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Air Madagascar ATR neufs. D’où viennent les sous, Me Henry Rabary-Njaka ?

Henry Rabary-Njaka, Président du Conseil d'administration d'Air Madagascar et Patrick de Castelbaljac, Président d'ATR

« Promesse de Hery Rajaonarimampianina: la restructuration et la modernisation d’Air Madagascar ». C’est ce qu’on peut lire sur le site présidentiel où Henry Rabary-Njaka se trouve sur toutes les photos, tel un vice-président de la république. Bravo !

Amis lecteurs : sachez qu'une formation en « Dry Lease», pour trois jours, coûte 3.000 dollars américains pour chaque participant qui recevra un certificat dénommé "Certificate of training on Aircraft Dry Lease", après un examen final

Mais lorsqu’on lit attentivement le texte narrant cet « exploit », on ne trouve nulle part comment ont été payés ces avions, ni la provenance de l’argent, même en « dry lease » (comprenez simplement location sans services). Par ailleurs, ces ATR 72-600 n’ont pas été construits pour des vols longue distance (long-courrier). En effet, toujours sur le site de la présidence, on peut lire : L’ATR 72-600 est un bi-moteur à hélices à turbo-propulsion nouvelle génération, capable de transporter jusqu’à 74 passagers, adapté aux exigences des pistes et des particularités de Madagascar pour des vols distants de 200 à 300 nautiques. Or, le mille marin international ou mille nautique équivaut à 1,852km. Faites le calcul : il faudra combien d’escales pour arriver à Paris, distant d’Antananarivo de 10.000 km (300 nautiques=555,6 km) ?


Lorsqu’on réfléchit à tête reposée, on s’aperçoit que ces appareils feront office du fameux « pont aérien » dont a parlé le même Henry Rabary-Nkaja, à propos de la prochaine haute saison touristique, plus précisément en ce qui concerne le festival des baleines de juillet 2015 à Sainte Marie. Pour confirmer mes assertions, on lit encore : un deuxième appareil du même modèle sera livré dans un mois pour mieux répondre aux besoins des dessertes nationales. ET APRES la haute saison touristique ? Sachant le coût d’un billet d’avion, peu de Malgaches auront la possibilité d’utiliser ces nouveaux appareils d’Air Madagascar.


Par ailleurs, les vols locaux -et même régionaux, sauf La Réunion- ne concernent en rien la liste B de l’Union européenne. Si à une époque -et actuellement, jusqu'à preuve du contraire-, plusieurs destinations locales ont été supprimées c’est parce qu’elles n’étaient pas rentables du tout pour la compagnie aérienne nationale. Il n’y aura pas de miracle, en regard de la pauvreté généralisée ambiante. Et encore une grave erreur d’appréciation de la part de ces apprentis sorciers, arrivés au pouvoir sans aucun cursus de gestion d’un Etat.

Personne n’est contre la restructuration et la modernisation d’Air Madagascar mais c’est la transparence de la gouvernance dans les transactions financières qui fait défaut. Qui dit société d’état dit deniers publics donc l’argent des contribuables malgaches qui paient le salaire de tous ces parvenus (nulle part encore). Non ?


Pour l’heure, le site présidentiel informe de ceci : L’arrivée de ce premier ATR 72-600 est prévue dimanche 22 mars en présence du Chef de l’Etat qui inaugurera le premier vol de l’appareil dans le ciel malgache en reliant Nosy Be à Antananarivo. Re-bravo ! Mais revenons donc sur l’aspect financier de cet exploit, de cette promesse présidentielle.

En janvier 2015, dans une interview accordée au quotidien L’Express de Madagascar, Patrick Iman, Représentant résident du Fonds monétaire international à Madagascar, a déclaré : « Il faut examiner le cas des entreprises étatiques comme la Jirama (l’EDF malgache, NDLR) ou Air Madagascar qui créent des hémorragies pour le trésor public ». Et il est écrit noir sur blanc : les conditions dans lesquelles le FMI apportera son soutien à la Grande Île et il n’est pas tendre avec le secteur étatique en particulier la compagnie nationale.


George Tsibouris

Ainsi, L’article IV des statuts du FMI stipule que le Fonds « exerce une ferme surveillance sur les politiques de change des États membres et adopte des principes spécifiques pour guider les États membres en ce qui concerne ces politiques ». Le même article précise que «chaque État membre fournit au Fonds les informations nécessaires à cette surveillance et, à la demande du Fonds, à des consultations avec ce dernier sur ces politiques». En pratique, cette surveillance comprend une mission annuelle. À Madagascar, aucune consultation n’a eu lieu depuis 2007. Ndrl : entre-temps, du 18 février au 04 mars 2015, une mission conduite par George Tsibouris est venue dans la Grande île. Mais même le crédit de facilité élargie (FEC) tant espéré n’a pas été débloqué. Il y a bien une raison à cela, surtout que les inondations ont fait des ravages terribles.


C’est aussi à ce moment -vraiment mal choisi- que le Directeur général du Trésor public, Orlando Robimanana, expert du FMI, a été viré par un malpropre car il avait refusé le déblocage de 40 milliards d’ariary sur simple ordre direct du ministre d’état Rivo Rakotovao. A Madagascar, plus vous respectez l’Etat de droit, plus vous devenez l’ennemi public n°1 de ce régime rajaonarimampianina/Hvm.


Patrick Iman

En tout cas, Patrick Iman, dans son interview pour L’Express de Madagascar n’y est pas allé de main morte dans les détails : « Dans nos recommandations, nous avons mis l'accent sur trois axes et le gouvernement est d'accord avec cela. Premièrement, il s'agit d'augmenter les recettes fiscales. Madagascar est l'un des pays d'Afrique où le taux de pression fiscale est parmi les plus bas. Le deuxième axe, c'est la gouvernance en général. Il y a la gouvernance des entreprises étatiques comme la Jirama ou Air Madagascar. Ensuite, il y a la gouvernance plus générale, le système judiciaire. Sans la réforme du système judiciaire, c'est un pilier important de l'économie et du pays qui ne peut pas fonctionner, et cela a un impact négatif sur le réseau économique. Troisièmement, c'est le climat des affaires. Dans le classement de la Banque mondiale, Madagascar se trouve au 163ème rang en 2015. Il y a eu régression et il y a un besoin criant d'améliorer le climat des affaires. La croissance va être portée par un secteur privé dynamique ».

Ce n’est pas les cachotteries à propos de la provenance de l’argent ayant servi à l’achat de ces avions à ATR Toulouse qui vont améliorer ce fameux climat des affaires. Non ? Car je rappelle et résume que personne ne connait les conditions d'achat ni les garanties en ce qui concerne ces nouveaux ATR d'Air Madagascar. Ce n'est... clair tout çà... Je rappelle que dans le même domaine, en décembre 2008, les bailleurs de fonds avaient suspendus leur appui. La preuve :


Ces dirigeants qui n’ont pas froid aux yeux oseront-il déclarer que l’argent pour payer ces ATR entre dans le domaine du secret d’Etat ? On n’en est plus à une ineptie près avec les dirigeants malgaches actuels. Non, vraiment. Et c’est regrettable de la part d’un expert-comptable habitué à aligner et balancer des chiffres… Mais sait-il, au moins, ce que le mot REDEVABILITE signifie ? En tout cas, nous saurons bien la vérité. Tôt ou tard.

Jeannot Ramambazafy – 20 mars 2015

Mis à jour ( Vendredi, 20 Mars 2015 13:51 )  
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