Tous les trois ans, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme organise une conférence de reconstitution de ses ressources financières. A cette occasion, tous ses donateurs gouvernementaux et du secteur privé annoncent leurs promesses de dons. Le Fonds mondial y invite également ses partenaires et la société civile, tous deux associés à la mobilisation et impliqués dans la mise en œuvre des programmes dans les pays. Les dons servent à financer directement des programmes de prévention et de lutte contre les trois grandes pandémies, qui tuent près de 2,5 millions de personnes chaque année.
Aujourd’hui, la communauté internationale fait face au risque de voir dévier la trajectoire actuelle d’élimination des grandes pandémies. Pour sécuriser les progrès déjà accomplis et relever les défis qui se posent, l’ensemble de la communauté internationale doit unir ses forces et accélérer le mouvement vers l’atteinte de l’Objectif de Développement durable n°3 (Accès à la Santé pour Tous).
Objectif : sauver 16 millions de vies
La 6e conférence de reconstitution, qui se tient les 9 et 10 octobre 2019 à Lyon, France, a pour objectif de recueillir le plus de dons possible pour financer cette lutte pour les trois prochaines années, un montant supérieur à celui obtenu lors de la reconstitution précédente en 2016 (12.2 milliards de dollars). Cette somme -estimée à 14 milliards de dollars- devra permettre au Fonds mondial de soutenir les pays et populations touchés afin de sauver 16 millions des vies, d’éviter 234 millions de nouvelles infections et de continuer à financer l’innovation et l’amélioration des systèmes de santé. Cet engagement sera essentiel pour en finir avec les trois pandémies à l'horizon 2030.
Le Président français, Emmanuel Macron, a décidé d’accueillir la 6e Conférence de reconstitution afin de montrer toute la détermination de la France à atteindre cet Objectif de développement durable.
Présent parmi ses nombreux pairs de tous les horizons, le président malagasy, Andry Rajoelina, qui, au Centre de Congrès de Lyon, a fait de la santé publique, une de ses priorités de son mandat, n'a cependant pas hésité à faire un état des lieux de son pays qui a été plongé au rang de 5è pays le plus pauvre du monde en moins de 5 ans...: “ Le pays manque cruellement d'infrastructures médicales et celles qui existent sont vétustes. Avec seulement 2 lits d'hôpitaux pour 10.000 habitants, les malades doivent parcourir de longues distances pour atteindre un centre de santé. Par ailleurs, nous comptons 1.428 médecins sur l'île, soit 8,6 médecins pour 100.000 habitants en zone urbaine, et 1 médecin pour 350.000 habitants en zone rurale...”.
Face à cette réalité qui n'a rien d'enchanteresse, le chef d’État malagasy a démontré qu'il prendra les mêmes responsabilités que ses pairs: “La vie de chaque citoyen est sacrée. En tant que Chefs d’État, il est de notre devoir à tous de protéger, de soigner, d'apporter de soins décents et de sauver la vie de nos compatriotes. Nous sommes tous conscients qu'aucun développement durable et inclusif n'est possible sans un système de santé efficace et accessible à tous”.
Dévoilant alors ses batteries, le Président Andry Rajoelina a pris l'engagement de faire (enfin) de la “Santé pour tous” une réalité. Ainsi, d'ici à 2030, l’État malagasy augmentera le budget de la Santé publique pour qu'il soit conséquent, de manière à permettre à la population de bénéficier des soins de santé de qualité. Par ailleurs, tous les chefs-lieux de région et de district de Madagascar seront doté d'hôpitaux aux normes internationales. Dans le domaine de la santé préventive, le Président malagasy a annoncé la construction de centres de santé de base: “il s'agit de se rapprocher des communes. Des unités mobiles seront déployées avec des camions médicalisés qui permettront d'atteindre les zones enclavées”. Lors de la célébration du retour de l'Indépendance, le 26 juin 2019, ce genre de matériels a pris par au défilé militaire traditionnel.
En ce qui concerne les MST, le VIH, la tuberculose et la malaria (paludisme), l’État malagasy travaille étroitement avec plusieurs partenaires pour perfectionner les stratégies nationales de lutte contre ces maladies qui constituent de réels fléaux sociaux.
Voilà ce qu'il fallait retenir de cette première journée de cette 6ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds Mondial de lutte contre Sida, Tuberculose et Paludisme, qui s'est achevée par un diner à l'hôtel de ville, offert aux Chefs d’État, Chefs de gouvernement et chefs de délégation présents à Lyon.
Le jeudi 10 Octobre 2019, le Président Emmanuel Macron s’entretiendra avec les président du Niger, de Madagascar et du Cameroun. Puis, il participera à un panel avec plusieurs participants à la Conférence. En début d'après-midi le Président français répondra aux questions des journalistes lors d’une conférence de presse conjointe avec Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial.
Qu'est-ce que le Fonds mondial ?
Le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été créé en 2002 sur proposition de Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations unies. En moins de 20 ans d’existence, les résultats obtenus grâce à son action sont impressionnants :
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32 millions de vies ont pu être sauvées dans 142 pays
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18.9 millions de personnes ont reçu un traitement antirétroviral contre le VIH
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5.3 millions de personnes ont été traitées pour une tuberculose.
Le Fonds agit en canalisant des ressources dans le monde entier et investit dans des programmes de prévention, de traitement et d’accompagnement des personnes touchées. Il travaille au plus près du terrain, en partenariat avec les pays qui bénéficient de ces aides ainsi que les associations œuvrant au niveau local. Ce fonctionnement rend son action très efficace.
Dossier préparé par Jeannot Ramambazafy