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Madagascar et la dette odieuse. Pending pour question de vie ou de mort

Dette odieuse. Il en existe plusieurs définitions, selon le côté où l’on se situe... A mon sens, c’est la théorie développée par Alexander Sack, en 1927 (oui, déjà), qui est la base la plus simple et la plus proche des réalités qui prévalent toujours de nos jours. Ainsi, selon la doctrine juridique de la dette odieuse théorisée par Alexander Sack, une dette est « odieuse » lorsque deux conditions essentielles sont réunies:

1. l’absence de bénéfice pour la population :la dette a été contractée non dans l’intérêt du peuple et de l’État mais contre son intérêt et/ou dans l’intérêt personnel des dirigeants et des personnes proches du pouvoir ;

2. la complicité des prêteurs : les créanciers savaient (ou étaient en mesure de savoir) que les fonds prêtés ne profiteraient pas à la population.

Plus tard, tout le monde s’est accordé sur la définition de la dette odieuse utilisée par la Commission pour la Vérité sur la dette grecque (créée le 4 avril 2015, suivant une décision prise par la Présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou). Elle s’appuie à la fois sur la doctrine de Sack mais aussi sur les traités internationaux et les principes généraux du droit international. Ainsi, une dette odieuse est soit :

1. Une dette qui a été contractée en violation des principes démocratiques (ce qui comprend l’assentiment, la participation, la transparence et la responsabilité) et a été employée contre les plus hauts intérêts de la population de l’État débiteur alors que le créancier savait ou était en mesure de savoir ce qui précède, soit :

2. Une dette qui a pour conséquence de dénier les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population alors que le créancier savait ou était en mesure de savoir ce qui précède.

Auparavant, le 1er mai 2013, Léonce Ndikumanan (Professeur d’économie burundais, spécialiste du développement de l'économie africaine, de la macroéconomie, de la dette extérieure et de la fuite des capitaux) et James K. Boyce (économiste américain travaillant sur l’économie du développement et l’économie de l'environnement, avec un intérêt axé sur l'impact de l’inégalité de richesses et de pouvoir et les dynamiques de conflit) avaient fait publier leur ouvrage intitulé: « La dette odieuse de l’Afrique. Comment l’endettement et la fuite des capitaux ont saigné un continent ». C’est édifiant mais pas tellement à la portée de la compréhension du commun des mortels.

Après avoir effectué des recherches, pour faire comprendre au plus grand nombre ce qu’est exactement cette dette odieuse, je suis tombé (mais je ne me suis pas fait mal, pas de panique !) sur une vidéo dans laquelle le conférencier, sans être trop terre-à-terre, explique de manière limpide le pourquoi du comment de cette fameuse dette odieuse. Qu’importe qui il est, ni où et quand cette conférence a eu lieu. L’important est ce qu’il a dit. En tout cas, c’est bien un Français qui s’est exprimé. Voici des extraits édifiants de son intervention.


« (…) C’est très bien d’endetter une belle-sœur dans une petite ville; c’est très bien d’endetter une grosse entreprise dans une capitale; mais le top du top c’est d’endetter tout un pays d’un coup. Et là, il y a des spécialistes de ça: il y a le Fond monétaire international, il y a la Banque mondiale, il y a l’OMC (Ndlr : Organisation mondiale du commerce) qui ont des individus, des équipes particulières qui vont dans les pays pauvres, en général où l’on peut trouver des ressources qui sont utiles aux pays riches. Des ressources minières, des ressources géologiques, des ressources énergétiques, pétrole, etc. Et on dit aux dirigeants de ces pays : est-ce que vous savez que vous êtes assis sur des montagnes de profits ? Mais comment vous allez faire pour les tirer du sol, pour les extraire? Vous n’avez pas d’usines, vous n’avez de routes, vous n’avez pas d’ouvriers, vous n’avez pas de savoir-faire, vous n’avez rien. Et pourtant, Dieu sait que vous pouvez vous enrichir et enrichir votre population.

