Hvm pour « Hery Vaovao ho an’ny Madagasikara » ou Force(s) nouvelle(s) pour Madagascar. C’était quoi au départ ?
Radio France internationale nous le rappelle, dans un article paru le 30 mai 2014, au lendemain de la présentation officielle de parti « présidentiel » au Carlton Anosy.Le HVM était d’abord une association créée juste avant le début de la campagne présidentielle. Hery Rajaonarimampianina avait été candidat in extremis et sans parti. Son association, sans base, n’avait pas présenté de députés aux législatives ». C’était donc clair, dès le départ: tout n’aura été qu’improvisation, basée sur un programme purement théorique que le futur président ignorera superbement en cours de route, pour espérer et attendre l’argent des bailleurs de fonds en se dédisant (du verbe dédire) à chacun de ses discours, en promettant la lune et en tirant des plans sur la comète. En cette année 2018, ce sera le « fisandratana » (émergence) pour 2030 donc. Devenu subitement encore «vina (vision) 2030», comme si le changement d’appellation allait changer quoi que ce soit pour aller du vide vers le néant. Aussi, ce n’est pas par pure « méchanceté » que le média «Africa Intelligence» avait écrit au lendemain de son élection que le nouveau président malgache Hery Rajaonarimampianina, élu le 20 décembre 2013 avec 53,49% des voix contre son rival Robinson Jean Louis, est une sorte d'ovni(Ndlr: objet volant non identifié) politique qui se retrouve à occuper ce poste un peu par hasard ».
« Ovni politique qui se retrouve à occuper ce poste un peu par hasard » ? Effectivement, le candidat n°3 a lui-même avoué, en novembre 2013, après le premier tour : Je suis un candidat indépendant ayant été proposé par deux candidats indépendants, en la personne de Dr Jules Etienne et Dr Kolo Roland, après la décision de la CES (Ndlr : Cour électorale spéciale qui avait rejeté la candidature des deux médecins). Indépendant peut-être, mais sans l’appui de la machine MAPAR (groupement politique «Miaraka amin’ny Prezidà Andry Rajoelina») du président de la Transition de l’époque, il n’aurait jamais été élu au second tour. Jamais ! Au fait, quel était son projet de société avec lequel il aura floué tout le monde ? Peuple malgache mais aussi bailleurs de fonds qui ont fini par prêter au compte-goutte alors même que Madagascar, au terme du mandat du filoha Hery, est devenu le 4ème pays le plus pauvre du monde. Cela en un an (de 2017 à 2018). Et il a le culot de répéter encore, à chaque discours, que la pauvreté est due à tous ses prédécesseurs réunis. Ce qui suit, Hery Rajaonarimampianina l’a « révélé » peu de temps avant le 20 décembre 2013, date du second tour de l’élection présidentielle.
« Mon projet de société est un Madagascar apaisé et stable pour un développement inclusif. Madagascar subit depuis quatre décennies les soubresauts de quatre crises politiques. Cette élection va permettre de rompre avec le cercle vicieux de la crise cyclique et commencer à bâtir un Etat fort érigé par le peuple et qui travaillera pour le peuple. L’histoire nous a enseigné qu’aucun développement ne peut être envisagé dans une situation de crise et dans un environnement anxiogène.
Ma priorité c’est de rétablir l’Etat de Droit, rendre effective la bonne gouvernance et instaurer la redevabilité des dirigeants. Pour ce faire, je prône l’indépendance de la justice et l’exemplarité des dirigeants. Je m’engage aussi devant le peuple pour un développement inclusif qui verra la participation de tous dans l’effort de construction et le partage équitable des fruits de la croissance.
Ainsi, il nous faudra travailler de concert avec les partenaires techniques et financiers, que je remercie en passant pour leur disponibilité et leur engagement à nos côtés. Madagascar sera l’un des plus grands chantiers de l’Afrique. A part les grands travaux, notre croissance sera basée sur le tourisme et l’agriculture avec comme cheville ouvrière le secteur privé.
Mais le pays a aussi besoin de stratégies innovantes, inspirées de celles qui ont marché dans les pays émergeants pour atteindre une croissance à deux chiffres et combattre la paupérisation chronique de la population. L’éducation sera au centre de notre projet de société car pour préparer le futur il nous faut éduquer nos enfants d’aujourd’hui.
Enfin, les investissements directs étrangers seront encouragés et l’Etat jouera le rôle de facilitateur et assurera la sécurité des biens et des personnes mais surtout celle des investissements ».
Tout cela c’était extrêmement plus facile à dire qu’à réaliser et, en réalité, il a fait exactement tout le contraire de ce qu’il avait si bien « révéler », ci-dessus, à l’époque. Et, en vérité surtout, il n’aura rien fait de tout ce qu’il avait annoncé, car s’étant appuyé sur un parti qui n’était qu’une coquille vide, vite remplie par les copains et les coquins les plus incompétents en matière de gouvernance.
Le parti Hvm, c’était quoi, c’était qui au fait ? Au départ, dans l’association -qui semble inscrite nulle part déjà , donc sans but précis- il n’y avait que lui, Hery candidat n°3, et une poignée de femmes et d’hommes très disparates qui n’ont eu aucun cursus politique de leur vie. Ils s’étaient embarqués, sans aucune conviction, dans une aventure dont ils n’avaient même pas soupçonné l’issue, c’est-à -dire la victoire. Il s’agissait de quelques fidèles amis et collaboratrices/collaborateurs utilisant la méthode Coué. Même pas une quinzaine d’individus dont Henry Rabary-Njaka, Hugues Ratsiferana, James Andrianalisoa, Jaobarison Randrianarivony, Rachidy Mohamed, Nicole Andrianaivoson, Herisoa Razanadrakoto. Le 29 mai 2014, jour de l’Ascension, l’association est devenue un parti politique présenté officiellement au Carlton Anosy, en présence de la seconde épouse du président de la république, Voahangy Randriamanana.
