Monsieur le futur ex-Grand argentier semble chercher des mots justes
Si l’on avait pensé au seul homme qui resterait aux côtés du Président de la Transition jusqu’au bout, c’est bien Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances et du Budget, l’homme qui détient tous les secrets du nerf de la guerre. En acceptant sa candidature, en remplacement de celle de Roger Christophe Laurent Kolo et Jules Étienne Rolland à la prochaine élection présidentielle, ce Grand argentier fait planer sur lui un grand « mystère »... Transcription de son interview en français, le 20 juin 2013.
« Ces sollicitations coïncident avec beaucoup de demandes qui m’ont été adressées, beaucoup d’interpellations, beaucoup de sollicitations de la part de jeunes, de la part de la population, de la part de travailleurs, de la part de producteurs et je crois que le moment est venu de répondre à ces sollicitations. Je réponds à tous ces gens-là que je me porte candidat à l’élection présidentielle prochaine ».
Question : Pourquoi vous, pourquoi le choix s’est porté sur vous ?
« Ah ben, écoutez : il faut leur demander ! Mais je pense que, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, ils me connaissent, ils connaissent mon cursus, mon expérience, et je pense que, quelque part, on partage une certaine vision de la façon de diriger un pays, de la façon de développer ce pays-là sur tous les plans. Je crois que c’est très important. Et pourquoi moi ? Parce que c’est moi qui suis prêt, je pense que c’est une question personnelle : je suis prêt et j’avance ».
« Il n’y a pas de sollicitation personnelle, me semble-t-il, mais là je me propose d’assembler tout le monde : les forces politiques de ce pays, les forces vives qui sont concernées pour redresser ce pays. Donc, tout le monde est appelé à se regrouper avec moi, derrière moi, main dans la main, et je pense que c’est comme çà qu’on va réussir ».
Question : Que pensez-vous de la situation actuelle qui semble encore bloquée, avec les trois candidats principaux qui ne vont pas déposer de dossier pour un remplaçant, qui commencent à montrer leur colère, qui vont manifester demain, qui risquent de bloquer le processus électoral ?
« Ben écoutez hein : tout le monde connait la situation. Je pense que je ne vais pas porter de jugement par rapport, d’abord, avec la décision qui a été prise par la CES ; je ne veux pas porter d’appréciation non plus par rapport à ce que souhaiteraient ou voudraient faire ces différentes entités. Moi je pense que c’est justement par rapport à tout çà que je me présente. Je me présente comme un candidat d’ouverture ; je me présente comme un candidat de rassemblement, je souhaiterai me mettre au-dessus de toutes ces mêlées-là pour rassembler tout le monde, pour que très rapidement les élections puissent se tenir, parce que c’est l’aspiration la plus profonde de l’ensemble de la population malgache ».
Question : Est-ce que vous avez consulté le président de la Transition avant de prendre cette initiative ?
« Eh ben écoutez : Je pense que la meilleure façon de le savoir c’est de lui demander. Moi je crois que le plus important, comme je l’ai dit, c’est que j’ai reçu beaucoup de sollicitations de la part de tout le monde. C’est çà qui m’a poussé, si je puis m’exprimer ainsi, pour accepter cette candidature ».
Question : Sous quelle étiquette allez-vous vous présenter ?
« Eh ben je crois que pour l’instant je suis indépendant. C’est comme çà que les choses se conçoivent aujourd’hui ».
Question : qu’en est-il de vos relations avec le Président de la Transition ?
« Sans problème ! ».
Question : Pourquoi ne pas faire partie de l’équipe TGV comme vous l’étiez auparavant, et pourquoi ne pas soutenir le candidat du TGV ?
« Eh ben je pense qu’il faudrait aussi leur poser la question. Moi je ne leur ai pas demandé de faire ceci, de faire cela. Je pense qu’ils sont assez indépendants, assez autonomes dans leur décision. Moi mon rôle, aujourd’hui, c’est de dire, de leur dire : je suis prêt et si vous êtes d’accord, je pourrais être aussi votre candidat ! Soutenez-moi ! ».
Question : vous tendez la main au TGV alors ?
« Mais je tends la main à tout le monde ! Au complet ! ».
Question : Lorsque vous serez élu Président de la république, quelles seront vos deux premières mesures pour rassurer les Malgaches ?
« Ben écoutez, dire aujourd’hui les deux premières mesures… je vais voir. Mais je pense qu’il faut d’abord rétablir l’autorité de l’Etat sans quoi on ne peut rien faire. Je pense m’atteler immédiatement à tout ce qui est social. Urgent, aujourd’hui, il y en a plusieurs. Je vais vous définir ces priorités un peu plus tard. Mais je pense qu’il faut rétablir cette autorité pour remettre en place beaucoup de choses y compris la paix, la sérénité des gens pour qu’on puisse avancer davantage ».
Ben c’est clair, à présent : en politique politicienne, les voies sont effectivement… mystérieuses.
Recueillis par Jeannot Ramambazafy – Photos : Harilala Randrianarison