Souk Madinat Jumeirah à Dubaï, mardi 13 février 2024
« Vos Altesses, Chers Leaders, Chefs d’État et de Gouvernement, Chers participants, Mesdames et Messieurs.
Je tiens, tout d’abord à adresser mes chaleureux remerciements à Son Excellence, Monsieur Mohamed bin Zayed Al-Nahyane, Président des Émirats Arabes Unis, pour l’hospitalité qui a été réservé à ma délégation et moi-même.
Les Émirats Arabes Unis, à travers Dubaï, incarnent aujourd’hui, un modèle de développement économique planétaire. La transformation d’un désert en métropole économique mondiale, en quelques décennies, prouve qu’avec une vision et la force du travail, on peut transformer un rêve en réalité. Cela incarne une réussite exemplaire, une source d’inspiration universelle.
Rassemblant 190 pays, Dubaï réunit, aujourd’hui, le monde, à travers ce Sommet Mondial des Gouvernements, pour discuter de la transformation et l’accélération du développement au niveau global. Et c’est avec fierté que je suis ici, pour représenter Madagascar, mon pays.
Ce Sommet est devenu un espace incontournable pour discuter des priorités, des visions futures ; pour favoriser la coopération internationale, en échangeant ses meilleures pratiques, dans le but de trouver des solutions efficaces pour mieux servir l’Humanité.
C’est la raison pour laquelle, la participation de Madagascar à ce Sommet est primordiale car cela nous donne l’occasion de partager notre vision afin d’atteindre nos objectifs communs. Le monde est en pleine mutation avec les avancées technologiques. Il convient à chaque pays de valoriser ses atouts pour harmoniser un développement durable.
En ce qui concerne Madagascar, la plus grande île du continent africain avec ses 5.000 kilomètres de côtes, se positionne comme un pont entre l’Afrique, l’Asie, le Moyen-Orient et toute la région océano-indienne, car il faut savoir que nous abritons, aujourd’hui, 05% de la biodiversité mondiale. Les richesses du pays ne demandent qu’à être exploitées pour atteindre le développement tant attendu depuis des décennies.
Face aux défis rencontrés, et au vu de rattraper le retard de développement accumulé depuis 60 ans, Madagascar s’est penché sur plusieurs secteurs essentiels. Avec 80% de sa population vivant dans les zones rurales, l’agriculture fait partie de nos secteurs prioritaires. Le riz étant la base de l’alimentation de la population malagasy, malgré une production de près de 4 millions de tonnes annuelle, nous sommes encore contraints d’en importer.
L’objectif que nous nous sommes fixés, est de redevenir le grenier rizicole de l’océan Indien dans les années à venir. Pour atteindre cet objectif, l’accessibilité à la terre est une condition indispensable pour pouvoir développer une agriculture pérenne.
En effet, la population rencontre de nombreux problèmes d’ordre foncier, et cela ne l’encourage pas à intensifier la production. Comme vous le savez, au commencement, même Dieu a créé les cieux, la terre et les hommes. Et c’est pourquoi, nous avons le devoir de valoriser cette richesse. C’est l’essence même de notre mission. Cultiver et exploiter la terre, pour, ainsi, nourrir les hommes. C’est la raison pour laquelle nous avons priorisé la distribution de plus de 2 millions de certificats fonciers, qui permettront à plus de 36% des familles malagasy d’être propriétaires de leur terrain. Car la terre est sacrée, c’est même notre identité.
Outre ces défis du foncier, nous allons construire des usines de production d’engrais et nous allons vulgariser des semences abordables, pour rendre accessibles les intrants afin d’augmenter le rendement de la production à l’hectare.
Par ailleurs, nous allons aussi développer l’agriculture, l’agrobusiness à grande échelle, en augmentant les surfaces cultivables de 100.000 hectares, qui permettront d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Je suis convaincu que, dans les prochaines années, Madagascar deviendra le grenier rizicole de l’océan Indien.
Le secteur de l’énergie est également un des piliers essentiels du développement. En effet, notre production énergétique, actuellement, provient essentiellement de groupes thermiques. Le coût élevé du kilowatt/heure rend inaccessible l’énergie et ralentit le développement car seulement 23% de la population ont accès à l’énergie.
Nous allons donc accélérer la transition énergétique à Madagascar, en installant, dans les prochains mois, 60 parcs solaires sur 119 districts à travers toute l’île. C’est un grand pas vers une énergie verte, renouvelable et propre.
La majorité des populations africaines et 75% des familles malagasy n’ont pas accès à l’électricité domestique et s’éclairent encore avec des bougies ou du pétrole lampant. Notre défi est donc de donner un accès à l’électricité à ces familles. Pour cela, nous avons lancé un plan national de distribution massive de kits solaires, à travers un programme que nous avons nommé « Hazavana ho anao » ou la lumière pour tous ou pour chaque foyer que nous allons donc distribuer dans près de 4 millions de ménages qui vont économiser entre 2 et 4 dollars par mois pour chaque foyer.