Ben non, on ne peut rien faire, on n’a rien… Écoutez : nous, on est le FMI, on est la Banque mondiale, on peut vous prêter des milliards de dollars. Et avec les milliards de dollars qu’on va vous prêter, vous allez pouvoir exploiter vos ressources et nous rembourser haut la main sans problème. Mais il y a une petite clause dans le contrat de prêt... Et, de tout façon, vous ne pouvez pas y couper : c’est que vous allez avoir besoin de routes; vous allez avoir besoin d’un port pour que les pétroliers puissent aborder; vous allez avoir besoin d’un pipe-line pour aller des puits de pétrole au port; vous allez avoir besoin de soldats pour protéger le pipe-line des terroristes. Donc, on amènera aussi quelques soldats et vous allez avoir besoin de beaucoup d’argent pour financer tout ça. Et à qui vous allez acheter tout çà ? Quelles sont vos entreprises ? Vous n’en avez pas. Ce n’est pas grave, nous on en a. En Occident on en a beaucoup, on en a plein qui fabriquent des usines, on a Areva qui a besoin d’uranium, on a Bouygues qui fabrique des autoroutes, des ports, tout ce que vous voulez, on va vous faire ça aux petits oignons, pas de problème. Et c’est comme ça que ça marche.


On vous prête 15 milliards, sous réserve que vous fassiez travailler nos entreprises, et de toute façon, vous ne pouvez pas faire autrement. Donc, regardez bien ce que ça fait au point de vue monétaire. Il y a 15 milliards qui sont créés ex nihilo (Ndrl : En partant de rien, du néant) par le FMI et la Banque mondiale. Le fonds monétaire international c’est un organisme qui récupère quelques dépôts de la plupart des pays de la planète, qui servent de garanties pour faire des crédits, des prêts aux pays sous-développés. Donc, il y a 15 milliards qui partent de la Banque mondiale et qui vont sur les comptes du pays sous-développé.

Et, aussitôt, ces 15 milliards qui sont dans le pays pauvre, ils retournent dans le pays riche pour aller payer des entreprises occidentales qui vont dans le pays pauvre faire du boulot, construire des trucs. Du point de vue du pays riche, quand vous allez vendre des produits et des services dans un pays pauvre à l’étranger, pour vous c’est quoi : des exportations ou des importations ? Ce sont des exportations, voilà. Je vais aller exporter une usine, je vais aller exporter du travail, des chars, des fusils, des outils, de l’outillage… Donc, ce qui est génial, c’est que les 15 milliards qui sont partis des pays occidentaux, qui sont allés dans les pays pauvres : il y a des services qui sont exportés par les pays occidentaux vers les pays pauvres. Et l’argent, qu’est-ce qu’il fait ? Il revient dans les pays riches, les 15 milliards, ils reviennent. Bon.


Et ces 15 milliards c’est comme si on avait une belle-sœur qui avait emprunté 15 milliards et qui nous les distribue puisque les ouvriers des entreprises des pays occidentaux, les actionnaires des pays occidentaux, ils vont avoir plus d’argent grâce à ces 15 milliards qui reviennent. Donc, ils vont les dépenser dans notre économie, cela nous fera des transactions nouvelles, des emplois nouveaux qui vont ruisseler dans notre économie. Mais ce n’est pas tout à fait comme si c’était des belles-sœurs qui les avaient empruntés parce qu’avec les belles-sœurs il aurait fallu qu’elles rendent les intérêts, et donc qu’elles reprennent leur argent et qu’elles en reprennent le double et nous, les nouveaux emprunteurs qui arrivent, nous devrons payer les intérêts des nouvelles belles-sœurs. Mais là, non ! C’est qui la belle-sœur qui paie les intérêts ? Ce sont les pauvres, ce sont les pays sous-développés !

Et donc, on a été leur construire des trucs qui vont nous permettre d’exploiter leurs richesses. On a eu de la monnaie en plus qu’on a créé nous-mêmes en la faisant passer par les pays pauvres, qui revient chez nous net d’intérêts. Et qui paie la dette, qui paie les intérêts ? Ce sont les pays pauvres. Et ils ont deux solutions : soit ils empruntent à nouveau le montant des intérêts pour pouvoir nous les rembourser, ce qui double leurs dettes. C’est pour ça que vous entendez les présidents des pays sous-développés qui disent : c’est pas possible, on a déjà payé 15 fois la dette, comment ça se fait qu’on paie encore ?


