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Madagascar : Rivo Rakotovao sauvé par le gong présidentiel

Regards… toisés: Rivo Rakotovao, le suffisant soumis (voire) et Eric Wong, le démocrate soucieux du respect de la Constitution

Monsieur le citoyen-ministre d’Etat, Rivo Rakotovao et le triomphant directeur de cabinet, Henry Rabary-Njaka, doivent se faire tous petits dans leur coin en ce moment. En effet, d’une seule phrase (il a sommé son super ministre de retirer sa plainte contre les journalistes emprisonnés) le président élu par le peuple leur a fait comprendre que le pouvoir qui leur a été prêté a ses limites. En passant, Mister President : la défense de la démocratie commence par la liberté d'expression et la liberté de presse et le respect du droit à l'information vraie des citoyens. Ainsi, Mister President, QUID de la revue de presse matinale, inexistante depuis 15 jours à la télévision nationale ? Où est, alors, le droit à l'information des Malgaches des 22 régions de la Grande île ? Cette démarche a un nom : CENSURE.


Pour en revenir à ce retrait tardif de plainte -dicté donc par le président de la république-, au-dessus de l’orgueil mal placé et du triomphalisme inhérents aux bons à riens, mais se sentant munis d’un parapluie extra-terrestre, il y a un chef d’Etat qui, lui-même, a, au-dessus de lui, l’intérêt supérieur de la Nation. Tout de même ! Malheureusement, dans ce triste et minable emprisonnement de Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina, une réalité s’impose : les personnages au pouvoir à Madagascar (surtout ces nouveaux-là) ne font et ne feront que jouer les médecins après la mort par manque total d’une vision à long terme pour le redressement du pays. Ils parlent de développement alors qu’ils ne sont même pas capables de définir les priorités pour la majorité des Malgaches. Surtout au sortir d’une crise qui n’en finira donc jamais. Les cris de douleur du peuple malgache dont les journalistes sont les vrais et authentiques porte-parole ? Ce sont des gesticulations d'une « minorité agissante ». Merci. La parole du «commun des Malgaches» n'apporte pas les sous nécessaires à un PGE devenu utopique... Et ces dirigeants ne veulent que des informations qui les enchantent, eux et leur famille.


A quelques jours des invitations des présidents américain et français, pressé par la communauté internationale (« izany hoe tsy maintsy miandry baiko na fandrahonana avy ivelany foana » -faites-vous traduire, j’en ai marre de votre intérêt du bout des lèvres pour mon pays-), le président Rajaonarimampianina aura donc fait mine de rester dans sa tour d’ivoire jusqu’au dernier moment. Sans compter les bailleurs de fonds qui détestent qu’on ne fasse aucun cas du droit fondamental qu’est la liberté de presse et d’expression. C’est sa manière d’être au-dessus du commun des Malgaches. Mais Hery vaovao nous avait déjà fait le coup avec la nomination du premier ministre, si évidente, pourtant, dans l’article 54 du texte fondamental : près de trois mois pour ficeler une violation tordue mais efficace de la constitution pour placer des pions qui s’avèrent indomptables, au sein de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Au final, un Premier ministre qui ne fait que dérailler verbalement et qui l’a même accusé d’avoir laissé dépérir la compagnie aérienne nationale, Air Madagascar. En fait, il ignorait totalement que l’actuel président de la république était le président du conseil d’administration d’Air Mad (en anglais çà sonne bien). Mais c’est aussi un ami de longue date…


Dans cette histoire d’honneur offensé à travers une lettre de lecteur parue dans un journal, donc pas écrite par un journaliste mais publiée sans l’accord du premier responsable devant la loi (ouf !), si Mister president avait poursuivi sa politique de l’autruche, vis-à-vis des réalités vraies malgaches actuelles, adieu les sous des bailleurs, qui constituent la pierre angulaire de ses tonnes de promesses. Mais il a associé son geste à de l’apaisement. Mon ami physionomiste l’a bien visionné sur Tv Plus (à la maison, plus personne ne regarde la Tvm). En faisant ses déclarations, il avait tous les gestes de l’individu pas franc du collier du tout, cherchant des mots qui ne le persuadaient même pas lui-même. Je vous garantis que sans cette menace de la communauté internationale et très démocrate (merci RSF , merci Eric Wong, merci VOA, merci Le Monde, merci Jeune Afrique… çà fait beaucoup de pressions en effet), citoyen-ministre Rivo et grand directeur de cabinet Henry (appelez-le ainsi) auraient quadrillé les couloirs du palais de justice pour que la peine maximale soit donnée à nos deux confrères.

