La présentation de la troisième édition du magazine d’investigation « Trandraka » a eu lieu le 27 juillet 2018 à l’hôtel Le Louvre sis à Antaninarenina. Dans ce numéro 3, le thème principal est axé sur la «Redevabilité du Parlement et des Instances utilisant les finances publiques».
Le groupe n°1, composé de trois journalistes, dont l’enquête sur le château d'eau à Ambovombe fait la « Une » de la 3è édition du magazine « Trandraka »: «Des milliards d'ariary "noyés" dans le château d'eau d'Ambovombe». De gauche à droite: Charles Raza, correspondant à Tuléar; Alain Tefimbola, radio Lafa à Fort-Dauphin et Denis Mosa, radio JM à Ambovombe
A la « Une » de cette troisième livraison de « Trandraka », l’histoire des fonds pour la construction d’un château d’eau à Ambovombe. D’un montant effarant, les travaux n’ont pas été à la hauteur des dépenses. En effet, juste après son inauguration officielle, des défaillances techniques virent le jour jusqu’à stopper son utilisation. Il faut noter que cette infrastructure -vitale dans cette région où l’eau courante fait grand défaut et engendre une famine cyclique tous les deux ans-, a été construite lorsque Julien Reboza a été ministre de l’Eau, de l’Énergie et des Hydrocarbures, sous la période de transition. Ainsi, à travers les journalistes du groupe numéro 1, le magazine lance une alerte quant au suivi et au contrôle concernant ce château d’eau non fonctionnel jusqu’à aujourd’hui.
A lire également dans ce troisième numéro de « Trandraka », une enquête sur l’abus de pouvoir d’un député et d’un préfet dans leur façon de délibérer en ce qui concerne l’allocation du Fonds de développement local ou FDL aux Collectivités territoriales décentralisées (CTD). Ils font fi, sans vergogne, des priorités et des aspirations des communes riveraines bénéficiaires de ce fonds.
Autre cas devenu, hélas, monnaie courante dans ce régime Hvm dirigé par Hery Rajaonarimampianina, révélé par « Trandraka » n°3 : la défaillance sur la redevabilité dans la région Bongolava. En matière de gestion communale, l’argent des redevances, ristournes et même frais administratifs n’est pas bien comptabilisé. Cela touche également la mauvaise gouvernance et la corruption dans la réception des documents administratifs relatifs au fonds de pension et aux indemnités d’installation, au sein du ministère des Finances et du Budget. Une pratique qui impacte sur le délai de traitement des dossiers favorisant une corruption généralisée sur les simples usagers. Pour la rédaction du magazine, « ces deux sujets relèvent d’une flagrante irrégularité et d’une corruption avérée à haut niveau ou, selon les points de vue, de bas étage ».
« Trandraka » n° 3 comporte en tout, 9 enquêtes qui se focalisent sur le dysfonctionnement dans l’utilisation des fonds publics à Madagascar. 23 journalistes issus d’Antananarivo, Fianarantsoa, Toamasina et Toliara ont participé à la rédaction de ces enquêtes.
Pour rappel, la naissance du magazine « Trandraka », dont la périodicité n’a pas été révélée, est une initiative du système des Nations Unies à Madagascar, qui financent ce projet (à travers le Peace Building Fund) dont l’intitulé est « Institutions démocratiques intègres, représentatives et crédibles ». Ainsi, en avril 2017, afin de promouvoir et de renforcer les capacités en journalisme d’investigation, 24 confrères ont bénéficié, deux mois durant, d’une formation à la fois théorique et pratique en investigation avec « l’Éthique, la déontologie et le Journalisme de Paix» comme thématique. Cette formation qui a eu lieu à l’hôtel Colbert Antananarivo, a été organisée par l’Unesco (Projet IDIRC – Institutions démocratiques intègres, représentatives et crédibles), en partenariat avec le Ministère de tutelle et du Fonds des Nations unies pour la Construction de la Paix.
Remise de certificats lors de la parution du premier numéro de « Trandraka », en présence du regretté Zo Rakotoeheno (2ème à partir de la droite), très longtemps journaliste pour le quotidien « Midi Madagasikara » avant d'avoir été nommé Sénateur
A l’issue de cette formation intensive, ces 24 journalistes ont produit toute une série d’articles dont 11, tous rédigés en malgache officiel, ont été publiés dans le premier numéro du premier magazine malgache d’investigation dénommé « Trandraka, investigative media », « Trandraka » (exploration en malgache mais aussi tenrec) pour faire court. Le lancement officiel de ce premier numéro a eu lieu le 21 juillet 2018.
Pour ce qui est du numéro 2 de ce magazine, sa parution a eu lieu le 15 décembre 2017. Ce numéro traite, en autres, de la corruption dans le vol et le blanchiment des zébus ( à la «Une») ; du trafic illicites de tortues irradiées ; de l’acquisition de terrains pourtant déjà titrés… Pour le Directeur général du Bianco (Bureau indépendant anti-corruption), Jean-Louis Andriamifidy, présent lors de la troisième cérémonie de parution: « le magazine Trandraka sert au Bianco et constitue une référence dans les investigations du bureau ». Ah bon? Le public, l'opinion publique pour être plus précis, attend donc avec impatience la suite (et surtout l'issue) de l'affaire Claudine Razaimamonjy ainsi que la comparution du donneur d'ordre, en l'occurrence l'ancien Premier ministre à la fois ministre de l'Intérieur, Mahafaly Olivier. Prochaine investigation dans le numéro 4 de « Trandraka », sans doute?... Merci d'avance alors!
Jeannot Ramambazafy