Mais c’est parce qu’ils ne peuvent pas la payer parce que, pour rembourser des dollars, il faut qu’ils les empruntent. Parce qu’il n’y a que nous, les Occidentaux, qui puissions créer des dollars pour les endetter. Et, donc, soit ils empruntent pour continuer à payer leurs intérêts, soit ils vendent leurs ressources pour presque rien (Ndlr : les fameux 1 à 2% seulement de leurs bénéfices, payés par les grandes entreprises minières, du temps de Marc Ravalomanana). Ce qui nous permet à nous d’avoir le niveau de vie qu’on a. Et d’avoir les ressources des pays sous-développés qu’on a bien choisi parce qu’ils étaient riches en ressources dont on a besoin et d’avoir le niveau de vie qu’on a, et d’avoir de l’essence pas chère… et c’est grâce à ça. Donc, il faut réfléchir à ça aussi. Il faut savoir que, si on a le niveau de vie qu’on a, c’est parce qu’il y a une prédation sur les ressources de la terre entière, qui nous profite (…) ».

En résumé, l’Afrique ne doit rien à l’Occident. C’est l’Occident qui doit tout à l’Afrique. La dette est une des chaînes avec lesquelles on impose aux pays africains des politiques désavantageuses pour leurs économies.

Madagascar est membre de la Banque mondiale depuis le 25 septembre 1963. Sept ans plus tard, en 1970, ses dettes envers ce principal bailleur de fonds « traditionnel » ont été de 11.485.000 USD pour passer à 1,686 milliard USD en 2019. No comment, mais voyez le montage graphique. Même avec des effacements de dettes à outrance, ces chiffres ne diminueront jamais. A moins d’un miracle… Si, sur le continent africain, aucun pays n’a réellement osé contester cette dette odieuse, le Mexique, lui, a prouvé qu’il est possible de répudier une dette.


« La dette comme instrument de subordination de l’Amérique latine »

Cette histoire méconnue mérite d’être mise en exergue révélée : celle de la lutte déterminée d’un pays dominé, face aux grandes puissances et à la finance internationale, pouvant mener à d’importants progrès sociaux.

Le Mexique est le seul pays ex-colonial qui, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, ait réussi par ses propres moyens à imposer de cuisantes défaites à ses créanciers. Le Mexique a répudié en 1861 une partie de la dette externe et interne qui lui était réclamée, et a obtenu une victoire en 1867 après avoir repoussé un important corps expéditionnaire français. À partir de 1914 et pour plus de trente ans, sous la pression d’une authentique révolution populaire, le Mexique, une nouvelle fois, a suspendu le paiement de sa dette. Pendant cette période, avec des hauts et des bas dans les mobilisations populaires, de profondes réformes économiques et sociales ont été mises en œuvre et, après la Seconde Guerre mondiale, l’économie mexicaine s’est renforcée. Cette histoire prouve également qu’aucune victoire n’est définitivement acquise, a fortiori si ceux qui gouvernent la remettent en cause.


Pour le moment, à Madagascar, ce sont ces pseudo-opposants (dénommés HVMTIM et dérivés), n’ayant que les insultes, les mensonges et la corruption de tout (corruption des lois, de l’esprit populaires, des faits…) comme arguments, qui veulent tout remettre en cause et perpétuent ainsi la spirale de cette dette odieuse, en tentant de retarder le développement du pays. Mais l’Histoire n’oubliera jamais que Marc Ravalomanana est le héraut (et non héros), porte-parole de ces bailleurs de fonds qui nous font bailler aux corneilles avec leur bagout (Grande facilité de parole, loquacité destinée à convaincre ou à tromper). A chaque fois qu’il est contrarié, le président déchu non réélu prend systématiquement à témoin la « communauté internationale » qui, elle, ne prend même plus la peine de l’écouter. Et, dans moins d’un mois, Mister Madagascar action Plan (MAP) sera devenu un vieux radoteur de 71 piges.


Du côté des tenants du pouvoir, la pandémie du coronavirus a fait augmenter nos dettes envers les institutions de Bretton Woods. Tout est pending (en attente), question de vie ou de mort. Ce n’est pas cet aspect que certains membres de la société civile abordent. Non, eux ils agissent comme s’ils étaient des partis politiques, voulant des comptes pourtant disponibles sur Internet s’ils prenaient la peine de faire des recherches. Mais non, juges et parties, ils se conduisent en créatures… odieuses. Mais la vie continue et continuera avec ou sans eux qui maudissent leurs propres descendants. Tout simplement parce qu’ils croient être des immortels au Savoir profondément irréprochable. Ne savent-ils toujours pas encore que tout est vanité et qu’il n’y aura rien de nouveau sous le soleil de satan ?

Dossier de Jeannot Ramambazafy

Mis Ă  jour ( Lundi, 30 Novembre 2020 05:13 )  
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