Marie-Claire Girardin et Andry Rajoelina alors Maire élu de la ville d’Antananarivo,
le 29 janvier 2008 Ă Tsimbazaza
Avec le temps, si « tout s’en va » (Léo Ferré), la vérité, elle, sort peu à peu de son boisseau. Il est dommage que les médias locaux ne l’aient pas remarquée. Mais remarquez, ils font tous dans l’éphéméride. Le sensationnel du moment, tronquant lentement mais sûrement l’Histoire.
A Toliara, le Président de la Transition a fait une révélation qui bouleversera les « analyses comme quoi «la France est derrière Andry Rajoelina ». Cela se situe vers la fin de son discours (VIDEO ICI). Partie qu’il a prononcée en français et que je traduis ici. C’était lorsqu’il a du se réfugier à l’ambassade de France, la menace de mort sur personne étant réelle :
« La Chargée d’affaires (Ndlr : Marie-Claire Girardin, à ne pas confondre avec Benoît Girardin, alors Chargé d’Affaires de l’ambassade Suisse) m’avais dit qu’elle allait voir le président (Ndlr :Marc Ravalomanana). A son retour, elle m’a déclaré : « Monsieur le président, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer ». Je me suis dit alors qu’il s’agissait de la possibilité de revenir sur la place du 13 mai qui, auparavant, avait été nettoyée à coups de grenades. J’ai répondu : « Oui, je vous écoute ». Elle a alors annoncé que « le président a accepté… ». « Ah oui, qu’est-ce qu’il a accepté ? ». « Vous pouvez partir, vous pouvez partir en France et on vous ramène au pied de l’avion ». Voici ma réponse : « Madame la Chargée d’Affaires, je préfère mourir avec le peuple malgache ici, que d’aller en France. Et j’ai ajouté : vous savez, Madame, je suis un patriote, j’aime mon pays, je suis né ici, et c’est ici que je vais mourir ! ».
Après avoir entendu cela et écouté les discours de tous les autres candidats présidents de la république, ma conviction est faite : ils sont tous les sauveurs de la Nation malgache et tous les autres ne sont que des couillons. Cependant, ils ont tous une frousse bleue de leur mort dont ils ne parlent jamais, comme s’ils étaient éternels. Ils font plus attention à leur foie car de Foi, ils n’en n’ont pas. La Foi pouvant déplacer des montagnes, le temps jouera contre eux. Car au pays du moramora, ce qui est vrai en apparence, devient une stupidité impraticable comme faire du ski dans le désert de Gobi. La patience est une vertu que les imbéciles ignorent.
L’exemple type d’empressement au pays du moramora : retenir la date du 24 juillet 2013, pour le premier tour des élections. Eh ben non. Ce n’est pas faisable techniquement parlant. Béatrice Atallah a confirmé que les bulletins uniques ne seront pas prêts à temps. Aussi, qu’ils le veuillent ou non, les experts de l’Onu devront arrêter une autre date. Ce qui signifie qu’Andry Rajoelina reste encore président de la transition. Enfin, un rappel pour les gens de très mauvaise foi, à l’exemple des tirailleurs sénégalais de la Sadc. En effet, ils viennent d’annonce qu’il faut respecter la constitution. Quelle constitution ? Celle de la IIIème république de Ravalomanana est caduque et celle de la IVème république ne sera applicable qu’une fois un nouveau président sera élu. En passant, voici l’article 3 de la feuille de route, pour ces gars amnésiques :
3. Les principes et les valeurs de la SADC reposent sur le respect de l’intégrité territoriale et la souveraineté des Etats membres.
La SADC reconnaît et respecte la compétence, la légitimité et l’indépendance des systèmes judiciaires de ses Etats membres.
C’est cette feuille de route, signée par toutes les parties prenantes (sauf Didier Ratsiraka), qui régit cette Vème période de transition que traverse Madagascar. Que dit l’article 14 de cette feuille de route ?
14. Le Président de la Transition, le Premier Ministre de consensus et les Membres du Gouvernement sont tenus de démissionner de leurs fonctions 60 jours avant la date du scrutin, s’ils décident de se porter candidat aux élections législatives et présidentielles. Toutefois, afin de pallier à toute éventualité de vide juridique, une loi sera adoptée par le Parlement de la Transition pour définir les conditions de mise en œuvre y afférentes.
Andry Rajoelina est Président de la Transition et non Président de la République -comme stipulé dans toutes les constitutions-. Il faut alors une loi pour savoir qui assurera l’intérim à partir de sa démission (il est devenu candidat par la force des choses) jusqu’à l’élection du nouveau président dont la date n’est pas encore fixée après ce report pour des raisons devenues techniques. Enfin, de quelle autre crise la Communauté internationale a-t-elle peur ? La crise actuelle est due au fait qu’aucun dirigeant n’a été élu. Une fois le retour à la constitutionnalité effectué, l’état reprendra ses droits. Cela mettra plus de temps à Madagascar qu’ailleurs, car l’art de compliquer les choses les plus évidentes y est classé dans le domaine des us et coutumes. Au nom de la liberté d’expression.
Jeannot Ramambazafy – 18 juin 2013