Durant la crise de 2002 à Madagascar, où étaient Hanitra Razafimanantsoa et Fidèle Razara Pierre jamais en manque de mensonges, de diffamation publique et de propagation de fausses nouvelles ? Encore des étudiants, au plus, vivant aux crochets de leurs parents, sans doute. Ils ignorent donc ce qui s’est passé en 2002 et, surtout, ce qu’a été le «Hazalambo» (littéralement : chasse aux sangliers) lancé par Marc Ravalomanana, l’éternel mauvais perdant devant l’Eternel. Voici des exemples de l’histoire abominable de cette chasse aux sorcières, tirés d’un rapport d’Amnesty International de décembre 2002.
Le 9 avril 2002, l’ancien policier et rugbyman de renom Gaby Rolland Rajaonarivelo alias Rolland Ravolomaso (nom de son père), Yves Ralison et Philippe Rakotomavo (Ralipo Be) ont été arrêtés par les gardes du corps de Jacques Sylla, nommé Premier Ministre par Marc Ravalomanana, à la terrasse de l’hôtel Colbert, à Antaninarenina. Il y aurait eu un mandat d’arrêt contre eux reposant sur des allégations qu’ils fomentaient l’assassinat de Jacques Sylla. Les trois hommes ont été emmenés dans les bureaux de Marc Ravalomanana au Palais d’Ambohitsorohitra, à proximité, par les gardes du corps. Le jour suivant, Gaby Rolland Rajaonarivelo a été retrouvé mort à la DGIDIE (Direction générale des investigations et de la documentation intérieure et extérieure, la «police politique»), avec des blessures à la tête, au ventre et aux pieds. Les deux autres ont été amenés à l’hôpital. Gaby Rolland Rajaonarivelo a été enterré sans autopsie, malgré les blessures visibles sur sa tête et son ventre. Une enquête, ordonnée par le Procureur du Tribunal d’Antananarivo, a rendu compte de la version des forces de l’ordre, selon laquelle Gaby Rolland Rajaonarivelo a dû être maitrisé par les forces de sécurité après avoir essayé de s’échapper. Amnesty International était alors préoccupée par le fait que l’enquête ait été menée par la police, sans aucune garantie d’indépendance et d’impartialité, par le fait qu’aucun membre des forces de sécurité n’a été suspendu durant le temps de l’enquête et parce qu’aucun témoin, à part les forces de sécurité, ne semble avoir été interrogé. Selon les rapports, l’enquête est toujours ouverte.
Des rapports font état de dizaines de personnes torturées ou maltraitées lors de leur arrestation par les soldats «réservistes» ou «pacificateurs», dénommés «zanadambo», de Marc Ravalomanana dans les provinces de Mahajanga, Antsiranana, Toliara et Tomasina, entre les mois de juin et d’août 2002. D’autres personnes ont apparemment été torturées lors de leur transfert vers des centres de détention à Antananarivo. Les actes de torture et de mauvais traitements comprennent des coups de poignard, des coups de crosse sur le visage et le corps, des coups de pied et des humiliations verbales et physiques. Un rapport fait état d’une personne qui aurait été forcée de boire son urine. Il y a aussi plusieurs rapports qui font état de vols d’affaires personnelles et de maisons pillées et brûlées par les soldats «pacificateurs».
Venance Raharimanana, un chercheur et éducateur âgé de 63 ans, a été arrêté à Mahajanga le 14 juin par des « réservistes » alors qu’il rentrait chez lui. Il a été forcé de sortir de sa voiture et il a été attaché avec une corde de la tête aux pieds. Il a ensuite été emmené à l’aéroport local et transféré à Antananarivo par avion. A son arrivée à Ivato, l’aéroport d’Antananarivo, il a été forcé de monter dans un véhicule rempli de soldats, qui l’ont alors frappé de coups de crosse et de coups de pied tout en l’insultant. Ils ont introduit une arme à feu dans sa bouche en la tournant jusqu'à ce que les dents de M. Raharimanana tombent. Ce dernier a ensuite été détenu au secret. Ce n’est que le lendemain que sa famille a réussi à le localiser, malgré ses tentatives répétées pour le retrouver. Il était dans un cachot de la «gendarmerie de Fiadanana», couvert de sang et ne pouvait plus ouvrir la bouche. Le 17 juin, sa maison à Mahajanga a été pillée et brûlée, apparemment par des réservistes; les maisons de ses deux filles ont aussi été pillées. Malgré diverses tentatives, les autorités n’ont pas accepté d’enregistrer sa plainte pour torture.
