Olga Strietska-Ilina
Avec l’augmentation de la population, le besoin de qualifications s’accroît aussi
La « guerre des talents » à l’échelle mondiale devrait s’intensifier une fois que les économies seront rétablies, déclare l’OIT à la veille de la Journée mondiale de la population, le 11 juillet.
GENÈVE (OIT Info) – Alors que la population mondiale croît, il en va de même pour la demande d’emplois. Paradoxalement, le déficit mondial de qualifications va lui aussi se creuser.
Certains pays sont confrontés à des sociétés vieillissantes, d’autres à une forte expansion de leur population jeune, mais tous doivent améliorer le développement des compétences pour répondre aux besoins actuels et anticiper les demandes futures.
Dans l’ensemble, la population mondiale vieillit. La proportion de la population âgée de 60 ans et plus va augmenter dans les régions développées pour passer de 22 pour cent en 2010 à 33 pour cent en 2050, et de 9 à 20 pour cent dans les régions moins développées, selon les Perspectives de la population mondiale des Nations Unies.
Combler les lacunes en matière de qualifications…
Il va devenir de plus en plus difficile de trouver les bonnes compétences au bon moment. Alors que la population en âge de travailler décline, le rythme des changements technologiques et de l’innovation s’accélère, et les marchés émergents deviennent plus concurrentiels et doivent attirer des talents. Même en période de crise, quand le réservoir de compétences est vaste, les entreprises ne réussissent pas toujours à trouver les talents dont elles ont besoin en raison du décalage entre l’offre et la demande de compétences.
« A long terme, ce décalage devrait s’accentuer malgré des prévisions indiquant que le nombre de demandeurs d’emploi va enfler pour atteindre 210 millions en 2016 », affirme une spécialiste du développement des compétences au BIT, Olga Strietska-Ilina.
La «guerre mondiale des talents» devrait s’intensifier quand les économies auront redémarré.
Selon une étude menée par le Groupe Manpower auprès des entreprises de 41 pays et territoires, environ un tiers des employeurs connaissent déjà des difficultés pour satisfaire leurs offres d’emploi parce qu’ils ne réussissent pas à trouver des candidats disposant des qualifications nécessaires.
La progression des flux internationaux de travailleurs migrants peut contribuer à pallier les carences dans certains pays, mais tout le défi consiste à ne pas créer de déficit dans les pays d’origine des migrants.
... exige d’adapter la formation
L’une des solutions pour résoudre l’inadéquation des qualifications disponibles par rapport aux demandes du marché du travail est d’améliorer la réactivité de l’éducation et de la formation aux changements technologiques, aux défis de l’environnement et du changement climatique, aux exigences du commerce et de la compétitivité.
Dans de nombreux cas, le contenu et la structure de l’offre de formation doivent être profondément remaniés et les formateurs doivent être à nouveau formés pour que les programmes de qualification s’adaptent au monde du travail d’aujourd’hui – et de demain.
Dans les pays en développement, une bonne partie de la main-d’œuvre disponible n’est pas suffisamment productive pour gagner un revenu décent. «Des stratégies de développement des compétences bien conçues et intégrées au sein des politiques générales en matière d’économie, de développement, d’industrie, de commerce et de technologie peuvent jouer un rôle majeur pour attirer les investisseurs et exploiter le potentiel d’emploi des secteurs en croissance», ajoute Mme Strietska-Ilina.
« Les compétences peuvent devenir une force motrice pour faire progresser la production dans la chaîne de valeur ajoutée et rendre les entreprises plus compétitives sur les marchés mondiaux ».
Le vieillissement de la population, ainsi que le rétrécissement possible du marché du travail, est un défi majeur pour la plupart des économies développées ou en développement. Dans ces pays, des mesures destinées à ramener vers le marché du travail des personnes économiquement inactives, y compris l’apprentissage tout au long de la vie, seront indispensables.
Dans de nombreux pays en développement, le poids relatif des jeunes augmente et continue de défier les capacités d’éducation et de formation et les taux de création d’emplois. Les programmes doivent répondre précisément aux exigences du marché du travail en vue de garantir que les jeunes sont dotés des compétences nécessaires pour entrer sur le marché du travail – un élément vital au moment où 75 millions de jeunes gens sont au chômage.
OIT Genève : Article | 10 juillet 2012 – www.madagate.com