Stéphane Hessel, l'auteur de "Indignez-vous", Best seller paru en 2010, et vendu à plus de 500.000 exemplaires, est décédé dans la nuit de mardi 25 février 2013. Ecrivain, résistant, diplomate, ambassadeur et militant politique français, Stéphane Hessel était âgé de 95 ans. Voici les 5 préceptes qu'il faut retenir après la lecture de cet ouvrage, en guise d'hommage de madagate.com à ce grand homme qui laissera des traces indélébiles à la postérité après son long passage ici-bas.
Quoi que pense certains de Stéphane Hessel, encore faut-il accomplir l'exploit de vivre aussi longtemps -un âge canonique- dans ce monde de bruits et de fureur. Et peu de Malgaches de l'actuelle génération connait qu'un certain Stéphane Hessel a existé.
1 - Trouver un motif d'indignation
Selon Stéphane Hessel, ancien résistant qui prône les valeurs véhiculées pendant cette période de l'Histoire de France, les raisons de s'indigner existent. Il suffit de les chercher. "Les raisons de s'indigner peuvent paraître aujourd'hui moins nettes ou le monde trop complexe. (...) Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire 'Je n'y peux rien, je me débrouille'".
Le traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms sont autant de raisons pour l'auteur de s'indigner. "Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé".
2 - Changer de système économique
"L'actuelle dictature internationale des marchés financiers (...) menace la paix et la démocratie". Dans «Indignez-vous», l'auteur met en cause notre système économique, dénonçant les écarts de richesses grandissants. Nous n'avons pas su, constate-t-il, tirer les leçons des erreurs de la crise économique, pourtant dévastatrice. "L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important: et la course à l'argent, la compétition, autant encouragée". Et de proposer comme alternative que "l'intérêt général"prime sur "l'intérêt particulier", et le "juste partage des richesses créées par le monde du travail"sur le "pouvoir de l'argent".
3 - Mettre fin au conflit israélo-palestinien
Farouche défenseur de "la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie", l'ancien résistant s'est attiré les foudres de plusieurs associations en appelant au boycott des produits israéliens. Revenant sur l'opération "Plomb durci", Stéphane Hessel écrit: "Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c'est insupportable. Hélas, l'Histoire donne peu d'exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire". Après la publication de son ouvrage d'une vingtaine de pages, l'ancien résistant a été visé par trente plaintes pour antisémitisme.
Stéphane Hessel et le Dalaï-Lama
4 - Choisir la non-violence
Convaincu que l'avenir "appartient à la non-violence", Stéphane Hessel refuse d'excuser les "terroristes qui jettent des bombes". Mais il affirme qu'on "peut les comprendre". "On peut se dire que le terrorisme est une forme d'exaspération. Et que cette exaspération est un terme négatif. Il ne faudrait pas exaspérer, il faudrait espérer. L'exaspération est un déni de l'espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu'elle est naturelle, mais pour autant elle n'est pas acceptable". Et d'ajouter, en se désolidarisant de Jean-Paul Sartre : "Se dire 'la violence n'est pas efficace', c'est bien plus important que de savoir si on doit condamner ou pas ceux qui s'y livrent".
5 - Endiguer le déclin de notre société
D'importants progrès ont été faits depuis 1948, concède Stéphane Hessel. La décolonisation, la fin de l'apartheid, la chute du mur de Berlin... Mais cette tendance tend, selon lui, à s'inverser depuis les années 2000. "Les premières années du XXIè siècle ont été une période de recul. Ce recul, je l'explique en partie par la présidence américaine de Georges Bush, le 11 septembre, et les conséquences désastreuses qu'en ont tirées les Etats-Unis, comme cette intervention militaire en Irak". "Nous sommes à un seuil, entre les horreurs de la première décennie et les possibilités des décennies suivantes. Mais il faut espérer, il faut toujours espérer".
Jamel Debbouze et Stéphane Hessel
Pour ma part, je conseille vivement de toujours garder l'amour de la lecture. La base même du journalisme étant de s'informer avant d'informer les autres. Afin d'éviter toute désinformation qui semble être l'essence même de certains «journalistes» de tout horizon. Mais rien ne viendra jamais à bout de la vérité de l'Histoire basée sur des faits réels, vécus et véridiques. Enfin, il n'y a pas d'hommes cultivés, il n'y a que des hommes qui se cultivent. Tiens, j'ai déjà l'idée d'un prochain livre: «Tant qu'il y aura des témoins».
Recueillis par Jeannot Ramambazafy – jeudi 27 février 2013