Quatre employés de la SIRAMA, société sucrière d’Etat, ont été arrêtés le 27 juin à Nosy-Be par une vingtaine de soldats, apparemment après avoir été accusés d’avoir fourni une aide logistique à l’administration locale, fidèle à l’ex-Président Ratsiraka, pendant la période de crise politique. Lors de leur arrestation, les soldats les ont battus, maltraités et ont volé leurs affaires personnelles. Ils ont été détenus dans une cellule du commissariat de Nosy-Be jusqu’au 1er juillet, puis transférés par avion jusqu'à la capitale Antananarivo. Pendant le transfert en avion ils ont encore été roués de coups. Ils ont été placés en détention à la Brigade Spéciale de Betongolo à Antananarivo, le 13 juillet, où ils ont été interrogés, puis ont été inculpés par le Tribunal d’Antananarivo le 17 juillet. Immédiatement après, ils ont été placés en détention préventive à la Maison de Force de Tsiafahy.
Après la reprise des provinces par l’armée de Marc Ravalomanana, des dizaines de personnes ont été arrêtées sans mandat d’arrêt, sans qu’il y ait eu d’enquête préalable, et par des soldats qui n’ont reçu aucune formation quant aux procédures d’arrestation. Les cas de Venance Raharimanana et des quatre employés de la SIRAMA sont représentatifs de ce qui s’est passé lors d’autres arrestations. Il y a des rapports qui font état du rôle du KMMR dans les arrestations à Mahajanga. Selon ces rapports, des membres du KMMR auraient eux-mêmes désigné à l’armée un certain nombre de personnes à arrêter. Il semble que ces personnes aient été arrêtées arbitrairement, sans enquête préalable ou simplement pour régler des comptes personnels.
En vertu de la loi en vigueur à Madagascar, les agents de la police judiciaire ont le droit d’arrêter des personnes en relation avec les investigations qu’ils effectuent. Les agents de la force publique, de la gendarmerie et des forces de police et de sécurité peuvent arrêter des personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes ou délits mais doivent les emmener dans les plus brefs délais devant l’officier de police judiciaire.
Les officiers de la police judiciaire ne peuvent garder une personne que 48 heures, période légale de la garde-à -vue. Les personnes en garde-à -vue peuvent bénéficier d’un examen médical à la demande de l’officier de la police judiciaire chargé de l’enquête. Amnesty International a déploré que les normes légales malgaches concernant les procédures d’arrestation n’aient pas été respectées.
Nombre de personnes détenues après la crise n’ont pas eu accès à une assistance ou des soins médicaux adéquats, y compris les personnes blessées après avoir été torturées ou maltraitées. Les conditions de détention, l’absence de normes adéquates en matière d’hygiène et de nourriture et le surpeuplement des prisons sont autant d’obstacles à une assistance médicale appropriée pour les détenus. C’est une situation qui requiert des mesures d’urgence.
Portail de Tsiafahy de nos jours
Amnesty International était au courant de la mort en détention d’au moins une personne arrêtée suite à la crise politique. La mort est probablement due aux conditions de détention. Bernardin Tsano, un employé de la SIRAMA à Nosy-Be, a été arrêté avec d’autres personnes à la fin du mois de juin. Il a été transféré à Tsiafahy le 17 juillet. Il est mort le 22 juillet des suites d’une crise d’asthme, provoquée par la poussière, l’humidité mais surtout le surpeuplement de la cellule dans laquelle il était enfermé. Son corps a été rendu à sa famille. Il n’y a eu aucune enquête à la suite de sa mort, ni aucune mesure de la part des autorités pour limiter le surpeuplement ou améliorer les conditions d’hygiène à Tsiafahy.