En voici les 13 membres originels: Rivo Rakotovao (Ministre d’État de l’Aménagement du territoire): Président national; Jaobarison Randrianarivony (Conseiller spécial du président): Vice-président; Rachidy Mohamed (Conseiller spécial du président): Vice-président; Tata Ambroise: Vice-président; Henry Rabary-Njaka (Directeur de Cabinet de la Présidence): Secrétaire général; Paul Rabary (Ministre de l’Éducation nationale): Secrétaire général adjoint; Razanadrakoto Herisoa (Conseillère spéciale du président): Trésorière; Jacques Ulrich Andriatiana (Ministre du Tourisme): Trésorier adjoint; Arsène Rakotoarisoa: Conseiller; Nicole Andrianaivoson (Conseillère spéciale du président): Conseillère; Hugues Ratsiferana (Conseiller spécial du président): Conseiller; Kolo Roger (Premier ministre): Conseiller; Anicet Andriamosarisoa (Ministre des Sports); conseiller).
Par la suite, hormis les « retourneurs » de veste, issus de partis déjà existant et les ministres forcés à y être affiliés, des dizaines de députés dits indépendants sont venus étoffer ce parti présidentiel moyennant finances. C’est de là qu’est née le terme « république des mallettes » prononcé pour la première fois à Madagascar par le journaliste Michel Ralibera, sur un plateau de télévision. A un moment donné, le président national, Rivo Rakotovao, parachuté au poste de président du Sénat de manière illégale et éhonté -mais acceptée les yeux fermés par la HCC-, a déclaré pompeusement que « le parti Hvm est devenu le parti le plus puissant de Madagascar ». C’est vrai, à coups d’enveloppes ou de menaces sur les fonctionnaires dans les régions déjà désinformées par des chaines audiovisuelles publiques qui repassent en boucles les maigres actions de ce parti usant et abusant -encore de nos jours-, de l’appareil étatique et de l’argent des contribuables. Or, rien qu’à la vue de ces cravates bleues, la majorité des Malgaches a la nausée.
Le 29 mai 2017, notre confrère Rajaofera Eugène de Midi Madagasikara avait prédit ceci: «D’après nos sources, le parti au pouvoir aura son premier bureau politique élu au plus tard début 2018, qui est d’ailleurs une année électorale, avec les présidentielles en décembre. A l’allure où vont les choses, la constitution de cette nouvelle équipe dirigeante ne pourrait pas tenir compte des nouvelles donnes politiques et gouvernementales qui s’installent». Il a même ajouté: «Le Hery Vaovao ho an’i Madagasikara» serait même confronté à une guerre intestine qui ne serait aplanie que par la consigne de celui ou de celle qui tient les commandes à Iavoloha».
Effectivement, il semble qu’il y a réellement de l’eau dans le gaz, au sein de ce parti de rien du tout (dans tous les sens du terme). A propos des «nouvelles donnes politiques et gouvernementales qui s’installent», un Premier ministre de consensus a été nommé avec un changement des membres du gouvernement, le 6 juin 2018. Un congrès national du parti Hvm aura lieu au mois d’août prochain. Au sujet de la «guerre intestine», une précision est à effectuer : depuis la création de ce parti qui n’a même jamais décollé réellement, et si l’on connaît bien tous les acteurs gravitant autour du filoha Hery, deux absences émergent, aussi visibles que le nez au milieu de votre figure. Celles de Solofo Rasoarahona et de Mbola Rajaonah. Le premier est un ami de plus qu’un quart de siècle du président malgache actuel ; le second, une connaissance d’affaires depuis la période de transition. A un moment, le premier, septuagénaire, avait reçu le titre non officiel d’ambassadeur itinérant, mais s’il s’est retiré du circuit Hvm (du cirque serait le terme exact), il y a bien une raison… Délégué Général pour l'Océan Indien du Centre d’Études Diplomatiques Stratégiques (CEDS), Solofo Rasoarahona n’a jamais été un politicien au sens dont on le comprend à Madagascar, c’est-à -dire personnage à la poursuite de 4X4 et de villa avec l’argent du peuple. Quant au second, dont le nom est systématiquement jeté en pâture dans des scandales économiques qui s’arrêtent en cours de route, il est conseiller spécial du président qu’il a donc connu durant la période de transition, et qui, une fois « filoham-pirenena voafidy », l’a appelé. Mais pour l’appuyer ou pour le servir? Évidemment qu’il y a une nuance! La question est de savoir si les conseils du trentenaire Mbola Rajaonah, dans la gestion des affaires de l’État, sont oui ou non décisifs.
Quoi qu’il en soit, cet état de fait contredit la rumeur qui veut qu’il y ait «deux écoles, deux ailes Hvm» au sommet de l’État malgache. Non, une ligne de démarcation -invisible de l’opinion publique- met, d’un côté, le parti et ses membres opportunistes profiteurs et, de l’autre côté, les amis apolitiques économistes non membres de ce parti en voie de disparition imminente, qui va tenter le tout pour le tout. Pour rien.
Jeannot Ramambazafy - Article également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 21 juillet 2014