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Madagascar: l’Au Revoir à la Camarade Gisou Rabesahala: Photos et vidéos pour la postérité

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Lorsqu’on est mort, on n’est plus vivant. Certains riront de cette Lapalissade. En fait, nous sommes tous en période de transition terrestre, de notre naissance à notre mort. Tout a une fin. Alors quelle est la malédiction qui pousse les êtres humains à se dévorer entre eux ? Ce qu’il va rester de nous, de notre nom, c’est ce que nous aurons effectué durant ce temps temporaire passé ici-bas. Certains ne laisseront en héritage rien du tout car leur vie n’aura été faite que de néant, d’insultes à son semblable, de culte de la personnalité, d’adoration des dieux Argent, Honneur, Pouvoir. Tout cela, personne ne les emportera jamais dans sa tombe ("Ao ambanin'ny rangola"). Et puis, à quoi servira d'être les femmes et les hommes les plus riches du cimetière ?

Heureux descendants qui hériteront de l'oeuvre et de l'enseignement de leur illustre aïeule

Si certains, donc, s'activent à détruire le peu de créativité terrestre qu'ils ont en eux, d’autres, par contre, seront éternels de par leurs œuvres. Parmi eux, Gisèle Rabesahala qui vient de trouver la Paix et la Liberté dont elle a écrit tout un ouvrage. A personnalité exceptionnelle, hommage exceptionnel. Pour ma part, photos et vidéos en disent plus que des mots. En malgache, un proverbe dit : « Ny teny mandalo, ny soratra mitoetra » (les paroles s’envolent, les écrits restent). Mais, en ce troisième millénaire des nouvelles technologies de l’information, les vidéos (du domaine de l’audiovisuel) sont… immortelles. Au Revoir, Camarade Gisou, et à bientôt dans cet au-delà d’où personne n’est revenu pour raconter des âneries de mortels. Nous t'y rejoindrons tous, un jour ou l'autre. Et vous savez quoi ? Je me demande déjà qui va filmer mon enterrement à moi ? C’est cela la lucidité amenant à voir et à vivre cette vie transitoire en rose.Bien qu'il y a un temps pour chaque chose (l'Ecclésiaste 3: 1-15).

Vu au siège de "Fifanampiana Malagasy" à Ampandrana

Voici quelques conseils de l'Abonné -vivant encore- des cimetières que je suis : certes, la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie les gars ! Ô toi qui me lis : regarde-toi dans un miroir et dis-toi tous les jours que ton temps terrestre est compté. Tu as donc le choix entre laisser un héritage de haine et de désolation ou un héritage qui défiera l’espace et le temps. Aussi, parle peu renonce au mal avant qu'il ne soit trop tard -pour toi-; ne maudis pas ta descendance; agis bien et pour le bien de ceux qui te succèderont. Dernière précision : ceux qui ne sont pas sur les photos ci-dessous, vous les verrez dans les vidéos. Regardez bien : les obsèques de Gisèle Rabesahala, ENTIEREMENT FILMEES (donc pas de photos ici, sauf quelques exceptions) comme s’y vous y étiez. Ces instants sont, désormais, immortalisés. Enfin, il n'y a pas eu de passage dans un édifice public religieux lors de ces obsèques. Pourquoi ? Et pourquoi pas ?

Jeannot RAMAMBAZAFY – 1er juillet 2011

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AMPANDRANA

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BIBLIOTHEQUE NATIONALE

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AMBOHIMANGA ROVA

A gauche, Fano, journaiste de la presse écrite

Hery Rakotondrazaka, reporteur d'images. Collègues que l'on voit peu dans les reportages

Membres de la famille et amis personnels. En fait, nous sommes tous de la même famille: celle de la race humaine, les Terriens de passage, en transition

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L’œuvre de Gisèle Rabesahala par l’historienne Lucile Rabearimanana (photo ci-dessous)


Gisèle Rabesahala, la vie bien remplie d’une militante fidèle à ses idéaux

Gisèle RABESAHALA s’est éteinte le 27 juin 2011, après 65 ans de luttes incessantes, pour la défense de la cause de l’indépendance de Madagascar et des détenus et condamnés pour la revendiquer, pour l’amélioration des conditions d’existence des Malgaches, dominés, exploités, réduits au silence, pour la préservation et l’épanouissement de la culture et de l’identité malgaches.

En tant qu’historienne travaillant sur la décolonisation à Madagascar et sur la Première et la Deuxième République, et ayant milité à ses côtés, à mon humble niveau, au Fifanampiana Malagasy, je me dois de rendre hommage à cette personnalité hors pair, à ce mouvement du nationalisme malgache, reconnu sur le plan international pour son combat contre l’exploitation de l’homme par l’homme, pour l’avènement d’une société plus juste, et pour la paix, que fut incontestablement Gisèle RABESAHALA.

