Antananarivo, le 13 avril 2011. La Police Judiciaire, la compagnie Airtel Madagascar, la Fondation Telma et l’UNICEF ont officiellement formalisé ce jour leur partenariat pour l’ouverture prochaine d’une ligne verte, confidentielle et gratuite, au numéro 147, pour la protection de l’enfant.
Cette ligne verte pour l’enfance en danger vise non seulement à stimuler le signalement des cas de violence mais, de façon plus générale, à augmenter l’efficacité des interventions pour la protection de l’enfant. Cette ligne verte est née de l’exigence d’adapter et rendre plus efficace et rapide la réponse des services dédiés à l’enfance en danger, notamment la Police et les services socio-médicaux, surtout en situation d’urgence. La ligne verte sera fonctionnelle dans 11 villes de Madagascar*, où les cas de violence à l’égard des enfants sont les plus fréquents.
Marcel Velotsara, assis au centre
« Madagascar n’échappe pas à la violence à l’encontre des enfants. Cette violence prend des formes diverses et dépend d’une vaste gamme de facteurs. La violence à l’encontre des enfants reste en grande partie cachée pour bon nombre de raisons. Beaucoup d’enfants ont peur de signaler les incidents de violences dont ils sont victimes. Souvent, les parents qui devraient protéger leurs enfants restent silencieux si l’acte de violence est commis par un membre de la famille. La peur est intimement liée à la stigmatisation qui entoure le fait de dénoncer la violence » a déclaré Marcel Velotsara, Directeur de la Police Judiciaire.
Face à une violence qui est parfois exercée ou simplement tolérée par les parents ou ceux qui ont la charge des enfants, face à une communauté qui peut être complice – comme dans le cas de l’exploitation sexuelle des jeunes filles – les enfants victimes restent d’une manière générale sans recours et sans assistance. Cette violence fait rarement l’objet de signalement ou de dénonciation parce qu’elle n’est pas toujours perçue comme telle.
Le besoin d’un tel service est dû à la réticence des témoins mais aussi des victimes à dénoncer les abus ou la maltraitance à l’égard des enfants quel que ce soit l’environnement dans lequel elle prend racine. Dans le dispositif du numéro vert gratuit, l’anonymat doit être et sera rigoureusement respecté. Par ailleurs, ce sera un personnel formé qui sera à l’écoute. Dans ce cadre, la formation de la police a débuté officiellement le 14 avril 2011.
Bruno Maes
« Chaque enfant à Madagascar a le droit d’avoir accès à des services qui le protègent contre la violence. Les témoins de ces violences ont la responsabilité de réagir et de signaler les cas. Face à la violence à l’égard des enfants, il n’y a pas de témoins innocents », a poursuivi Bruno Maes, Représentant de l’UNICEF à Madagascar.
La protection de l’enfant et de ses droits nécessite une coopération intersectorielle à l’échelle nationale et internationale pour créer un environnement protecteur pour les enfants. La notion de responsabilité sociale des entreprises prend forme et est opérationnelle. Il faut en effet savoir que la lutte ne peut être gagnée sans la participation de l’ensemble des acteurs, dont notamment le secteur privé.
Heiko Schlittke
« Airtel Madagascar partage l’attachement de l’UNICEF à faire progresser les droits de l’enfant. A travers nos programmes sociaux, nous sommes et restons engagés dans la lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes et, à la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs », a souligné Heiko Schlittke, Directeur Général d’Airtel Madagascar.
L’UNICEF continue d’explorer avec le secteur privé les pistes de partenariat possibles dans des projets et programmes permettant d’avoir un impact accru et une différence réelle en faveur des enfants malgaches. L’UNICEF Madagascar met en œuvre depuis septembre 2009 une stratégie destinée à promouvoir la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), encourager le changement de comportement et de pratiques dans les affaires et co-développer des partenariats stratégiques avec les entreprises pour la promotion des droits des enfants et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement à Madagascar.
Isabelle Salabert (Responsable de la Fondation Telma) et Lova Bordes (Responsable de la Communication Telma)
« En contribuant à la mise en service de cette ligne verte, la Fondation Telma et le Groupe Telma entendent apporter leur contribution à la diminution de la maltraitance des enfants en donnant les moyens à toute personne de communiquer gratuitement des informations cruciales, qui peuvent sauver des vies, au sens physique mais aussi au sens psychique et moral », a conclu Isabelle Salabert, Présidente de la Fondation Telma.
La violence à l’encontre des enfants est bel et bien une réalité à Madagascar. Elle prend place dans divers contextes. Des milliers d’enfants malgaches sont, au quotidien, victimes d’abus, d’abandon, de négligence, de mauvais traitement, de violence sexuelle, de mariages précoces ou forcés. D’autres sont obligés de travailler -- dans les mines, la pêche, le travail domestique, la prostitution, cela au détriment de leurs droits.
La mise à disposition de cette ligne verte permettra de :
Contribuer à la protection de l’enfant en danger et à l’élimination progressive de toute forme de violence à l’égard des enfants à travers la mise en place d’un service public ;
Contribuer à la cessation de la maltraitance à l’égard de l’enfant, à la restauration de sa dignité ;
Donner une voix aux plus défavorisés parmi les enfants, aux enfants victimes ou en risque de l’être et à toute personne qui signale une violence à l’égard d’un enfant, en garantissant des moyens nécessaires pour donner une solution à chaque cas ;
Adapter et rendre efficace et prompte la réponse des services dédiés à l’enfance en danger, et enfin :
Promouvoir un partenariat public-privé autour de la problématique de la protection de l’enfant.
* Antsirabe, Antananarivo, Antsiranana, Fianarantsoa, Taolagnaro, Morondava, Mananjary, Mahajanga, Nosy be, Toamasina et Toliara
Recueillis par Jeannot RAMAMBAZAFY