Selon les autorités pénitentiaires, un médecin vient examiner les détenus de Tsiafahy deux fois par semaine et conseille leur hospitalisation si besoin est. La décision d’hospitaliser un détenu est prise par le gardien-chef de la prison. En cas d’urgence médicale, le gardien-chef appelle l’administration pénitentiaire centrale à Antananarivo qui envoie alors un docteur. A cause de l’isolement de Tsiafahy par rapport à la capitale, un docteur peut mettre une demi-heure à une heure pour se rendre à la prison. Il n’y a pas d’équipement médical ou de médicaments ni d’infirmerie pour séparer les malades du reste des détenus à Tsiafahy. Un détenu a même affirmé que la seule personne capable de lui donner conseil était un autre détenu médecin de profession.
Venance Raharimanana, mentionné auparavant, a été transféré à l’hôpital après avoir été retrouvé par sa famille. Il a reçu un diagnostic indiquant un traumatisme crânien avec des risques de perte de conscience. Malgré son état de santé il a été déféré au Parquet d’Antananarivo qui l’a inculpé de «diffusion de fausses nouvelles» et de «provocation aux crimes et délits», et l’a placé sous mandat de dépôt à Antanimora, la prison centrale d’Antananarivo. Il a été détenu là , malgré les préoccupations du médecin de la prison quant à son état de santé. Le médecin de la prison et un avocat ont écrit au Tribunal d’Antananarivo pour demander l’hospitalisation de Venance Raharimanana, étant donné le manque d’équipement médical adéquat à la prison.
Il n’y a eu aucune réponse à ces requêtes. Les représentants d’Amnesty International ont appris par le gardien-chef d’Antanimora que l’autorisation de transférer les détenus à l’hôpital doit émaner du Tribunal, pour des raisons de sécurité. Le Procureur du Tribunal de Première Instance d’Antananarivo a déclaré aux représentants d’Amnesty International que des ordres ont été donnés aux autorités pénitentiaires de transférer les malades à l’hôpital, mais qu’ils n’avaient peut-être pas été exécutés faute de personnel pour assurer la garde des prisonniers. Amnesty International a déploré le fait que Venance Raharimanana n’ait pu avoir accès à des soins médicaux adéquats, malgré plusieurs tentatives d’attirer l’attention des autorités sur son état de santé alarmant.
Les proches de plusieurs personnes placées en détention préventive à la suite de la crise politique n’ont pas eu accès aux centres de détention pendant le temps de l’enquête sur leurs infractions supposées. D’autres détenus n’ont pas eu la possibilité d’informer leurs proches du lieu de leur détention. Les proches des personnes détenues doivent demander un permis de communiquer au Tribunal compétent afin de pouvoir leur rendre visite. Les personnes en détention préventive ont généralement le droit de recevoir des visites de leurs proches deux fois par semaine. Ces visites sont cruciales non seulement pour prodiguer un soutien moral aux prévenus, mais aussi parce que les proches peuvent amener de la nourriture afin de compléter les maigres rations distribuées en prison. Au moins 20 détenus ont affirmé n’avoir pas eu le droit d’accès à leur famille entre les mois de juillet et d’août. Lorsque les proches ont demandé la raison du refus du permis de communiquer, on leur a répondu que c’était pour des raisons «politiques» ou des raisons de «sécurité».
Près de 200 personnes arrêtées en province ou accusées de crimes ou délits commis en province ont été transférées à Antananarivo pour être traduites en justice. Leurs proches ont dû faire face à des contraintes logistiques et financières pour voyager jusqu'à la capitale et trouver où se loger, sans aucune garantie qu’ils pourraient communiquer avec les détenus. Etant donné que la majorité des détenus sont des hommes qui assuraient un revenu régulier à leur famille, nombre de proches n’ont pas eu les moyens de se rendre à Antananarivo.
La plupart des personnes détenues en attendant leur procès ont pu recevoir des visites de leurs avocats en prison. En vertu de la loi à Madagascar, toute personne inculpée a le droit de bénéficier de l’assistance d’un avocat. La loi 97/036, qui modifie et complète les provisions du Code de Procédure Pénale relatives à la défense des suspects et des inculpés, stipule que lors de la première audition d’une personne soupçonnée d’avoir commis un crime ou délit, l’officier de police judiciaire doit l’informer de son droit de choisir un défenseur parmi les avocats inscrits au barreau de Madagascar, ou toute personne de son choix. La loi stipule également que le défenseur pourra assister aux interrogatoires, confrontations et perquisitions effectués dans le cadre de l’enquête.
