Excellences, Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général des Nations Unis,
Madame la Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement,
Monsieur le Conseiller fédéral de la Confédération suisse,
Distinguée assistance, Mesdames et Messieurs.
C’est avec un immense plaisir que je suis ici à Genève, au Palais des Nations Unis, pour célébrer le 60ème anniversaire de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement. Je tiens à féliciter Madame Rebeca Grynspan, Secrétaire Générale de la CNUCED, pour la tenue et l’organisation de ce Forum de haut niveau. Mettre en avant la vision des pays insulaires en développement comme Madagascar, au cours de cette commémoration, témoigne de l’engagement indispensable à la promotion d’un développement durable, à travers le Commerce et l’Investissement. Le thème de ce forum « Tracer une nouvelle voie pour le développement dans un monde en mutation » répond aux problématiques auxquelles les sont confrontés dans un contexte mondial en constante évolution. Durant les dernières décennies, l’engagement de la CNUCED en faveur d’un ordre international plus juste et plus équitable n’a cessé de se renforcer et de s’adapter aux grands changements mondiaux. L’assistance technique qu’elle a toujours fournie, ses conseils avisés et son plaidoyer continu en faveur des pays en développement sont d’une valeur inestimable. En effet, dans un monde en pleine mutation, tous les pays du monde ont dû revoir leur stratégie de développement pour renforcer la vision d’accélération de l’industrialisation, et l’autonomisation des économies. Les crises en cascade ont entrainé des conséquences dévastatrices sur l’économie mondiale.
La pandémie, le changement climatique ainsi que les récentes guerres et conflits ont généré des instabilités sociales, notamment pour les pays les plus vulnérables qui endurent les conséquences de crises auxquelles ils n’ont pas participé. A titre d’exemple, la hausse des prix du carburant à l’échelle global a influé sur le taux d’inflation. Ce qui a directement impacté la hausse du prix de production de l’énergie mais aussi a influé sur les prix de transport et des produits de base. Cela a impacté sur la croissance économique et sur le pouvoir d’achat de la population. Je tiens ici, à porter la voix de tous les pays les moins avancés, longtemps et violemment victimes des effets néfastes des crises mondiales interdépendantes. Notre devoir de leader est de transformer chaque problème en opportunité. C’est ainsi que, grâce à la technologie, des solutions innovantes sont possibles pour transformer les économies. L’essor du commerce électronique, par exemple, ouvre de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés aux états. En effet, les révolutions technologiques ont permis de lever les barrières et les frontières entre les pays. Pour relever les défis auxquels nous faisons face, nous avons besoin d’une coopération internationale renforcée afin de bâtir un avenir où chaque nation, chaque communauté et chaque individu peut prospérer dans un environnement équitable.
Mesdames et Messieurs, Face à ce contexte, Madagascar s’est armé de stratégies adaptées afin d’atteindre l’émergence en matière de croissance et de développement. Durant mon premier mandat, nous avons renforcé la présence de l’État. Nous avons construit et bâti, sur tout le territoire national, des infrastructures de base proches de la population et dont elle a besoin. 4.198 nouvelles salles de classes ont été construites et ont permis de scolariser plus de 200.000 élèves additionnels. Par ailleurs, plus de 123 Centres de santé de base ont été construits afin de se rapprocher des 119 districts du pays. Mais plus encore, en 5 ans seulement, nous avons construits 30 hôpitaux, 30 nouveaux centres hospitaliers universitaires donc, quand il n’y avait eu que 21 dans tout le pays pour 28 millions d’habitants jusqu’en 2019. Ce deuxième mandat, où le peuple m’a réélu, nous permettra de poursuivre et de concrétiser ces progrès. La Politique générale de l’État malagasy repose sur trois piliers essentiels, à savoir : le développement du capital humain, la transformation économique à travers l’industrialisation, et la bonne gouvernance.
