Président du Collectif de quelques associations malgaches en France, Razafisambatra Louis De Mon Désir (photo) ne cesse d’ouvrir le débat à toute la classe politique et à la société civile, concernant l’avenir de Madagascar. Qui n'engage que lui-même, au nom de la liberté d'expression exempte d'insultes et de dénigrements systématiques. Cela va de soi.
« Je tiens à rappeler que depuis 1991, la population malgache ne cesse de brandir bien haut le fanion de sa prise de conscience pour dénoncer sa situation de précarité et revendiquer l’amélioration de son niveau de vie. Malheureusement, tous les dirigeants successifs continuent à ne pas prendre en considération cette soif de changement ; autant dire, ils se succèdent et se ressemblent. C’est bien dommage aussi que la SADC s’embourbe, peut être inconsciemment, dans cette mauvaise gouvernance en n’incitant pas les chefs de file des quatre mouvances à discuter les véritables problèmes de fond, responsables de la crise répétitive à Madagascar et même dans les pays pauvres.
Les dirigeants de la Haute Autorité de Transition, les ex-présidents de la République, la SADC et les autres acteurs internationaux, doivent reconnaître en toute modestie que les causes de cette pauvreté grandissante de la majorité des malgaches et la crise politique chronique dans le pays peuvent être résumées comme suit :
-L’inexistence d’un modèle économique bien adapté aux aspirations de tous les citoyens et voué à bien répartir le revenu national, cette carence bien délibérée ayant surtout pour objectif l’entretien de toutes formes d’égoïsme et de conflits d’intérêts ;
-Le maintien d’un tel statu quo est également destiné à faire sombrer nos compatriotes dans ce qu’on appelle « le dilemme du prisonnier », c'est-à -dire utiliser toutes les stratégies susceptibles de les empêcher à avoir une mentalité partisane d’une création de richesse afin de les abandonner dans un état d’esprit égoïstique accumulateur ; (une des conséquences de ces mauvaises manipulations centrées sur « l’argent roi » est que certains malgaches ont tendance à ne revendiquer ses droits que si on les finance) ;
-Aucun arbitrage n’a été fait entre croissance et équité, arbitrage qui devrait avoir lieu conformément aux diverses réalités sociales ;
-Des projections de croissance à long terme n’ont pas été prises ;
-On a même accepté presque dans l’aveuglement une compatibilité de croissance qui suppose une technologie très avancée, alors que les paysans malgaches n’ont que d’instruments très rudimentaires pour cultiver leurs terres ;
-L’on n’a pas fait une transparence sur les éventuels fondements de la croissance économique et l’on ne sait pas s’il s’agit d’une croissance endogène ou exogène ; par conséquent on n’a jamais mis en exergue que l’efficacité de la production repose sur les relations entre tous les acteurs économiques ;
-En cette période de mondialisation, on ne connait pas non plus les effets des marchés sur la croissance économique parce que l’on n’a jamais précisé le moment opportun où l’Etat malgache doit prendre les grandes décisions ;
-Non seulement nous n’avons pas de technologie fiable, mais encore l’on n’a pas mis en avant les incitations économiques très efficaces ;
-Depuis les années 1980-1990, le pays est bel et bien dans la mondialisation mais l’investissement sur la recherche sensé à créer de nouveaux produits, demeure un sujet tabou à Madagascar.