Cependant, des personnes se sont vues refuser le droit de bénéficier de l’assistance d’un avocat. Tantely Andrianarivo, dernier Premier Ministre du gouvernement sous Didier Ratsiraka a été placé en «résidence surveillée» après que les forces de sécurité fidèles à Marc Ravalomanana ont pris d’assaut sa résidence, le 27 mai 2002. Deux personnes qui gardaient sa résidence ont été tuées lors de l’assaut. Il a été placé en résidence surveillée pendant près de cinq mois sans charges, même si la presse à Madagascar a rapporté que les autorités le soupçonnaient de détournements de fonds publics. Il n’a pu communiquer avec ses avocats qu’une fois, le 5 juillet. Ses avocats ont pu lui rendre visite une deuxième fois, début octobre, lorsque des avocats étrangers, contactés à propos de son cas, se sont déplacés à Madagascar en octobre 2002. Amnesty International pense que Tantely Andrianarivo a été détenu de manière arbitraire pendant tout ce temps, sans avoir accès à un avocat ni être inculpé d’infractions au Code Pénal. Il a finalement été déféré au Parquet d’Antananarivo le 21 octobre. Son audition a duré neuf heures. Selon les informations reçues par Amnesty International, un seul de ses avocats a pu être présent lors de son interrogatoire, sous prétexte qu’il était interrogé en tant que témoin. A l’issue de l’interrogatoire, il a pourtant été inculpé, notamment d’«usurpation de fonction», de «détournement de deniers publics», de «recel de malfaiteurs» et d’«atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Il a été transféré à la prison d’Antanimora le jour-même.
Le procès de Tantely Andrianarivo a commencé le 22 décembre 2003 et la veille de Noël, il a été reconnu coupable de détournements de fonds et d’usurpation de pouvoir. Il a été condamné à 11 ans de travaux forcés et au paiement de 42 milliards de francs malagasy (plus de 8,4 milliards d’ariary). Pour des raisons de santé, Marc Ravalomanana, alors Président de la république, l’autorise à se rendre à l'étranger pour recevoir un traitement médical. En 2019, le Conseil du Fampihavanana Malagasy (CFM) amnistie Tantely Andrianarivo ainsi que 3 autres anciens collaborateurs du président Didier Ratsiraka. La majorité d'entre eux, principaux adversaires politiques de Ravalomanana en 2002, étaient, depuis, exilés en dehors de Madagascar.
Le Général Jean-Paul Bory, Secrétaire de la Gendarmerie nationale, nommé Ministre de la Défense par Didier Ratsiraka en mars 2002, après que le Général Marcel Ranjeva ait démissionné du même poste dans le gouvernement de Didier Ratsiraka, a été arrêté le 9 juillet. Il a été déféré au Parquet à Antananarivo le 25 juillet. Le procureur qui l’a interrogé lui aurait dit qu’il n’avait pas besoin d’un avocat parce qu’il était interrogé en tant que témoin. Cependant au fur et à mesure de l’interrogatoire il a réalisé qu’il était en fait interrogé en tant que suspect. C’est seulement après avoir demandé le droit d’être assisté que son avocat a pu entrer dans la pièce. Il a été inculpé notamment de «rébellion» et placé sous mandat de dépôt à la prison d’Antanimora. Il semble que la même tactique ait été utilisée contre d’autres personnes, dans le but apparent d’éviter que les personnes interrogées puissent bénéficier des services d’un avocat.