Si ses origines ancestrales peuvent la prédestiner à un combat politique noble – elle est issue d’un des éminents conseillers du roi Andrianampoinimerina – son milieu familial immédiat aurait pu la conduire à mener une existence bien tranquille dans le giron de la culture française et du pouvoir colonial. Elle a pris l’option de militer pour la cause de l’indépendance de son pays et pour la fin de l’exploitation coloniale endurée par les Malgaches. Dès 1946, alors qu’elle n’avait que 17 ans et munie du diplôme du Brevet élémentaire (dont le niveau est sans comme mesure avec celui de la classe de Troisième ultérieure), elle fréquente, avec sa sœur ainée, le groupe d’études communistes (GEC), dont la formation dispensée marquera à jamais la future militante.

Dans cette période du début de la décolonisation dans les Territoires d’outre mer français, elle se range du côté des nationalistes malgaches qui revendiquent l’indépendance du pays. C’est ainsi que, par suite de l’insurrection de 1947 et de l’arrestation des trois députés malgaches issus du Mouvement démocratique pour la Rénovation malgache (CMDRM), elle devient la secrétaire des avocats français venus défendre la cause des parlementaires au Grand Procès d’Andafiavaratra (juillet – octobre 1948). Le tribunal prononce 6 condamnations à mort, dont deux concernent les députés Joseph Raseta et Joseph Ravoahangy, plusieurs à la prison à perpétuité, et à 10 à 20 ans. D’autres procès à travers le pays se tiennent jusque dans les années 1950, à l’issue desquels des nationalistes, insurgés ou non, encourent de lourdes peines, et les exécutions capitales se poursuivent jusqu’en 1954.

A. L’équipe des Communisants dans la lutte pour les détenus politiques et leurs familles

La répression policière, qui sévit dans l’ensemble du pays dès qu’est déclenchée l’insurrection, fin mars 1947, jette en prison bon nombre de militants nationalistes, dissout le MDRM et les sociétés secrètes, JINA et PANAMA, rétablit la censure de la presse malgache; les revendications politiques des indépendantistes doivent être modérées. Au lieu de réclamer l’indépendance, même progressive, bon nombre de ceux-ci se replient sur l’évocation du statut d’État libre dans l’Union française. Par contre, l’équipe des Communisants, animée en autres par Gisèle RABESAHALA, et où se regroupent des militants syndicalistes de la Confédération Générale du travail (CGT), des membres du GEC, des journalistes de Gauche, continue à réclamer l’indépendance de Madagascar par le biais de négociations avec les vrais représentants du peuple français. Leurs organes porte-parole, Fraternité – Fihavanana, puis Tenimiera, Lalam-baovao … bravent courageusement la censure, et la surveillance policière.

C’est dans cette ambiance lourde de la répression consécutive à la répression de l’insurrection de 1947 que Gisèle RABESAHALA et ses compagnons de lutte fonde le Fifanampiana Malagasy (Comité de Solidarité de Madagascar), le 03 mai 1950. Le Fifanampiana Malagasy milite en faveur de « toutes les victimes de répressions politiques, et de catastrophes naturelles », selon son statut. Grâce aux journaux cités ci-dessus, et à l’organe du Comité, le Fifanampiana, Gisèle RABESAHALA et l’équipe des Communisants revendiquent la révision du Procès des Parlementaires, puis l’amnistie des condamnés consécutifs à l’insurrection. Bénéficiant de la solidarité internationale des forces politiques anti-impérialistes, et de l’aide de nombreux bienfaiteurs malgaches anonymes, elle revendique le statut de détenus politiques pour ces prisonniers et s’occupe de leurs familles, par le biais des nombreuses sections du Comité disséminées à travers le pays, malgré les menaces proférées par le pouvoir colonial. Le Comité plaide aussi la cause des condamnés et celle de l’indépendance de Madagascar en faisant signer des pétitions envoyées ensuite au Président de la République française par l’intermédiaire des élus de la Gauche française de l’Assemblée nationale.

B. Gisèle RABESAHALA : fondatrice de partis élue de Gauche (à partir de 1956), et ministre

Avec la Loi-cadre de Gaston Defferre, en juin 1956, prélude à l’autonomie des TOM, une ambiance de liberté permet à la presse de s’exprimer, tandis que des partis politiques sont fondés en vue d’élections au suffrage universel pour la mise en place de structures politiques nouvelles. C’est ainsi qu’émerge l’Union du Peuple malgache (UPM) fondée par Gisèle RABESAHALA et l’équipe des Communisants en septembre 1956, dont des sections se créent rapidement dans le pays grâce au réseau du Comité. C’est ainsi que lors des premières élections consécutives à la Loi-cadre, en novembre 1956, Gisèle RABESAHALA est élue membre du Conseil municipal de Tananarive, avec d’autres militants de son équipe. A Diégo Suarez, le maire élu provient de l’UPM. Les luttes pour l’indépendance et pour un ordre politique et social plus favorable aux intérêts des Malgaches, notamment lors des élections provinciales de mars 1957, qui voient le succès de candidats du groupe des Communisants malgré une ambiance anticommuniste persistante dans le pays.

