Palais d’état d’Iavoloha, 16h 41mn. Après trois mois moins une semaine, le nom du premier Premier ministre de la IVème république de Madagascar est enfin connu. Il s’agit de Kolo Christophe Laurent Roger. Présenté par 93 entités (« vondron’olona », dixit le nouveau président) sorties d'on-ne-sait-où. Une nomination qui constitue une entorse flagrante à la Constitution, qui, dès lors, va entraîner une cascade de contestations comme jamais Madagascar n’aura connu. Car il s’agit d’un fait accompli inconstitutionnel (« tsy manara-dalà mpanorenena fotsiny izao ») à retardement. Je ne suis pas un oiseau de mauvais augure et je n’ai rien de particulier contre le docteur Kolo dont je ne doute pas des compétences, mais s’il a fallu attendre près de trois mois de cinéma rajaonarimampien pour en venir à un raccourci vers le diktat, la dictature, et bien attendons la suite, car la vie continue.
Certes, la HCC va se hâter pour confirmer cette nomination dont la démarche de « consultation et entretien d’embauche» n’existe nulle part dans la loi fondamentale. Certes encore, ce Premier ministre va travailler avec le nouveau président. Mais la volonté du peuple malgache dans tout çà  ?... En attendant, les catastrophes [sociales] en série prévisibles, je laisse le nouveau Premier ministre se présenter lui-même. Car il a vraiment tout intérêt à se faire connaître... Jeannot Ramambazafy
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Dr Kolo Roger : AUTOBIOGRAPHIE
Je suis né à Belo-sur-Tsiribihina. Fils d’un receveur des postes devenu sénateur maire de Morondava, originaire de la région du Menabe, et d’une femme volontaire, originaire de Tuléar, dévouée à sa famille tout en étant très active dans le social, je suis très tôt emprunt de ce désir d’aller toujours de l’avant et d’œuvrer pour le bien commun.
J’ai ensuite fréquenté les écoles primaires publiques à Maintirano et à Majunga, avant de poursuivre mon éducation primaire et secondaire à Antananarivo chez les Jésuites et à l’école normale. Tout en enseignant les mathématiques et la physique, je complète des études de médecine à l’Université d’Antananarivo. Cette éducation et cette formation m’ont ouvert de nombreuses perspectives ; je connais donc l’importance et la nécessité d’une éducation de qualité ouverte à toutes et à tous. En cela, je suis les principes transmis par mon oncle Laurent Botokeky, ancien ministre de l’éducation nationale.
Durant mes études de médecine, mon désir d’agir pour le bien commun me pousse à devenir secrétaire général de l’association des étudiants de médecine et membre fondateur du MMAP (« Mpianatra mpitolona avy any amin’ny provinces »/les étudiants engagés venant de provinces).
Mon plus grand bonheur dans ces années-là est néanmoins mon mariage avec Zakia Katoun, également originaire de Belo-sur-Tsiribihina. Nous avons trois magnifiques enfants qui font notre fierté.
Après avoir exercé comme médecin généraliste à Majunga, je m’envole pour l’Europe où je prends la fonction d’interne en chirurgie pendant deux ans en France avant de rejoindre la Suisse et Genève. Mon diplôme n’étant pas reconnu à cette époque en Suisse, je dois repasser mes examens à l’Université de médecine de Genève. J’obtiens mon diplôme en 1982 tout en travaillant dans des cabinets médicaux afin de subvenir aux besoins de ma famille. Je me spécialise en radiologie et exerce dans différents hôpitaux. En 1997, j’ouvre un premier centre de radiologie, puis en 2001, j’ouvre un des plus grand centre de radiologie et d’imagerie à Genève. Ces expériences ont renforcé ma ténacité et ma capacité d’adaptation. Dans un pays que je ne connaissais pas, j’ai dû me battre afin de poursuivre mes rêves. Courage et ténacité sont des valeurs que je cultive tous les jours.
Ma vie européenne ne m’a pas éloigné de Madagascar, ma terre, mes racines. Je suis resté très proche de mon île en y revenant régulièrement et en m’engageant dans des projets afin d’améliorer le quotidien des Malgaches: contribution au financement de produits de contrastes indispensables pour les analyses médicales à l’hôpital universitaire d’Antananarivo ; financement de la rénovation de la jeune Université de Morondava (Menabe). C’est ainsi que j’imagine l’engagement pour le bien commun : désintéressé, courageux et concret. C’est par des projets éducatifs, des projets qui combattent la pauvreté, des projets qui changent concrètement la vie des Malgaches, que nous pouvons faire avancer Madagascar.
Je crois en Madagascar. J’ai foi en mon pays pour constituer une île heureuse, avec ses vraies valeurs, l’amour, la solidarité («Fihavanana »), dans le respect de Dieu (« Ny fanahy no maha olona » - C'est l'esprit qui fait l'homme).
Dr Roger Kolo
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CURRICULUM VITAE