens de dire. J’ai dit tout Ă  l’heure que c’est une cĂ©rĂ©monie officielle dont la solennitĂ© le dispute Ă  la convivialitĂ©. Nous sommes ici entre amis. Si on ne peut pas se dire la vĂ©ritĂ© entre amis, Ă  quoi ça sert de se rĂ©unir entre amis ? Plus concrĂštement, si vous permettez, je voudrais rappeler que : - quand j’ai perdu les Ă©lections prĂ©sidentielles de 1992, j’ai fĂ©licitĂ© de la façon la plus solennelle mon adversaire Ă©lu, le professeur ZAFY car j’ai demandĂ© au PrĂ©sident de la Haute Cour Constitutionnelle de l’époque - une Haute Cour Constitutionnelle dont six membres sur neuf Ă©taient nommĂ©s par mes adversaires ; seuls trois membres sur neuf nommĂ©s par moi - Je n’avais pas de doute ni de suspicion Ă  cette Haute Cour Constitutionnelle lĂ . Je lui ai fais confiance jusqu'au bout et j'ai demandĂ© au PrĂ©sident de cette Haute Cour Constitutionnelle-lĂ , le PrĂ©sident Norbert Lala Ratsirahonana, de lire mon message de fĂ©licitations au Pr ZAFY Albert, pour que nul ne l’ignore. Et, pendant mon exil volontaire parisien, pendant cinq ans, j’ai gardĂ© le silence. Je n’ai jamais donnĂ© d’interview Ă  aucun journaliste Ă©tranger, je n’ai jamais jetĂ© d’anathĂšme sur les dirigeants de mon pays, je n'ai jamais demandĂ© l’aide de l’étranger pour dĂ©stabiliser les dirigeants de mon pays car les linges sales se lavent en famille. Je sais que ces choses-lĂ  doivent ĂȘtre dites un jour et ça m’a soulagĂ© de vous le dire aujourd'hui.

Revenu aux affaires en 1997, j’ai respectĂ© mes adversaires malheureux. Au 2Ăšme tour, les rĂ©sultats officieux publiĂ©s par le MinistĂšre de l’IntĂ©rieur me donnaient plus de 53%. Puis, Ă  mesure que les rĂ©sultats parviennent des provinces, mon avance fondait comme neige au soleil. Mais j’ai attendu sagement, patiemment, les rĂ©sultats dĂ©finitifs proclamĂ©s par la Haute Cour Constitutionnelle de l’époque, qui a jugĂ© toutes les Ă©lections jusqu’en 1999. J’ai Ă©tĂ© finalement crĂ©ditĂ© de 50,71%, mais je ne me suis jamais permis de me proclamer PrĂ©sident avant la publication des rĂ©sultats officiels et je n’ai pas fait descendre les gens dans les rues. Je pense que c’est mon statut de responsable et de Chef d’état. Je ne me suis jamais permis de saccager des usines, ni de molester des travailleurs, des Ă©tudiants ou des Ă©lĂšves - «patience et longueur de temps font plus que force ni que rage» - et, surtout, je n’ai jamais appelĂ© les «grandes dĂ©mocraties» Ă  m’aider, je n’ai jamais appelĂ© les Eglises Ă  la rescousse. J’ai toujours eu, j'ai toujours confiance Ă  la sagesse, Ă  la sagacitĂ© du peuple malgache et je crois au Fihavanana malgache. Respectueux de l’Etat de droit et des lois de la RĂ©publique, mettant l’intĂ©rĂȘt national, la paix, la stabilitĂ©, la souverainetĂ©, la dignitĂ© et l’unitĂ© nationale au-dessus de mon ambition personnelle, je ne me suis jamais arrogĂ© le droit de compromettre la cohĂ©sion nationale et la libertĂ© de mes concitoyens. Tel j’ai Ă©tĂ©, tel je suis et tel je resterai.

Monsieur le Doyen, Excellences Mesdames et Messieurs,

En demandant Ă  Dieu de nous aider et de nous Ă©clairer dans toutes nos actions, en vous assurant de ma disponibilitĂ© permanente Ă  coopĂ©rer loyalement avec vous tous, je vous souhaite de tout cƓur une bonne et heureuse annĂ©e.

Recueillis par Jeannot RAMAMBAZAFY – Mis en ligne sur www.madagate.com le 11 juin 2013

Extraits de l’ouvrage intitulĂ© «Madagascar : L’Histoire des Ă©lections de 1958 Ă  2006 » qui paraĂźtra trĂšs bientĂŽt. Si Dieu le veut.

Mis Ă  jour ( Mardi, 11 Juin 2013 10:48 )  
BanniĂšre

Madagate Affiche

 

WMG-Inner Wheel Madagascar. Un partenariat efficace pour la promotion de la formation professionnelle des femmes

 

Christophe Deloire. Brusque décÚs du SG de RSF International, le 08 juin 2024

 

WMG Madagascar. Des serviettes pĂ©riodiques lavables pour les Ă©lĂšves du CEG d’Ambohidrabiby

 

HAJASOA - Raoeliarivelo Hajasoa Pauline, nodimandry ny 28 May 2024

 

GrĂące Marie-Jeanne Ramambazafy teraka Rasoarivony, renin'i Jeannot Ramambazafy. Toa marina fa ny tsara saina sy tsara fanahy no matetika lasa mialoha

 

Mialy R. RAJOELINA. Hommage pour la FĂȘte des MĂšres 2024

 

PentekĂŽsta 2024. FANAHY hoe ?

 

TSIMITOVIAMINIANDRIANDEHIBE GUY RAJAOFETRA (XHI). Fisaorana avy amin’ny vady aman-janany, zafikeliny ary ny fianakaviana iray manontolo

 

LALIE (1976-2024) : Mandria am-piadànana namako amin’ny tsikinao ‘zay


 

«La Passion du Christ». Concert de PĂąques des enfants de l’Orphelinat Saint Paul Antananarivo. Dimanche 14 Avril 2024 Ă  15 heures en la CathĂ©drale Anglicane Saint Laurent Ambohimanoro. ENTREE LIBRE QU'ON SE LE DISE!

CLIQUEZ ICI. MERCI Pour ce Concert de PĂąques, les enfants du Centre -des adolescents Ă  prĂ©sent!-, s’entraĂ...