C’est dans ce contexte que se tient le Congrès de Tamatave, les 2 – 3 – 4 mai 1958, qui réunit 10 partis, dont l’UPM, en vue de la mise en commun des revendications concernant l’indépendance du pays. Gisèle RABESAHALA joue un rôle de premier plan lors de cette réunion, qui se prononce pour une République démocratique et unitaire : préserver l’unité nationale de Madagascar contre les prétentions régionalistes et fédéralistes de la Droite conservatrice malgache qui veut maintenir la prépondérance des intérêts coloniaux. C’est en toute logique que Gisèle RABESAHALA présente au Bureau permanent du Congrès de Tamatave, et l’UPM, font voter pour le NON au référendum de septembre 1958 qui signifie l’accès immédiate à l’indépendance du pays - Le Non obtient la majorité des suffrages des votants à Tananarive. Du Congrès de Tamatave nait, en novembre 1958, le Parti du Congrès de l’Indépendance de Madagascar (AKFM), dont Gisèle RABESAHALA devient la Secrétaire générale jusqu’en 1989.

Après la poursuite des luttes politiques, dans l’opposition, sous la Première République, afin que « Vienne la liberté », pour la défense des intérêts du peuple malgache qui continue d’être exploité par les forces néocoloniales, la place de l’AKFM et de sa secrétaire générale se retrouve au pouvoir dans la Deuxième République. Avec la Révolution nationale démocratique et l’application des principes du Livre Rouge, Gisèle RABESAHALA devient Ministre de l’ Art et de la Culture révolutionnaires de 1977 à 1989 ,ce qui lui permet de préserver la culture malgache des influences extérieures, de favoriser son épanouissement et de veiller sur la patrimoine culturelle et matérielle malgache.

C. Gisèle RABESAHALA : la lutte continue

Pendant ce temps là, et depuis que Madagascar a retrouvé sa souveraineté, en 1960, le Fifanampiana Malagasy poursuit, jusqu’à nos jours, ses luttes pour l’amélioration des conditions d’existence des Malgaches. Elle œuvre aussi dans le domaine social, par la fondation d’écoles, de dispensaires dans le pays profond, d’un Centre de Soins et de Santé dans la capitale. Elle continue aussi son combat contre la pauvreté et vient au secours des victimes des catastrophes naturelles. Elle continue aussi à militer pour maintenir vivante la mémoire des insurgés de 1947 et de leur idéal national chez les citoyens malgaches.

D. Une militante hardie infatigable, intransigeante sur les principes

Une jeune Malgache qui ose se lever pour s’opposer au pouvoir colonial en 1947 ! Une jeune Malgache qui réclame l’indépendance de son pays, et qui s’allie aux Communistes français et internationaux ! Une jeune Malgache qui « fait de la politique » : pour ses compatriotes, c’est « milinginlingy », c’est se hasarder dans une activité qui ne convient pas au « fanaka malemy », au sexe faible. La femme ne doit exister ni s’exprimer que dans la sphère du privé. Gisèle RABESAHALA a bravé toutes ces difficultés, tous ces préjugés, et elle a toujours réussi dans ses combats, grâce à son charisme, sa capacité d’organisation. Elle a toujours forcé l’estime et l’admiration, non seulement de ses compagnons de lutte mais aussi de ses adversaires, malgaches et étrangers, grâce à sa fidélité, à ses idéaux de nationalisme, de justice, d’équité et de paix et à sa persévérance, militer à ses côtés, c’est aussi sûr d’être écouté, de recevoir des propositions d’actions concrètes et d’être soutenu. Femme de principe, elle doit rester un modèle pour les hommes politiques malgaches de tous les temps, ses idéaux restent valables quels que soient les changements de contexte politique. Tout citoyen malgache devrait prendre leçon sur ses principes politiques, civiques et moraux.

Gisèle RABESAHALA nous quitte. Mais elle laisse un héritage précieux pour les Malgaches et pour les forces démocratiques du monde entier.

Lucile Rabearimanana

Samedi 02 juillet 2011


Photos et vidéos de cet hommage : Jeannot RAMAMBAZAFY (auto-portrait)

Mis à jour ( Mercredi, 06 Juillet 2011 19:30 )  
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