Chers ami(e)s francophones, malgré l'averse diluvienne qui s'est abattue sur la Capitale de Madagascar, la soirée du 20 mars 2007 restera à jamais dans les annales de l'Histoire de l'Alliance française de la ville. En effet, un double évènement a réuni une multitude de francophones de tous horizons dont la volonté de vivre ensemble, même différents, n'a pas été douchée par ce signe du ciel considéré comme bénéfique, dans la culture malgache.s
Discours de Monsieur Modeste Rakotomalala, Président du Conseil d’administration de l’Alliance française d’Antananarivo.
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Monsieur le Représentant de l’Ambassadeur de France à Madagascar,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur pour moi, de prendre la parole aujourd’hui, au nom de tous les membres du Conseil d’administration auquel j’associe également tout le personnel malgache et expatrié de l’Alliance française d’Antananarivo (AFT) , au vernissage de cette exposition sur la Francophonie intitulée « Regards croisés » financée par la région Ile-de-France. Aujourd’hui, l’AFT marque aussi le début des différentes manifestations de la célébration de son soixantième anniversaire.
Permettez-moi de vous faire un bref historique de l’AFT.
Elle a vu le jour le 31 octobre 1946 à Antananarivo ; ses statuts ont été adoptés par l’Alliance française de Paris le 26 février 1947. Le 5 juillet 1947 fut la date de parution dans le journal officiel. Son Président fondateur fut Monsieur Georges Henri de BRUGADA. Le premier Malgache Président a été Monsieur Albert RAKOTO RATSIMAMANGA qui a inclus la dénomination FI.KO.MA.FRA. (association culturelle malgacho-française) dans les statuts de l’Alliance française d’Antananarivo.
Plusieurs autres personnalités ont contribué au développement de cette Alliance française qui est la nôtre. En ce jour de début de la célébration de son soixantième anniversaire, nos regards, nos sentiments, nos pensées se tournent vers ces délégués généraux, sur ces directeurs sur ces membres du comité ou conseil d’administration : nous leur rendons solennellement un vibrant hommage.
Permettez-moi de citer, toutefois, quelques noms, ceux qui ont œuvré pour que l’AFT soit telle qu’elle est aujourd’hui, après avoir surmonté des périodes difficiles :
Les feus Ludger ANDRIANJAKA, trésorier ; Jacques GREGOIRE, vice-président ; Monsieur RAKOTOBE ANDRIAMANALINA, président pendant plusieurs années ; Madame Jeanine RAKOTOANDRIANMIHAJA, ancienne membre du comité.
En soixante années d’existence, il y a beaucoup de choses à dire. L’Alliance française n’a jamais failli à ses taches : l’enseignement et le développement de la langue française ; la diffusion des biens culturels français, malgaches et francophones. A l’AFT, la francophonie n’est pas un vain mot. Elle y est dynamique bien que silencieuse, efficace. Elle se traduit au quotidien dans nos locaux. En moyenne, nous avons ici une exposition (linguistique, culturelle, économique), des concerts, des conférences et/ou des animations par semaine. Ce qui donne plus de cinquante-deux manifestations culturelles par an.
Depuis l’année 2004, l’AFT a eu 60 promotions de « Mpikabary », les adeptes du discours traditionnel malgache. Je félicite également ces étudiants de l’AFT, diplômés de la Chambre de commerce de Paris ainsi que ceux qui ont obtenu les diplômes de DELF et de DALF.
En nombre d’inscriptions d’étudiants différents, l’AFT est placée au 4ème rang mondial après Bogota, Paris et Lima. En septembre 2005, Monsieur le Secrétaire général Abdou Diouf est passé dans nos locaux et a félicité l’AFT pour ses actions en faveur de la Francophonie.
Depuis l’année 2006, le président de l’AFT est devenu membre du Conseil d’administration de l’Alliance française de Paris. Depuis, il prend part activement aux décisions des Alliances françaises dans le monde.
En cette année 2007, la célébration du 60ème anniversaire de l’AFT est placée sous le thème de « Dialogue des Cultures » (KOLONTSAINA MIFAMPITAHA en malgache). Ce slogan que nous avons choisi tombe à pic en cette Journée internationale de la Francophonie qui se veut être « d’un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre » de Monsieur Léopold Sédar Senghor et qui implique de « Vivre ensemble, différents ».
