Auriez-vous déjà oublié, Mister Président ? Moi pas, semble dire et rappeler du doigt, le Président Barack Obama, lors de la prise de la photo de famille du 6 août 2014 à Washington
Le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple (« Mamim-bahoaka ») et sa "spouse" à leur arrivée à la Maison-Blanche, le 5 août 2014, pour le dîner offert par le couple Obama aux dirigeants africains. Les sourires, ici, sont vraiment de circonstance, crispés...
Janvier – août 2014. En comptant en mois, cela fait en fait huit que le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple (« Mamim-bahoaka ») est au pouvoir. Le retour à l’ordre constitutionnel ne se discute plus. Mais…
Il est tout de même ahurissant que, lors du conseil des ministres s’étant tenu avant le départ du Filoha pour le U.S.-Africa Leaders Summit 2014, à Washington, aucun ambassadeur n’ait été nommé parmi toute la ribambelle de nominations aux autres hauts emplois de l’Etat malgache. A croire que les ambassadeurs, pour ce nouveau régime, sont, dorénavant, classés dans la catégorie « en voie de disparition avancée ».
Or, n’est-ce pas une nécessité de premier ordre si l’on se rappelle la déclaration du Président Hery Bien-Aimé-du-peuple sur « le concept de diplomatie économique », domaine dévolu donc à des ambassadeurs. En effet, ce sont eux qui, à l’extérieur du pays, sont censés défendre nos intérêts et ceux de nos ressortissants ; ce sont eux qui sont les plus aptes, sur le terrain, à développer les relations bilatérales et multilatérales à tous les niveaux.
C’est dire qu’il y a urgence, surtout à la suite des réactions des représentants de la communauté internationale qui ont fustiger plus d’un semestre d’inactions et de discrédit, dépassant le langage… diplomatique. En effet, il est plus que temps de redorer l’image de Madagascar et de restaurer, à travers le monde entier, sa crédibilité auprès des dirigeants politiques, des bailleurs de fonds autres que traditionnels, des décideurs économiques et sociaux. Ce, par un travail de haut niveau au quotidien et sur terrain, à proximité.
Et ce travail, qui est l’apanage des diplomates, fait terriblement défaut si l’on se réfère à la « Une » du journal Ma-Laza qui, récemment, titrait : « Six mois après, toujours pas de nomination d’ambassadeurs ». Ainsi donc, ce régime anocratique, selon une liste reprise sur madagate.com, continue inlassablement à nommer les copains et les coquins à l’intérieur du pays, sans se soucier d’actions extérieures qui pourraient permettre le retour rapide de l’aide publique au développement -malgré ses revers- et les investissements des partenaires du secteur privé.
Les "ambassadeurs" du président Hery Bien Aimé-du-peuple. Tous sont venus de la Grande île aux frais des contribuables malgaches. Où était le ministre d'Etat ? Photo publiée sur le site officiel de la Présidence de Madagascar
Dans la réalité, ce régime qui se vantait d’être une force « nouvelle », effectue à l’extérieur les mêmes dérives que celles qu’il effectue à l’intérieur. Avec, cependant, un record en la matière : sept voyages présidentiels en sept mois payés avec l’argent des pauvres contribuables malgaches. Une fois le « Pacha » pas là , la garde prétorienne se conduit en souris (quand le chat n’est pas là , les souris dansent, n’est-ce pas ?) et assume très maladroitement les affaires courantes, de la présidence au parti présidentiel Hvm. Trois copains de sapin se distribuent, tour à tour, sinon en parallèle, le rôle d’ambassadeurs-représentants du Président Hery Bien-Aimé-du-peuple, aux frais de la princesse : Solofo Rasoarahona qui sévit dans la pénombre, avec son CEDS ; Rivo Rakotovao, l’emprisonneur de journalistes, inutile à Washington et Henry Rabary-Njaka dont l’omnipotence et l’omniprésence -avec tous les flops que l’on connait- est... pesante à la longue. C’est le propre même de tout régime anocratique et il ne faut pas s’attendre à des résultats mirifiques…
Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina, libérés après 3 jours et 4 nuits passés à la prison d'Antanimora
La suffisance de cette bande organisée qui a fait main-basse sur la Présidence et sur Madagascar tout entier, constitue un crime contre cette nation, au vu et au su de leur compétence à gérer leurs seuls intérêts au détriment des 22 millions de Malgaches. Aussi, il n’est pas encore trop tard pour interpeller, ici, le Président Hery Bien-Aimé-du peuple : si vous possédez encore quelque autorité, comme vous l’avez fait dans cette triste et honteuse affaire des deux journalistes de Madagascar Matin emprisonnés ; si vous possédez vraiment un quelconque sens de l’Etat (ce que vous n’avez jamais démontré réellement malgré vos discours enflammés sur le sujet) ; vous serez profondément inspiré de nommer, sans plus aucun atermoiement, des ambassadeurs qui sont les porteurs de ce « Madagascar de l’Excellence » que vous avez fait miroiter au peuple, à la communauté internationale et aux promoteurs d’une diplomatie économique dont le pays a grand besoin ici et maintenant.
