Pour le régime Hvm/Rajaonarimampianina, les dégâts causés par le cyclone Enawo constituent une occasion rêvée pour éviter de parler du drame qui est survenu dans le district d’Antsakabary, le 22 février 2017. Il s’agit d’authentiques et réels crimes contre l’Humanité, perpétrés par 42 policiers des (Forces d’intervention de police) FIP de Mahajanga, qui méritent d’être jugés à la Cour pénale internationale (CPI).
Anandra Norbert, le ministre-fusible qui a sauté pour tenter un étouffement de cette affaire sans précédent après la colonisation de Madagascar
Les actuels tenants du pouvoir malgaches pensent, certainement, que le limogeage expresse du ministre de la Sécurité publique, Anandra Norbert, est suffisant pour classer cette affaire qui n’est pas mince ni une simple histoire de canard de Barbarie (« dokotra ») volé et de deux policiers morts lapidés. Cela va plus loin. Très loin.
Pour l’heure, il s’agit de constituer, d’établir un dossier solide avec des preuves irréfutables avant de le transmettre aux instances internationales qui s’occupent de ce genre de crimes imprescriptibles dans l’espace et dans le temps. En attendant, il existe un film documentaire réalisé sur place par le journaliste Fetra Rakotondrasoa, de la télévision Viva. Il a été diffusé le 10 mars 2017 dans la soirée sur cette chaine.
Les témoignages sont concordants et révélateurs: ce sont bien des policiers, certains cagoulés, qui ont commis des exactions indignes de l’uniforme qu’ils portent et inhumaines du point de vue du droit: racket; destruction de biens; incendie volontaire de plus de 400 habitations ayant entrainé la mort d’une femme de 70 ans calcinée; menaces armées; actes de torture; tentative de viol… Jusqu’à ce jour, aucun membre de cette expédition punitive (il n’y a pas d’autres termes) n’a été inquiété. Le corporatisme est un sport favori dans nos contrées.
Le pouvoir veut noyer le poisson en focalisant l’attention sur ses actions, après coup, en faveur des sinistrés du cyclone Enawo, jusqu’à faire deux poids deux mesures. En effet, le président Hery Rajaonarimampianina s’est rendu à Toamasina, Antalaha, Sambava et Maroantsetra, mais c’est cette seule localité qui a bénéficié de 10 millions ariary en plus de dons divers soit-disant, venant du couple présidentiel. Or, il s’agit de dons collectés auparavant chez des personnes de bonne volonté locales qui avaient voulu les distribuer elles-mêmes. Mais un ordre est tombé « d’en haut » comme quoi « seul le BNGRC est habilité à distribuer des dons » (ce qui n'est pas un scoop). En fait, c’est le président de la république lui-même qui l’a fait, s'accaparant ainsi de la mobilisation locale. Affreux, n’est-ce pas?
Son discours à Maroantsetra, le 10 mars 2017, est encore plus écœurant, à présent que vous avez une idée précise de ce qui s’est produit à Antsakabary, le 22 février 2017 donc: « Nous sommes de tout cœur avec vous. C’est dans ces moments difficiles que nous devons faire preuve d’entraide et de solidarité. Notre plus grand souhait est de vous voir revenir dans vos foyers respectifs le plus rapidement possible ». Mais, monsieur le président bien-aimé du peuple: à Antsakabary ce sont des centaines de Malgaches qui ont perdu tout ce qu’ils avaient amassé durant toute une vie, sans catastrophe naturel mais par des actes volontaires de policiers insensés!
Et quel est le mot d’ordre des autorités locales si jamais le président de la république venait à passer là -bas (on l’attend toujours)? Interdiction de parler de ce qui s’est passé le 22 février 2017!
Réserves de riz perdues à jamais
Mais dans quel état vivons-nous à Madagascar si les autorités escamotent la vérité? Pas un état de droit en tout cas. En tout cas, tout est consigné dans ce film documentaire. Je vais prendre sur moi le devoir de le traduire en français et en anglais, puis de tout transcrire après sa diffusion sur ma chaine youtube (ICI). Patience, je ne suis pas encore sorti d’une longue convalescence obligatoire. Mais il n’est pas dit que ces crimes commis resteront aussi impunis comme tant d’autres dans un passé très récent. Cela est et doit être interdit car tout crime mérite un châtiment comme toute peine mérite salaire, sinon c’est impunité et esclavage.
Jeannot Ramambazafy – 11 mars 2017