Les manifestations entrant dans la célébration de ce soixantième anniversaire vont s’étaler à partir de ce mois de mars et jusqu’à la fin de cette année 2007.
Notre souhait le plus cher, mes chers amis, est que l’Alliance française d’Antananarivo vive.
Je terminerai mon allocution par ces quelques mots du Général De Gaulle, le 2 décembre 1958, lors du 75ème anniversaire de l’Alliance française de Paris, je cite : « Que l’Alliance française continue, qu’elle exerce sa fonction, qu’elle l’exerce comme elle le fait, d’une manière désintéressée, d’une manière élevée ! C’est la façon dont elle trouve, dont elle continuera à trouver le chemin de tant d’esprits et de tant de cœurs ». Fin de citation.
Vive l’Alliance française d’Antananarivo, l’amitié est chouette !
Logiquement, C’est Monsieur Alain Le Roy, Ambassadeur de France à Madagascar, qui aurait dû prononcer un discours. Mais, sa présence à Antalaha ravagée par le cyclone Indlala était impérative. En effet, Monsieur Le Roy a accompagné le Président Marc Ravalomanana et le Premier ministre Charles Rabenja pour aller au-devant des premiers secours héliportés de la Croix-rouge française grâce au porte-hélicoptères « Jeanne d’Arc » mouillant au large. C’est donc Monsieur Christian Ocquet, Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) à l’Ambassade de France qui a eu la charge de le représenter et de prononcer un discours. En voici de larges extraits.
(…) Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, votre présence aujourd’hui parmi nous est un honneur et témoigne du soutien des plus hautes autorités de l’Etat malgache aux Alliances françaises.
Messieurs les Ambassadeurs et Consuls, nous sommes très heureux de vus accueillir en cette Journée de la Francophonie qui nous rappelle combien nous travaillons ensemble autour des mêmes valeurs : partage et solidarité. Je souhaite célébrer cette Journée internationale en citant tout d’abord Monsieur Abdou Diouf, Secrétaire général la Francophonie qui, cette année, place le 20 mars sous les termes : « Vivre ensemble, différents ». Je cite : « Que cette Journée soit l’occasion, également, de garder à l’esprit que la langue française nous rassemble pour servir ces valeurs que sont la solidarité, l’équité, la paix. Ayons à l’esprit que la Francophonie réunit des pays parmi les plus industrialisés et des pays parmi les moins avancés, qu’elle réunit des pays où tous ont accès à l’éducation, à la formation, aux technologies les plus modernes de l’information et de la communication et des pays où les enfants ne connaissent pas même le droit à l’alphabétisation, des pays en paix et des pays en situation de crise ou de conflit meurtrier (…) ».
Cette volonté de solidarité, ce sens de l’amitié entre peuples, l’Alliance française les incarne tout particulièrement à Madagascar. La Francophonie est belle et bien vivante et dynamique, j’en veux pour preuve les chiffres suivants : Pour ce qui concerne les pays francophones : 55 Etats et gouvernements, membres de l’organisation Internationale de la Francophonie ; 13 observateurs. Soit 68 pays en tout, alors qu’ils n’étaient que 21 en 1970.
Maintenant, pour ce qui concerne la croissance du français : la Francophonie rassemble 200 millions de personnes, réparties sur les 5 continents. 91.549.000 personnes apprennent le français dans le monde, dont 58% en Afrique et au Moyen-orient. Dans cette même zone, incluant Madagascar, une croissance de 60% du nombre d’apprenants a été enregistrée entre 1994 et 2000. Ces chiffres nous montrent à quel point l’espace francophone s’accroît et se développe, à nous tous de l’orienter et de l’animer comme il se doit.
La France s’y engage, avec un réseau d’action et de coopération culturelle représentant 700 agents spécialisés dont 283 dans les Alliances françaises. J’en viens désormais plus spécifiquement à ces Alliances françaises qui, comme ici à Madagascar, sont en pleine expansion. Du point de vue du nombre d’apprenants, Madagascar est le 3ème réseau mondial après le Brésil et le Mexique, avec 30 alliances, et Antananarivo est la 4ème Alliance du monde après Lima, Paris et Bogota, avec 7.600 apprenants.
