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Madagascar et Unicef. Principaux résultats de l’analyse des privations multiples des enfants

COMMUNIQUE DE PRESSE CONJOINT

La pauvreté multidimensionnelle touche deux enfants sur trois à Madagascar, selon les résultats d’une analyse faite par le gouvernement de Madagascar en collaboration avec l’UNICEF

Antananarivo, 03 novembre 2020. Le gouvernement de Madagascar et l’UNICEF ont présenté ce jour les principaux résultats de l’analyse des privations multiples des enfants. Cette étude a été réalisée conjointement avec l’Institut National de Statistique et va servir de ligne de référence pour le suivi de l’indicateur sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants dans le pays.


Madagascar pourra, pour la première fois, prioriser les plus pauvres dans les interventions programmatiques. Les résultats de l’analyse des Chevau­chements des Privations Multiples des enfants ou MODA (Multidimensional Overlapping Deprivation Analysis), développée par l’UNICEF, qui permettra de faire le suivi sur la pauvreté des enfants sont lancés ce jour en rendant public des données sur les privations de l’enfant sur de nombreux domaines.

L’étude a été réalisée depuis le mois de janvier à travers les données de l’Enquête nationale sur la situation socio-démographique des ménages (MICS-6) de Madagascar, en collaboration avec le Ministère de l’Economie et Finances, l’Institut National de Statistique et Oxford Policy Management. Dans cette analyse, les privations matérielles et le bien-être des enfants en général ont été évalués.


La méthodologie MODA consiste à prendre l’enfant (et non le ménage) comme unité d’analyse et met l’accent sur le bien-être des enfants en reconnaissant les différents besoins à différentes étapes de leur vie. En outre, l’analyse comprend des privations que subissent les enfants et qui se chevauchent. En effet, plus un enfant souffre de privations simultanées, plus il sera désavantagé. Comme exemple, un enfant qui est malnutri et vit loin d’un centre de santé sera moins capable de faire face à une maladie. Pour cette raison il est important de savoir non seulement combien d’enfants souffrent de différentes privations, mais également si ce sont les mêmes enfants qui souffrent des différentes privations et réorienter les priorités stratégiques du développement pour attendre plus d’équité dans les conditions de vie des enfants. Les dimensions de la pauvreté considérées sont : la santé, la nutrition, l’éducation, l’eau et l’assainissement, l’habitat et la communication. Un enfant est dit multidimensionnellement pauvre s’il souffre de privations matérielles dans au moins deux dimensions.

L’analyse a révélé que plus de deux tiers (67.6%) des enfants Malgaches souffrent de privations matérielles dans au moins deux dimensions de bien-être simultanément et 23.7% souffrent de privations dans quatre ou plus dimensions de bien-être. Aussi, la proportion d’enfants pauvres est plus élevée dans le Sud et l’Ouest du pays, alors que le plateau central et le Nord-Est du pays, ont les taux de pauvreté les plus bas. Dans les régions d’Atsimo Andrefana et Ihorombe, par exemple, près d’un enfant sur deux (49.3% et 49.1%, respectivement) souffre de privations matérielles dans au moins 4 dimensions de bien-être simultanément, contre moins de 5% à Analamanga.


Notons cependant qu’avec la crise sanitaire due au COVID-19, la pauvreté s’est probablement accrue tant au niveau des ménages qu’au niveau des enfants - 1,3 million d'enfants supplémentaires risquent de tomber dans la pauvreté d'ici la fin de l'année selon des simulations préliminaires de l’UNICEF. « Nous pensons qu'une information précise et actualisée sur les indicateurs de développement est la première étape de toute stratégie réussie, et donc l'objectif essentiel de ce rapport d’analyse », a expliqué Monsieur Michel Saint-Lot, représentant de l’UNICEF a Madagascar qui rajoute que L'UNICEF est pleinement engagé dans cette tâche et désireuse de continuer à travailler aux côtés de ses partenaires nationaux et internationaux.

« A chaque fois que les opportunités vont se présenter, le gouvernement malagasy ne manquera pas de mettre à jour les indicateurs élaborés sur la base d’une analyse multidimensionnelle de la pauvreté à partir des grandes enquêtes nationales afin de disposer de données pour le suivi des progrès vers l’atteinte de l’ODD 1, relatif à la pauvreté sous différentes formes, et notamment celle des enfants », a déclaré Monsieur Laurent Ampilahy, D.G de l’INSTAT.


Les résultats de l’étude :

· Plus de deux enfants sur trois (67.6%) sont multidimensionnellement pauvres à Madagascar, signifiant qu’ils souffrent de privations matérielles dans au moins deux dimensions différentes de bien-être. 23.7% des enfants sont en situation de pauvreté extrême (4+ dimensions de bien-être).

· Le taux de pauvreté extrême est plus de deux fois plus élevé en milieu rural (27%) qu’en milieu urbain (13%). Le Sud-Ouest du pays est le plus gravement affecté : près d’un enfant sur deux vit dans l’extrême pauvreté dans les régions d’Atsimo Andre (49.3%) et Ihorombe (49.1%).

· Les enfants cumulant plusieurs facteurs de vulnérabilité sont particulièrement susceptibles d’être pauvres. Par exemple, l’analyse montre que le taux de pauvreté extrême est presque 7 fois plus élevé chez les enfants vivant dans des ménages dirigés par des femmes sans éducation et non-chrétiennes en milieu rural (53.4%), que chez les enfants ne présentant aucune de ces caractéristiques (7.4%).

· Il existe des poches de privations sévères se cachant au sein de ménages non-pauvres. Par exemple, l’analyse montre que les enfants confiés et les doubles orphelins sont particulièrement susceptibles de souffrir de plus de privations que d’autres enfants du même ménage. En particulier, ces enfants sont deux fois plus susceptibles que la moyenne de subir des violences sexuelles. Les enfants handicapés tendent également à avoir plus de privations que d’autres membres du ménage, surtout dans le domaine de la nutrition, de l’éducation et des vaccinations.

· Les garçons tendent à avoir beaucoup plus de privations que les filles dans le domaine de l’éducation. Ceci pourrait, en partie, s’expliquer par le fait que les garçons sont plus susceptibles que les filles de travailler. Les garçons sont également plus susceptibles d’être victimes de discipline violente. Par contre, les filles sont plus susceptibles d’avoir à faire la corvée d’eau.

· L’éducation des parents, surtout de la mère, est fortement associée avec une réduction des privations chez les enfants, même après avoir pris en compte que les parents plus éduqués tendent à être plus riches, plus urbains, et plus âgés que la moyenne. Cependant, au-delà du niveau primaire, d’autres pressions sociales et économiques rentrent en jeu, qui peuvent négativement affecter le bien-être de certains enfants (non-allaitement, violences, etc.).

A quelques jours de la célébration des 30 ans de la signature de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant par Madagascar, cette étude est encore plus importante pour mettre les enfants - qui représentent 50 % de la population - au centre des politiques de développement.

Pour télécharger le rapport complet :

https://www.unicef.org/madagascar/rapports/les-privations-multiples-des-enfants-madagascar

 

 

Mis à jour ( Mercredi, 04 Novembre 2020 15:29 )  
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