Cela constituerait près de de 960 millions de dollars d’économie en 5 ans, engendrant, ainsi, l’amélioration du quotidien de chaque famille, entrainant, alors, une croissance économique pour le pays. Ce programme inédit de fournir de l’éclairage dans chaque ménage pour illuminer l’ensemble du pays, y apportera, évidemment le développement.
Dans le domaine de la santé, selon la Banque mondiale : 400 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services de santé, surtout les plus élémentaires. Plus particulièrement en Afrique occidentale et subsaharienne, 93% de la population n'ont pas les moyens de se payer des soins médicaux ou vivent trop loin d'un hôpital pour avoir l’accès à un traitement.
Pourtant, le droit à la santé est un droit universel minimum pour chacun. La problématique du manque d’infrastructures hospitalières, a fait perdre la vie à de nombreuses personnes, même pour les maladies les plus bénignes. Les hôpitaux sont éloignés, les routes ne permettent pas l’accès aux centres de santé. Madagascar a donc instauré des réformes structurelles considérables depuis les 5 dernières années.
Savez-vous qu’un grand pays comme Madagascar, depuis notre Indépendance en 1960, ne compte seulement que 18 centres hospitaliers et universitaires pour une population de 28 millions d’habitants.
C’est ainsi que, depuis le début de mon mandant en 2019, nous avons construit 30 hôpitaux suivant les normes internationales en seulement 5 ans. Proches de la population, ces hôpitaux sont équipés de bloc opératoire et de nouvelles technologies de pointe tels que les scanners. Par ailleurs, 110 centres de santé de base ont été construits à travers 119 districts sur tout le territoire.
Je suis convaincu que c’est une population bien portante et en bonne santé qui peut apporter une contribution au développement de la nation.
Dans le domaine de l’éducation, comme vous le savez, en Afrique comme à Madagascar, plusieurs milliers d’enfants marchent encore pendant plusieurs heures pour rejoindre leur école ou un lieu d’éducation, parfois même sous les arbres et étudient sans toit et sans équipements de base tels que tables et bancs.
C’est pour cela que nous avons relevé le défi de construire 4.198 salles de classe pour scolariser plus de 200.000 élèves en 5 ans seulement. C’est un record à Madagascar qui rayonnera sur le continent africain. Des manuels, des livres pédagogiques et des outils informatiques ont été distribués dans toutes ces écoles. Des cantines scolaires ont été également mises en place.
Nous avons construit des universités et, dans les 5 années à venir, nous allons nous focaliser sur la mise en place d’un programme de formations professionnelles adaptées aux jeunes et aux besoins du marché du travail. Comme sur le continent africain, 75% de la population malagasy est jeune. C’est une force et un avantage que nous devons exploiter au maximum.
C’est dans cet esprit que la politique générale de l’État malagasy s’adresse aux jeunes, à travers la formation, notre objectif étant que chaque citoyen doit être utile et acteur de développement et non un fardeau pour sa famille et qu’il ne devienne pas une charge pour sa communauté et pour le pays.
Nous allons donc investir massivement dans la formation professionnelle pour augmenter la compétence de nos jeunes et réduire le taux de chômage.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Au terme de mon allocution, dans ce même registre, c’est avec satisfaction que nous venons concrétiser des projets de coopération avec les Émirats Arabes Unis, dans le domaine de la digitalisation, à travers le « Digital School » et « Coders Initiative » qui formeront plus d’un million de jeunes sur les Nouvelles technologies.
Étant donné que les jeunes Malagasy sont talentueux et maîtrisent ces outils, ces programmes favoriseront les accès au marché du travail et permettront l’absorption du chômage et du taux de chômage.
Avec les Émirats Arabes Unis, nous avons la confiance d’avoir un partenaire avec un savoir-faire de qualité et des expériences pour accompagner Madagascar vers le développement rapide et durable. L’avenir se résume en la préparation de nos générations futures, à affronter les défis avec des armes technologiques innovantes qui forgeront le monde de demain.
L’espoir de toute génération repose entre nos mains, nous les Leaders d’aujourd’hui. Notre devoir est de les accompagner pour un avenir meilleur.
Vive la coopération entre les gouvernements mondiaux ! Que les Leaders que nous sommes, soient porteurs de la transformation d’aujourd’hui et du développement de demain !
Que Dieu bénisse nos Nations.
Je vous remercie de votre aimable attention »./.
Andry RAJOELINA
Président de la République de Madagascar
Transcription à l’écoute : Jeannot RAMAMBAZAFY