A gauche: Jean Ravelonarivo, Premier ministre; Hery Rajaonarimampianina, Président de la république: Rivo Rakotovao, Ministre d'Etat chargé des projets présidentiels et Président du parti présidentiel Hvm. Tous les trois sont membres du Rotary Club Antananarivo Ainga District 9220 N°52991. A droite: Jean-Eric Rakotoarisoa, Président de la Haute cour constitutionnelle, le factotum constitutionnel chargé de légaliser les desiderata du triumvirat HVM Rotarien au plus haut niveau de l'état malgache
Décidément, la dictature sournoise de Rajaonarimampianina et compagnie finira bien par se retourner contre eux. Et plus tôt que prévu. Ces personnages-là ne respectent plus rien. Tout simplement parce qu’ils croient pouvoir tout se permettre, au nom du suffrage universel et de la souveraineté nationale. Tant pis pour le peuple malgache ; au diable la constitution et les lois en vigueur facilement contournables ; et au diable Vauvert les suggestions des entités internationales.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), s’est réuni à Addis-Abeba pour sa 545ème réunion, le 21 septembre 2015. Le point 5 de sa décision sur la situation à Madagascar est le suivant:
5. Note également avec satisfaction la tenue, le 31 juillet 2015, des élections communales et municipales, qui seront suivies, l’année prochaine, par l’organisation des élections sénatoriales.
Il s’agit-là de la logique d’une entité qui en a vu d’autres sur le continent, en regard de la situation précaire que Madagascar traverse actuellement, dans pratiquement tous les domaines. Qu’à cela ne tienne ! Jean Eric Rakotoarisoa n’a pas été nommé puis « élu » président de la Haute cour constitutionnelle pour rien, hein ?
Ainsi, à propos de ces élections sénatoriales, par la décision n° 29-HCC/D3 du 26 septembre 2015 truffée de « considérants » plus que sidérants, la HCC-Rakotoarisoa a annoncé : Qu’il échet par conséquent de constater et prononcer le cas de force majeure ainsi que d’accéder à la demande d’organisation des élections sénatoriales durant la saison des pluies. Donc: Article premier. -Le cas de force majeure est constaté, permettant l’organisation des élections sénatoriales en dehors de la saison sèche. Ce n'est plus un cas de force majeure, c'est du forcing constitutionnel, point barre.
Par ailleurs, quid des élections communales à refaire? Car il y en un. Voilà ce qu'on appelle un total mépris pour ses compatriotes, au nom de Hery Vaovao. Et c'est l'illustration par exxcellence de l'anti-démocratie.
De son côté, c’est le plus sérieusement du monde que le Premier ministre Jean Ravelonarivo a déclaré que ces élections sénatoriales constituent « la priorité des priorités » pour le pays (« Ny Sénat no maha maika eto amin’ny firenena »). Et d’ajouter sans rire non plus : «Le Sénat est une urgence afin de mettre en place la stabilité politique». (« Ny Sénat no maika eto amin’ny firenena, hafahana mametraka izay stabilité politique izay »).
Le palais de verre à Anosy Antananarivo, siège du Sénat de Madagascar
Mais c’est quoi un Sénateur à Madagascar ? Quelle est son importance sur l’échiquier politique, selon la Constitution de la IVème république? Extraits.
Chapitre II. Du Sénat.
Article 80.
Les membres du Sénat portent le titre de « Sénateur de Madagascar ». Leur mandat est de cinq ans, sauf en ce qui concerne le Président du Sénat, en application de l'article 46 alinéa 2 de la présente Constitution.
Article 81.
Le Sénat représente les collectivités territoriales décentralisées et les organisations économiques et sociales. Il comprend, pour deux tiers, des membres élus en nombre égal pour chaque province, et pour un tiers, des membres nommés par le Président de la République, pour partie, sur présentation des groupements les plus représentatifs issus des forces économiques, sociales et culturelles et pour partie en raison de leur compétence particulière.
Article 83.
Le Sénat est consulté par le Gouvernement pour donner son avis sur les questions économiques, sociales et d'organisation des collectivités territoriales décentralisées.