Ces trois piliers sous-tendent les priorités en vue de réduire la pauvreté et améliorer le pouvoir d’achat de la population. La création d’emploi est au centre de nos préoccupations, car chaque citoyen devrait être utile au développement de son foyer, de sa communauté et de son pays. Nous avons mis en place un plan qui assure un accès équitable aux opportunités économiques. Nous avons encouragé l’entrepreneuriat pour soutenir les petites et moyennes entreprises à travers un vaste programme national dénommé « One District One Factory ». Cela a permis de mettre en place 57 unités industrielles réparties dans les 119 districts de la Grande île, notamment des machines de transformation alimentaire, de concentration de tomates, de fromage, de nouilles ; des lignes de production de farine, de grains secs, des usines de torréfaction de café, des lignes de production de savons, des unités d’extraction d’huile végétale, des lignes de production sucrière... L’objectif du programme est de créer de la valeur ajoutée et des emplois, mais surtout permettre l’accès des producteurs à la technologie, l’innovation et la dimension industrielle.
La diversification et le renforcement de nos exportations nous permettent d’équilibrer notre balance commerciale. Ainsi, l’augmentation de l’exportation de nos produits de rente tels que la vanille, le girofle, les letchis, le cacao assure une rentrée de devises conséquente qui stabilise notre monnaie.
Il est primordial d’évoquer particulièrement la vanille qui est un produit stratégique malagasy, réputé pour sa saveur, son goût et sa haute teneur en vanilline. Madagascar est le premier exportateur de vanille dans le monde. La vanille naturelle de Madagascar génère des revenus à tous les acteurs, à différents stades de la plantation jusqu'à l'exportation. Ainsi, Madagascar projette, pour cette année, la construction de notre première raffinerie aurifère qui permettra d’exporter de l’or à travers le monde, de façon légale et contrôlée.
Vous savez, Madagascar est un grand pays riche avec des ressources abondantes. Notre pays est le 3ème exportateur de nickel en Afrique et nos réserves de cobalt, de vanadium, de fer, de bauxite, d’or et de graphite sont estimées à plusieurs milliards de tonnes.
Nous œuvrons pour améliorer le climat des affaires, et, dans cet esprit, nous avons adopté une nouvelle loi sur les investissements et la refonte du code minier. Cela permettra d’accompagner et de faciliter les investissements et, à ce titre, au moins 3 grands projets miniers vont émerger cette année. Les résultats sont au rendez-vous.
En effet, en février 2024, le rapport du Fond Monétaire International avait tablé sur une croissance moyenne du Produit Intérieur Brut du continent africain de l’ordre de 3,8%. Madagascar, quant à lui, prévoit pour cette année un taux de croissance économique de 4,5%. Cela démontre le dynamisme de notre économie.
Notre politique économique vise à diversifier l'économie malagasy afin de stimuler la croissance. Nous accompagnons ainsi l’industrialisation de Madagascar, en encourageons les investissements dans les secteurs agricole, touristique, industriel et technologique pour créer de nouvelles opportunités.
C’est pour cette raison d’ailleurs que mon engagement a été reconnu et primé par l’ONUDI qui m’a décerné en 2020 le titre de Champion de l’industrialisation en Afrique.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Madagascar se joint entièrement au thème de cette célébration du 60ème anniversaire de la CNUCED et soutient la voie qui nous est tracée en appelant tous les pays à l’action, afin de construire ensemble un avenir résilient, équitable et durable.
Je tiens à remercier la CNUCED pour les différents aspects d’assistance technique et de coopération dont Madagascar a bénéficié. Ces soutiens ont permis à mon pays de mener des actions de promotion du Commerce, de l’Investissement, et du Développement économique et technologique.
Je suis confiant que les débats qui seront tenus durant les deux jours aboutiront à des résultats concrets pouvant apporter des approches novatrices pour relever les défis et accélérer le développement tant attendu par nos populations respectives.
Longue vie à la CNUCED,
Longue vie à la coopération multilatérale et à la solidarité entre les pays.
Je vous remercie de votre attention./.
Andry Rajoelina
Président de la République de Madagascar
Retranscription à l’écoute : Jeannot Ramambazafy