-Les pratiques comptables peu satisfaisantes n’ont pas permis de résoudre le problème de différence de niveau d’information entre les banques et la masse populaire ;
-Notre pays ne s’est pas opposé à la mondialisation, mais bizarrement il n’y a aucune politique créatrice de marchés d’obligations d’entreprises, de marchés de capitaux et de marchés obligataires ;
-Aucune transparence concernant la discipline que les entreprises doivent respecter ;
-On n’a pas osé à remettre en question le partenariat qui a négligé les avantages comparatifs des secteurs public et privé ;
-Les contrats commerciaux et économiques, les structures tarifaires commerciales avec les autres pays n’ont pas fait l’objet d’une transparence ; il en est de même pour la valeur ajoutée nationale qui doit être normalement répartie équitablement ;
-Les accords d’entraide internationaux pour sauver notre banque centrale en période de crise monétaire sont dans la soi-disant discrétion d’un « club fermé »
-Pour préserver in aeternam le chômage de masse, aucune mesure susceptible de rendre efficace l’appareil de production n’est même pas le cadet des soucis des dirigeants respectifs ;
-On n’a pas fait preuve de volonté politique d’engager un débat avec les bailleurs de fond internationaux pour trouver de solution de fond à ce qu’on appelle « progrès technique biaisé », un des responsables de la paupérisation de la Nation malgache ;
-Des décisions pour solutionner les déséquilibres monétaires, facteurs d’aggravation de la misère, n’ont pas été débattues sérieusement ;
-Il n’y avait pas non plus d’audace politique pour faire accompagner la dette et les aides financières octroyées par les bailleurs de fond internationaux par des stratégies et mesures permettant de faire face aux diverses distorsions internes et à la corruption ; de plus, on n’a pas bien vérifié si les divers flux de capitaux sont équilibrés ;
-On a toujours mis les bâtons dans les roues pour qu’il n’y ait pas un système national de crédit ;
-L’interdiction d’une loi autorisant les citoyens à avoir les informations financières et ordonnant une supervision prudentielle par les intermédiaires financiers professionnels pour que les pays tire honnêtement des intérêts aux capitaux étrangers, grossit le rang des sujets tabous à Madagascar ;
-Non installation de technique moderne qui doit protéger l’économie malgache face aux probables risques provoqués par la mondialisation financière et économique ;
-Les dettes ou emprunts de notre pays auprès des banques étrangères n’ont presque pas d’impact sur la croissance économique, parce que la structure de nos banques est malhonnêtement maintenue à être sous capitalisée ;
-Certains dirigeants malgaches, par psychose de peur des pressions internationales, ont toujours adopté une mentalité de « trop assisté » (rapport de béni oui oui) vis-à -vis des bailleurs de fond internationaux, alors que la banque mondiale elle-même a déjà déclaré en Asie que 30 à 40% des financements des projets par le truchement du partenariat public-privé ont entraîné de graves problèmes ;
-De l’extérieur, on a même empêché directement ou indirectement, l’élaboration d’une loi ordonnant la facilitation de la lutte contre le risque de change.
Tout cela pour suggérer que la problématique de Madagascar est cette situation catastrophique de pauvreté, qui fait patauger la majorité du peuple malgache dans l’assomption du désespoir de ne jamais trouver de point final à la quête de vérité en matière du sens de l’existence. En d’autres termes, les deux faces de cette problématique sont : le cercle vicieux de la pauvreté et l’éternel recommencement, engendrés par l’absence de changement de pédagogie et de méthodologie de gouvernance aussi bien aux plans national qu’international. Précisément, les chefs de file des quatre mouvances, la SADC, entre autres, ne sont pas épargnés par cette gouvernance lacunaire et n’ont plus droit à sacrifier les malgaches pour raison de calcul électoraliste et de pure logique d’intérêts.
En effet, on ne nous a donné que la souveraineté politique ; notre souveraineté financière, économique est confisquée depuis cinquante ans ;
Pour ces raisons et pour l’instauration d’une paix sociale dans le pays, je propose les solutions de crise ci-après :
-L’acharnement à toute décision unilatéraliste est dépassé parce que les chefs de file des quatre mouvances, la communauté internationale ont tous des « casseroles politiques »,
-Les dirigeants de la haute autorité de transition ne peuvent pas se prévaloir d’une légitimité populaire parce qu’au cours du référendum les votes exprimés n’ont atteint qu’un pourcentage très bas de 26% et il n’y a que les 75% de ces 26% qui ont voté « oui » ; ce qui justifie la revendication de la refonte du code électoral et de la constitution même : c’est en fait un problème juridique et de représentativité politique, nationale, à soumettre dans un prochain débat qui s’avère un impératif pour éviter l’enlisement de notre pays dans un conflit déraisonnable;
-Laisser tous les prétendants à la magistrature suprême de l’Etat à se présenter à la prochaine élection présidentielle ; mais dans le cas contraire, le président de la haute autorité de transition, Andry Nirina Rajoelina et les autres dirigeants de cette institution transitoire n’ont pas eux aussi le droit de se présenter parce qu’ayant utilisé les moyens de l’Etat pour faire leur précampagne déjà pendant deux ans et demi, ils ont tous violé le principe de l’égalité des chances ; la démission deux mois avant le scrutin n’est pas alors raisonnable ; et sans parler bien sûr de l’impunité des trafiquants de bois de roses et autres ;
-Organisation d’un débat national démocratique pour élaborer un contrat des futurs dirigeants avec le peuple afin de mettre fin aux mauvaises habitudes. Une charte citoyenne à insérer dans la constitution et qui aura une valeur constitutionnelle sera la concrétisation de ce contrat civique.
-En cas de désaccord total et irrémédiable des leaders des quatre mouvances, une personnalité politique compétente pour faire acheminer le pays vers une véritable troisième voie sera une nécessité absolue. »
Paris, le 28 Juin 2011
Razafinsambatra Louis De Mon Désir