Le Président Andry Rajoelina et le Commissaire Ramtane Lamamra
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REPONSE DE RAMTANE LAMAMRA LE 25 JUILLET 2013
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TRANSCRIPTION
Président de la Transition
LE PRESIDENT
A Monsieur Ramtane Lamamra
Commissaire à la Paix et à la Sécurité
de l’Union Africaine
Antananarivo, le 18 juillet 2013.
Monsieur le Commissaire,
Permettez-moi tout d’abord de vous renouveler mes sincères remerciements pour votre engagement personnel à accompagner Madagascar vers le retour à l’ordre constitutionnel et matérialisé récemment par votre déplacement à Madagascar.
Nous avons pris connaissance, avec la plus grande surprise, du contenu du document intitulé « aide-mémoire », articulant un plan en sept points pour sortir le processus électoral malgache de l’impasse, a reçu une très large diffusion dans la journée du 16 juillet 2013 et fut officiellement distribué à tous les participants à l’Assemblée générale élargie de la CENIT.
Quatre point, parmi les sept indiqués, peuvent être considérés comme des instructions ou des directives auxquelles les autorités malgaches doivent obtempérer si bien que la presse parle des « 7 commandements du GIC ».
Le point un impose au Président de la Transition de devoir légiférer par voie d’ordonnance, dans un laps de temps très court, pour modifier une loi organique adoptée par les représentants du peuple sur une matière aussi sensible qu’est le code électoral, et qui plus est, modifie radicalement l’esprit de ce texte fondamental au milieu du processus électoral.
Le point trois concerne tout particulièrement le président de la Transition qui doit retirer sa candidature unilatéralement et sans condition.
Les termes utilisés apparaissent comme des ordres qui doivent être exécutés.
Le point quatre se rapporte à la restructuration de la plus haute juridiction électorale du pays, au motif que la décision qu’elle a rendue en dernier ressort au nom du peuple malgache, ne traduirait pas son * impartialité et sa neutralité *. Je tiens à rappeler, cependant, qu’en signant avec les parties malgaches la Feuille de route pour une sortie de crise à Madagascar, la Communauté internationale s’est engagée à reconnaître l’intégrité territoriale et la souveraineté des Etats membres ainsi que la compétence, la légitimité et l’indépendance de leurs systèmes judiciaires.
Face à de telles instructions assimilables à des ordres stricts envers l’Etat malagasy et foulant aux pieds notre souveraineté nationale, je voudrais confirmer auprès de vous l’authenticité du document dont le ton et le contenu diffèrent sensiblement du langage habituel en matière diplomatique. Si ce document s’avère authentique, et au nom du peuple malgache, que j’ai l’insigne honneur de représenter, je tiens d’ores et déjà à vous faire part de ma profonde indignation par rapport au processus d’élaboration de cet aide-mémoire.
Malgré ma ferme volonté ainsi que mon engagement personnel à sortir définitivement Madagascar de cette crise qui s’enlise, ma position personnelle et celle des autorités malgaches s’en trouve plus que difficile vis-à -vis du peuple malgache. Obtempérer à ces directives sera considéré comme un abandon de la souveraineté du pays dont je suis le garant, en vertu de l’article 45.2 de la Constitution qui dispose que le Chef de l’Etat « veille à la sauvegarde et au respect de la souveraineté nationale tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ».
Vous comprendrez alors l’embarras dans lequel je me trouve avec la publication d’un tel document inacceptable dans l’opinion publique.
Dans un tel contexte, la prise d’une ordonnance sur les matières nécessitant une réforme me paraît inopportune. La saisine du Parlement, qui peut être convoqué en session extraordinaire, me paraît nécessaire.
Veuillez agréer, Monsieur le Commissaire, les assurances de mes considérations distinguées.
Andry Nirina Rajoelina
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EXTRAITS DE LA FEUILLE DE ROUTE DU 16 SEPTEMBRE 2011