Article 84.
Le Sénat se réunit de plein droit en deux sessions ordinaires par an. La durée de chaque session est fixée à soixante jours.
La première session commence le premier mardi de mai et la seconde, consacrée principalement à l'adoption de la loi de finances, le troisième mardi d'octobre.
Il peut être également réuni en session spéciale sur convocation du Gouvernement. Son ordre du jour est alors limitativement fixé par le décret de convocation pris en Conseil des ministres.
Lorsque l'Assemblée nationale ne siège pas, le Sénat ne peut discuter que des questions dont le Gouvernement l'a saisi pour avis, à l'exclusion de tout projet législatif.
Dans les traditions africaines, le tamarin est l'arbre à palabres par excellence pour les entités villageoises ayant une grande influence morale. A Madagascar, on parle de "kabary ambanin'ny kily" (discours sous le tamarinier).
Dans la réalité donc, le Sénat est un organe consultatif, une sorte de Conseil des Sages, plus moral et honirifique que politique. Et une voie de garage pour les vieux copains et coquins, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une élection au suffrage universel direct. Mes confrères de la "Gazette de la Grande île" ont même préféré appelé un chat un chat: « Le Sénat ne peut désigner le Premier ministre, ne peut faire obstruction à certaines initiatives comme le renversement du gouvernement ou la déchéance du chef de l’Etat par les députés. Même avec une large majorité de membres Hvm, le Sénat ne peut contrebalancer les pouvoirs de l’Assemblée nationale et ne peut s’opposer aux entreprises déstabilisatrices de celle-ci. Ce n’est pas le Sénat que le régime exhortera au pacte de responsabilité ou à agréer le mémorandum présidentiel… ».
Rivo Rakotovao, l'homme qui, dès qu'il a été au pouvoir, a fait emprisonner deux journalistes malgaches, tout simplement par orgueil mal placé et pour prouver que le maître à Madagascar c'est lui. Manque de bol, le président Rajaonarimampianina lui a intimé de retirer sa plainte. Pourtant, il est encore et toujours là . L'esprit de solidarité rotarien est vraiment efficace
De son côté Rivo Rakotovao, le super ministre d’Etat mais, surtout, président du parti présidentiel Hvm, suivant les fanfaronnades du Premier ministre, a déjà crié « victoire » : « Nous sommes très contents car nous avons obtenu la majorité [aux élections communales]. Le Hvm, maintenant, est le parti qui a le plus grand nombre d’élus à Madagascar ». Et alors ?
Quant à l'homme qui sait très bien faire danser ses mains commeun enfant de 4 ans (il s'agit ministre de l'Intérieur, Mahalafy Olivier), lisez la "Farce majeure" en cliquant ICI, après avoir visionné la vidéo ci-dessus.
Hery Rajaonarimampianina à l'ONU en 2014. Il n'y avait déjà pas beaucoup de monde. Ce 1er octobre 2015, tous les grands de ce monde seront déjà partis. Que va-t-il encore raconter en guise de fabuleuses excuses pour victimiser encore plus son propre pays qu'il a mis sens dessus dessous?
Alors ? Attendons-nous au pire avec une corruption infernale des lois qui amènera directement vers une autre « crise cyclique ». Arrivé à ce stade culminant du pouvoir absolu qui corrompt absolument, on se demande à quoi servent les élections à Madagascar. Et pourquoi le monde entier se demande-t-il encore le pourquoi de ces « crises cycliques » d’ailleurs ?
Enfin, vis-à -vis des bailleurs de fonds, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre avec. Nous entrons dans un grand dilemme cornélien. Si le Fmi et compagnie ne prête rien, c’est tout le peuple malgache qui sera sanctionné. Mais s’il prête, ces sous avec intérêts n’iront jamais vers la destination prévue. Alors, encore ? Attendons-nous le discours « fabuleux » (adjectif tiré du nom fable) du président Rajaonarimampianina à l’ONU dans quelques dizaines d'heures…
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 29 septembre 2015