Nestor Rasolofonjatovo, journaliste à radio FMA («Feo Mazava Atsinanana », la Voix Claire de l’Est) à Toamasina et qui bénéficiait, apparemment, du soutien financier de Pierrot Rajaonarivelo, un des leaders du parti AREMA fondé par Didier Ratsiraka, a été arrêté et placé en détention préventive le 7 août, après avoir été inculpé de «diffusion de fausses nouvelles» et d’«incitation à la haine tribale». Les chefs d’accusation reposaient sur deux extraits d’informations que le journaliste avait diffusées. L’un, datant de la période pendant laquelle Didier Ratsiraka avait établi son gouvernement à Toamasina, parlait des «Zatovo», un groupe de jeunes à Toamasina qui auraient été payés par les autorités pro-Ratsiraka pendant la crise, et qui terrorisaient la population locale et avaient commis des actes de violence. Cet extrait a duré 1 minute et 30 secondes et aurait informé d’une réunion des «Zatovo» à Toamasina. L’autre extrait parlait du nouveau Président, et aurait été interprété comme une critique à l’encontre de Marc Ravalomanana. Apres une semaine en détention préventive à Toamasina, Nestor Rasolofonjatovo a été mis en liberté provisoire. Il a été acquitté par le Tribunal de Toamasina le 10 septembre 2002.
Pour en revenir à Venance Raharimanana, il a d’abord été interrogé par le juge d’instruction à propos de fausses allégations qu’il aurait été le «chef» des milices pro-Ratsiraka à Mahajanga pendant la crise. Après l’interrogatoire, il a finalement été inculpé de «diffusion de fausses nouvelles» et de «provocation aux crimes et délits». Il a été inculpé sous prétexte qu’il aurait déclaré sur la chaîne de télévision locale de Mahajanga, «Feon’ ny Boina», que la province de Mahajanga était «indépendante» et que cela constituait une preuve de son soutien aux barrages érigés contre la capitale. Amnesty International a considéré que Venance Raharimana a été arrêté seulement pour avoir exprimé son opinion de manière non-violente et qu’il a été détenu et juge en violation de son droit fondamental à la liberté d’expression et d’opinion.
Le cas de Venance Raharimanana fait penser à celui, très récent, de Herman Rakotomalala, vice-président du Kmf/Cnoe et co-administrateur de la page Jeunes Tuléar Miray (JTM) sur Facebook, arrêté il y a quelques jours à Toliara. Mais heureusement que cet excès de zèle, doublé d’un abus de pouvoir, a été prouvé. Le 11 février 2021, Herman Rakotomalala a été libéré et les charges contre lui («diffusion de fausses nouvelles», entre autres) ont été levées.
Certes, nombre de personnes, y compris des opposants politiques, ont été détenues arbitrairement lorsque Didier Ratsiraka était au pouvoir. Mais, depuis que le gouvernement de Marc Ravalomanana a été mise en place, cette pratique s’est poursuivie.
Le 1 octobre 2002, Elire Rabemananjara, membre du parti AREMA, a été arrêté, déféré au Parquet et questionné à propos de détournements de fonds supposés lorsqu’il était l’ancien Directeur de Cabinet de Pierrot Rajaonarivelo, ex-Vice Premier Ministre sous Didier Ratsiraka. Le 3 octobre, Roland Ratsiraka, le neveu de Didier Ratsiraka et maire de Toamasina, a été arrêté et amené devanyt le tribunal à Antananarivo. Son interrogatoire a porté sur des soupçons de corruption pesant contre lui, mais il a ensuite été questionné par rapport à ses activités à Toamasina pendant la période de crise. Il a été relâché et l’on ne sait pas s’il a été effectivement inculpé d’infractions au Code pénal. N’est-ce pas cela l’intimidation ?
Les représentants d’Amnesty International ont observé le procès de Venance Raharimanana, qui a eu lieu le 23 août 2002. Il a été condamné à une peine de prison de deux ans avec sursis. Voici les préoccupations principales de l’Organisation en relation avec ce procès :
Venance Raharimanana a été informé de la date de son procès seulement deux jours à l’avance. Il a dû répondre devant la cour de «ses activités entre les mois de mars et juin 2002 à Mahajanga », pour «incitation aux crimes et délits contre la sûreté intérieure de l'Etat» alors qu’il avait été inculpé de «diffusion de fausses nouvelles» et de «provocation aux crimes et délits».
