Il y a 63 ans, le camp militaire français de Moramanga était attaqué par des Malgaches. Il y eut mort d’hommes. Cela entraîna la plus sanglante des répressions que la Grande île de l’océan Indien n’ait jamais connue. Qui étaient ces Malgaches ? Les Français étaient-ils au courant de l’imminence d’une révolte et avaient-ils laissé faire pour mieux réprimer ? Combien y-a-t-il eu de morts exactement ? Des questions toujours sans réponse, malgré la prescription de 50 ans largement dépassée.
Les archives ne sont toujours pas rendues publiques. Il n’existe plus que quelque 3.000 rescapés de cette sombre affaire dont on attend toujours le pardon des autorités françaises. Verserai-je dans l’utopie ? En attendant, cliquez sur le lien ci-dessous pour avoir des débuts de réponses.
29 MARS 1947 : LA REVOLTE A MADAGASCAR (format Pdf)
Quoi qu’il en soit, la vie continue et ce sont des jeunes qui sont au pouvoir. Ainsi, la commémoration des 63 ans du 29 mars a pris une dimension hautement culturelle avec Andry Rajoelina, Président de la Haute Autorité de la Transition. Le thème de cette année ? « Tolon’ny 47, Vatofehizoron’ny Fiandrianampirenena Malagasy » ou Lutte de 1947, pierre angulaire de la souveraineté nationale malgache. Cela méritait ce dossier de textes et de photos journalistiques. Comme tout a débuté à Moramanga, ville située à quelque 110 km à l’Est d’Antananarivo, dans l’ancienne province de Toamasina, nous nous sommes concentrés sur la venue du couple Rajoelina en ce lieu de pèlerinage pour nombre de Malgaches de toutes les régions. Car le 29 mars concerne tout le peuple malgache sans exclusive.
ARRIVEE A MORAMANGA
Ainsi, dès son arrivée en hélicoptère, en cette matinée ensoleillée du 29 mars 2010, le couple présidentiel a assisté à un culte œcuménique en la cathédrale de Moramanga.
CULTE OECUMENIQUE
Puis il y eu un dépôt de gerbes au cimetière d’Ampanohifana
CIMETIERE D'AMPANOHIFANA
Un autre dépôt de gerbe a été effectué au pied de la stèle commémorative, en plein centre de la ville de Moramanga.
DEPOT DE GERBE AU PIED DE LA STELE DU 29 MARS 1947
Vint ensuite la cérémonie de remise officielle de la décoration de la « Libération nationale 1947-1948 ». Notons que 19 anciens combattants ont été décorés de la médaille de « L’ordre des combattants nationalistes ».
REMISE DE MEDAILLES ET DE DIPLOMES
Une restitution des souffrances endurées par les patriotes de cette époque a été effectuée par élèves du lycée technique de Moramanga, sous l’égide du District. Particulièrement comment on les avait avili et traîné dans le tristement célèbre « wagon Moramanga » ou wagon de la mort où ils étaient enfermés et fusillés à travers la paroi du wagon.
RESTITUTION VERS LE WAGON DE LA MORT
DISCOURS
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Le représentant des anciens combattants et le ministre des Forces armées
Lorsque le Président de la Hat pris la parole, ce fut pour mettre en exergue les sacrifices endurés par les prédécesseurs des Malgaches actuels :
Le Président de la HAT, Andry Nirina Rajoelina
« Chacun d’entre nous doit se remettre en question et se lever pour protéger la souveraineté nationale et l’indépendance du pays. Une lutte déjà entamée par nos martyrs et anciens combattants. Ces derniers nous ont montré la voie à suivre pour  protéger, coûte que coûte, cette souveraineté nationale et l’indépendance de Madagascar. Il nous appartient d’emprunter cette même voie afin de laisser un héritage solide à nos descendants. Si la lutte menée en 1947 a  pu aboutir au retour de notre indépendance, c’est grâce à la solidarité et au courage des nos patriotes de l’époque. Pour parvenir dans une IVè République vraiment souveraine et indépendante, nous devons tirer leçons de ce modèle de patriotisme. Surtout vous les jeunes actuels qui seront des adultes demain. Madagascar appartient aux malgaches. il est grand temps de bâtir une base socio-économique et politique solide  pour le pays afin de préserver durablement protéger notre souveraineté nationale et notre indépendance. Nous devons être les seuls à choisir l’avenir de notre pays, et c'est à nous et à nous seuls d'écrire la nouvelle page de notre histoire. Levons-nous, unissons-nous, faisons nôtre la devise : Solidarité dans la Diversité ! ».
Après un détour au musée de l’Ecole supérieure de la Gendarmerie, le couple présidentiel a offert diverses dotations matérielles aux 443 rescapés de cette lutte populaire qui a débuté le 29 mars 1947 jusqu’en 1948. La famille Ramaroson a largement contribué à ces dotations.
AU MUSEE DE L'ECOLE SUPERIEURE DE LA GENDARMERIE DE MORAMANGA
L'horreur des atrocités crispent le visage du jeune couple présidentiel qui n'était absolument pas né à l'époque mais qui entend perpétuer la mémoire collective. Aucun Malgache ne doit oublier la lutte de 1947-1948
REMISE DE DOTATIONS MATERIELLES
Pour clore cette commémoration du 63è anniversaire du 29 mars à Moramanga, le Président Andry Rajoelina a procédé à la pose de première pierre du futur musée dédié à la lutte pour la libération nationale de 1947-1948, « qui sera notre fierté nationale », dixit Andry Rajoelina. Ce musée sera érigé dans l’enceinte de l’hôtel de ville de Moramanga et les travaux sont prévus d’être achevés au mois de juin 2010. Mois des 50 ans du retour de l’indépendance de la Grande île de l’océan Indien.
POSE DE LA PIERRE DU FUTUR MUSEE DEDIE AUX EVENEMENTS DE 1947
Retour sur Antananarivo
L’après-midi de ce 29 mars 2010, le Président Andry Rajoelina a déposé des gerbes au pied de la stèle sise à Ambohijatovo ainsi qu’au Mausolée d’Andrainarivo.2011 verra-t-il l’ouverture au public des archives européennes de cette triste période de l’histoire de Madagascar ? Qui vivra verra…
Texte : Jeannot RAMAMBAZAFY
Photos : Andry RAKOTONIRAINY
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