Les membres de l'ambassade malgache à Londres auprès de la Reine Adelaïde (1836-1837). Madagascar, avant la colonisation française, était bel et bien une nation souveraine reconnue par les grandes puissances de l'époque
Les véritables élites malgaches, formés tant au pays qu’à l’étranger ne manquent pas de personnalité au plus haut niveau. Émérites, ils ont tous des parcours brillants et sont capables de relever les défis majeurs et sont à la hauteur des enjeux, notamment celui de faire revenir les investisseurs et faire affluer les capitaux comme les aides au développement. C’est cela qui est ultra urgent et non plus des discours propagandistes et populistes sans aucun effet autre que le rejet populaire.
Il n'en revient toujours pas d'avoir été élu par le peuple (53,50%). Mais est-ce vraiment lui que le peuple a élu ou l'espérance de la continuité de la révolution orange de 2009 ? That is the question... Et voilà qu'il met le pays tout entier upside down, ayant commencé par la violation de l'article 54 de la Constitution
Monsieur le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple : auriez-vous déjà oublié que la nomination d’ambassadeurs, relève de votre pouvoir régalien et procède de votre entière discrétion ? Monsieur le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple : auriez-vous déjà oublié, que vous avez été élu par le peuple, contrairement à cette bande de rapaces autour de vous, qui sont en train de miner, petit à petit, votre peu de crédibilité et d’autorité qu’il vous reste ?
Monsieur le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple : auriez-vous oublié que ne pas avoir sa carte de membre du parti Hvm constitue véritablement la marque de l’indépendance nécessaire à l’exercice des fonctions de grands commis de l’Etat ? Monsieur le Président Hery Bien-Aimé-du-peuple : auriez-vous déjà oublié que ne pas acquitter, auprès de votre entourage avide et cupide, les sommes faramineuses payées par d’autres pour acheter leurs charges, relève d'une indispensable éthique sans laquelle il serait vain de parler d’Etat de droit ?
Lala Arisoa Razafitrimo, ministre des Affaires étrangères
La nomination d’une diplomate de carrière à la tête du ministère des Affaires étrangères, laissait entrevoir une véritable et rapide reprise en mains de la diplomatie malgache. Mais encore faut-il nommer les diplomates dont le pays a besoin, ainsi que ne manquent jamais de le faire pour Madagascar les pays amis et partenaires.
Robert T. Yamate, Ambassadeur des Etats-Unis à Madagascar, nouvellement nommé par le Président Barack Obama
L’exemple a été donné par le Président Barack Obama qui, le 4 août 2014, a nommé Robert T. Yamate comme Ambassadeur auprès de la république de Madagascar et de l’Union des Comores. Cela indique, sans aucun doute, une preuve indéniable du retour dans le concert des nations tant déclamé et réclamé. De toute façon, cela a été automatique à la suite des élections au suffrage universel de 2013. Cependant, il serait d’une importance capitale de procéder à la règle élémentaire de réciprocité, dans le plus bref des délais. Sinon, tout retard sera assimilé à un affront inconvenable voire inconcevable.
Hormis le plagiat, trop de promesses non tenues nuisent irrémédiablement
Il est aussi grand temps de voir les réalités en face et ne plus se voiler la face encore plus longtemps. Actuellement, les caisses de l’Etat malgache sont vides et les déclarations extraordinaires du style « la conférence des donateur sera organisée trois mois après mon investiture » ne sont plus que du domaine du vent. Tout simplement parce qu’en un semestre, le régime Rajaonarimampianina n’a pas du tout été capable de convaincre les partenaires de Madagascar, à cause d’une anocratie bien établie et qui semble perdurer. Toute chose ayant ses limites ici-bas, la balle est vraiment entre les mains du Président Hery Bien Aimé-du-peuple. Réussira-t-il à surmonter les démons de l’orgueil mal placé et mettre en avant, pour de bon, l’intérêt des 22 millions de Malgaches ?
Washington, 6 août 2014. Photo de famille avec le Président Obama. Le Président Hery Bien Aimé-du-peuple totalement effacé par les photographes, dans tous les sens du terme
Personnellement, et après tout ce temps perdu qui ne se rattrape guère, j’ai des doutes car je connais par cœur la mentalité des gens aux discours contradictoires. Mais, en tant que citoyen qui a voté pour lui, j’ai le devoir de l’interpeller une dernière fois. Monsieur le Président élu par le peuple malgache : réveillez-vous et présidez ! Nommez les ambassadeurs tant qu’il est encore temps. Et des ambassadeurs intègres, compétents et efficaces, issus du sérail, et non des apprentis sorciers sortis du copinage et de la dette morale. Sinon, comme Ponce Pilate, je m’en laverais les mains.
Jeannot Ramambazafy – 7 août 2014