Et cette dynamique nous la ressentons aujourd’hui, à travers cette Journée internationale de la Francophonie, mais aussi depuis le 10 mars, date à laquelle l’Alliance française a commencé à fêter la Francophonie. En effet, du 10 au 24 mars, l’ensemble du réseau des Alliances françaises propose une programmation riche et variée, grâce à de nombreux concours, animations, spectacles ou expositions, qui sont l’occasion de tisser des liens étroits avec l’ensemble des acteurs de la Francophonie. L’OIF, le Ministère des Affaires étrangères, le Centre culturel Albert Camus, le CEMDLAC (Centre malgache pour le développement de la lecture et de l’animation culturelle), les universités, les établissements scolaires… chacun, à sa manière, a pu prendre sa part. Déjà , plus de 2.000 jeunes sont venus participer à la Fête de la Francophonie à l’Alliance française d’Antananarivo.
Mais si nous sommes tous réunis, c’est tout d’abord pour célébrer la majestueuse exposition ornant les murs extérieurs de l’Alliance française. 23 panneaux , 23 portraits des pères fondateurs de la Francophonie et d’enfants de pays francophones, qui nous permettent de découvrir les enjeux fondamentaux de la Francophonie, tels l’éducation, le développement durable ou encore la diversité culturelle. Et quel plaisir de voir ces messages affichés en grand et pour tous. Pour tous, visibles par tous, de la rue ou de l’Alliance, et c’est bien ce que veut être la Francophonie : un espace ouvert à tous.
Dans cette volonté d’ouverture, l’exposition « Regards croisés » ne profitera pas seulement au public de la Capitale mais circulera dans l’ensemble du réseau des Alliances françaises de Madagascar dans l’année à venir et même au-delà des frontières puisque les Alliances françaises d’Afrique du Sud et de l’île Maurice souhaitent la présenter. Ce sera donc l’occasion pour tous de découvrir la vitalité francophone. Je tiens particulièrement à vivement remercier le Conseil régional d’Île-de-France qui a offert cette belle exposition au réseau de l’Alliance française de Madagascar.
Il est désormais l’heure pour moi de souhaiter un joyeux anniversaire à l’Alliance française d’Antananarivo. 60 années d’actions auprès du peuple malgache ; 60 années de coopération avec les autorités malgaches ; 60 années de partenariat avec l’Ambassade de France. Voilà des noces de diamant qui devraient briller de mille feux !
C’est votre anniversaire et pourtant c’est vous qui nous offrez un cadeau aujourd’hui : merci pour l’exposition « Regards croisés » et merci d’avance pour l’ensemble des manifestations qui suivront, célébrant votre 60ème anniversaire ; que vous avez choisi de placer sous le thème « Dialogue des Cultures » que l’on peut aussi traduire par TAFAN-KOLONTSAINA en malgache : dialogue franco-malgache mais aussi dialogue francophone.
Et, comme le dit Dominique Wolton dans son ouvrage « Demain, la Francophonie » : « Cette Francophonie-là est la jeunesse et l’avenir, la solidarité et la diversité culturelle en actes ; la possibilité de conjuguer autrement culture, économie, démocratie et société ».
Je vous remercie de votre attention.
Cependant, à cause de cette ondée diluvienne qui s’est abattue sur Antananarivo, il n’a pas été possible de faire la visite de cette exposition à ciel ouvert, tableau par tableau. Mais ce n’est que partie remise. Par contre, les autorités présentes, dont les ambassadeurs de Chine et de Russie, ont grimpé au premier étage du bâtiment de la Délégation générale, pour avoir un aperçu et une idée de la nouvelle médiathèque comprenant un Centre de ressources, un Sspace multimédia et un Sspace jeunesse. Puis, tout en dégustant, en buvant et en bavardant, tout ce beau monde francophone a assisté à quelques spectacles de rue… à l’intérieur. Photos se passant de commentaires !
Et la fête continuera tout au long de cette année 2007. Ne vous... déconnectez pas !
Reportage exclusif de Jeannot Ramambazafy
Journaliste
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