"Tsy mila olona matanjaka i Africa fa mila andrim-panjakana matanjaka"

Et malheureusement encore, au nom de l’amitié indéfectible style franc-maçonnerie, au lieu de prendre la perche à lui tendue pour remercier ces deux compères au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, il a préféré les garder encore pour les laisser travailler… Mais çà rime à quoi alors d’avoir déclaré urbi orbi : « tsy hananako havana ny fitondranan’ny raharahm-pirenena ho an’ny tombontsoan’ny malagasy 22 tapitra » ? (faites-vous traduire, etc.). Du vent. Et malheureusement, citoyen-ministre Rivo a ouvert une boîte de Pandore d’où vont s’échapper, lentement mais inexorablement, un chapelet interminable de contestations que le président va avoir beaucoup de mal à circonscrire avec son équipe de joueurs inexpérimentés et qui attendent des ordres qui ne viendront pas. A ce rythme, un demi-siècle ne suffira pas, mais l’ardoise des milliards de milliards de dettes -et leurs services- déjà engagées, elle, sera astronomique. La logique même aurait voulu que les deux compères soient « démissionnés » car la démission spontanée n’est pas encore entrée (ancrée pas du tout) dans les mœurs au sommet de l’Etat à Madagascar.


Je ne suis pas un devin mais l’Histoire, qui est déjà un éternel recommencement, dit-on, veut, qu’en persistant à ne pas changer une équipe qui perd, le premier président de la IVème république malgache aura un mal fou à contenir ce qui va arriver. Et c’est quoi ? Ben allez vite lire l’Histoire des années 1990-1991 à Madagascar. Car ce régime a tellement pris l’habitude de réagir en médecin après la mort qu’il ne verra même pas venir le tout petit grain de sable qui va stopper toute la machine administrative. Quand, comment ? Je l’ignore mais vu le comportement très malsain du président élu par le peuple, cela surviendra. En ce qui concerne les journalistes, que ceux par qui le scandale est arrivé, ne croient pas que cette affaire va en rester là. C’est bien de parler d’apaisement mais c’est difficile à croire de la part de personnages qui ne cessent de ne faire que des effets d’annonce, semblables à des Louis XIV (Roi Soleil) au rabais. En plus, il est dit que lorsqu’on tente de chasser le naturel, il revient au galop. 4 jours, 4 mois, 4 ans de prison, c’est la même chose car c’était le premier jour qui comptait le plus. Il aurait pu être évité avec un droit de réponse où un démenti mais l’orgueil a tout bousillé grâce à la puissance publique. Il a bousillé une tranche de vie de Jean Luc et Didier. Car l’univers carcéral ne laisse personne indemne. Le « mampalahelo » ne suffira jamais. C’est de l’hypocrisie.

Me Henry Rabary-Njaka, le défenseur trop zélé du président

En tout cas, cher Henry, qui, à présent, sert de leçon à qui ? Vous n’êtes pas plus crédibles qu’un chèque sans provision et je vais le démontrer en deux vidéo. VIDEO 1 ICI: On voit un citoyen-ministre super sûr de lui et seul, puis, soudain, VIDEO 2 ICI: on voit un Rivo arrivé à trois, le regard faussement soumis, pour parler d’excuses et de pardon mais en continuant à mentir. Soit, on veut bien pardonner mais on n’oubliera jamais, l’Histoire ne vous oubliera jamais. Non, ce n’est pas une menace, c’est une certitude. Car la vie continue effectivement et il n’est question ni de victoire (de qui, de quoi ?) ni de défaite (au fait qui a le visage le plus défait actuellement : nos deux confrères amaigris par un emprisonnement inutile ou deux commis de l’Etat qui ont compris qu’un seul mot suffit et ils ne seront plus rien, à force de dire et de faire n’importe quoi  croyant que le pouvoir était un jeu voire un jouet ?). En six mois, vous avez laissé trop de rancœur au sein de la population. A vous d’en assumer les conséquences.


Demain, 25 juillet 2014 (exactement six mois après la prestation d’un serment qui ne vaut pas un clou), sera un autre jour. Nous irons tous au tribunal et c’est là-bas qui commencera le début de la fin. De qui, de quoi ? Pour qui, par quoi ? Pas de nous, journalistes, en tout cas, car si les dirigeants ne feront jamais que passer, nous, nous resterons ce que l’on est : les vrais porte-parole des 22 millions de Malgaches dont vous aimez tant parler mais que vous traitez avec dédain, du haut de votre semblant de puissance. Au fait, cet article sera, peut-être, intégré dans un éventuel livre intitulé : « les facéties d’un simple citoyen qui se prenait pour un super ministre ». Pas mal comme titre. Non ? Attention, je n’ai cité aucun nom, hein ? Bah, si ce sont tous les membres de ce gouvernement bizarroïde me tombent sur le bras, c’est quoi 4 ans et six mois de prison (durée limite de leur présence au pouvoir) au regard de la vie d’une nation ?

Jeannot Ramambazafy – 24 juillet 2014

Mis à jour ( Lundi, 28 Juillet 2014 14:19 )  
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