La seule «preuve» donnée par l’accusation était une cassette vidéo sur laquelle l’accuse aurait déclaré que la province de Mahajanga était «indépendante». L’existence de cette cassette vidéo n’a pas été révélée avant le procès. L’accusation a utilisé un extrait de la cassette qui a duré 30 secondes, sur lequel on pouvait voir l’accusé lire quelque chose. La provenance de cette cassette vidéo n’a pas été révélée, et elle n’a pas été diffusée en entier, malgré les affirmations de l’accusé et de son avocat que l’extrait avait été utilisé hors de son contexte.
Le procès a été sommaire. Il a consisté en trois questions par le juge à l’accusé, trois questions par l’accusation et la plaidoirie de la défense. Apres avoir posé une dernière question à l’accusé, le juge a rendu son verdict sur le siège. La manière dont le procès de Venance Raharimanana a été conduit soulève de sérieux doutes quant à l’indépendance et l’impartialité de la justice à Madagascar et quant au respect du principe de l’égalité de tous devant la loi.
Nous sommes en février 2021. L’Histoire serait-elle vraiment un éternel recommencement fait de vengeance aveugle ? Sous le Président Andry Rajoelina, Madagascar entend être un état de droit. Que cessent alors les «mampitandrina» (menaces), les «fisamborana» (arrestations) et les «fanagadrana» (emprisonnements). Dura lex, sed lex. La loi est dure mais c’est la loi. Il importe de la faire appliquer sans état d’âme. Je ne le répèterai jamais assez : il existe le code pénal et la loi sur la cybercriminalité pour des créatures comme Hanitra Razafimanantsoa et Fidèle Razara Pierre qui déversent au quotidien et publiquement -via une émission radio plagiée, entendue par beaucoup de témoins-, diffamation, insultes, incitations à la haine envers les dirigeants, tribalisme, incitation à la rébellion, propagation de fausses nouvelles.
Face à ces flagrants délits journaliers de crimes contre la nation malagasy, il n’y a aucune immunité parlementaire qui tienne. Tant que ces créatures maléfiques ne seront pas punies, la décadence menacera toujours la Grande île ou, plutôt, ses dirigeants indécis à se demander qui commande exactement ? Le Chef suprême des Forces armées ou les parachutés miraculeusement qui ne pensent qu’à garder leur poste le plus longtemps possible, en laissant pourrir les choses ?
Aleoko atao teny malagasy ny famaranana ity lahatsoratra ity. Misy, tompoko, ny lalà na ; misy ny mpitandro filaminana mampiatrà ny lalà na ary misy ny fitsarana manameloka na tsia araka ny voasoratra ao amin’ny lalà na. Ao anatin’ny fasahiranana ara-pahasalama isika, izay adinon’ireo devoly ireo. Aza samborina, aza gadraina fa tonga dia akaro fitsarana (misy ny atao hoe «comparution immédiate»). Ao izy ireo no miaro tena eo anatrehan’ny andininy rehetra manameloka ny ataony. Raha mikasika an’ingahy Vonison Andrianjato Razafindimbo kanosa velona moa dia ny ratsy ihany no mahana ka dia efa roa no fandikan-dalà na azo anenjehana azy : «refus d’obtempérer» (tsy niraharaha ny fiantsoan’ny mpitandro filaminana), «délit de fuite» (nandositra tsy nety nanatrika raharaha mikasika azy).
Pour clore ce dossier historique qui réveillera des souvenirs qui ne doivent plus se répéter, voici ce que dit l’article 6 de la Constitution de la 4è République de Madagascar: «la loi est la même pour tous, qu’elle protège, qu’elle oblige ou qu’elle punisse». Elle n’interdit pas de s’opposer ni de donner son opinion, mais elle interdit tout ce qui pourrait aboutir à un massacre inter ethnique comme au Rwanda, à cause des propos déversés) à la radio des Mille Collines à Kigali. Le génocide des Tutsi au Rwanda s’est déroulé du 7 avril 1994 jusqu'au 17 juillet 1994 : entre 500.000 à 800.000 personnes ont été tuées atrocement. Hanitra Razafimanantsoa («mpanalika malagasy») et Fidèle Razara Pierre («rain’ny lainga ao Alaotra ») sont des députés indignes de porter ce titre.
Jeannot Ramambazafy – Source principale : Amnesty International décembre 2002 – Également publié dans « La Gazette de la Grande île » du samedi 13 février 2021