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Madagascar. De mal en pis pour Rajaonarimampianina vers la guerre inter-armées

Images passées en boucle sur la Tvm, d'hommes en tenue de combat, qui font plus peur qu'être rassurants

Tiens, pour la première fois, il semble que le régime malgache actuel semble avoir compris ce que « gouverner c’est prévoir » veut dire. Mais, il prend un sens tout à fait étrangement différent en ayant écouté la déclaration, dans un français hésitant, du Général Dominique Rakotozafy, ministre de la Défense nationale, le 30 mai 2015. Un discours pour rassurer la communauté internationale mais pour terroriser encore plus les 23 millions de Malgaches.


Devant les micros, le Général Dominique Rakotozafy qui fait un mauvais copié-collé du texte du Général Edmond Rasolomahandry (lire plus loin)

« Pour coordonner la politique nationale, en tant que dernier rempart de l’unité nationale, et jaloux des valeurs républicaines et des principes démocratiques, nous n’allons pas accepter un changement anticonstitutionnel de régime et ceci devrait se faire selon la constitution en vigueur, pour éviter une nouvelle crise au pays.

Il y a d’abord les forces armées et la police nationale. On a fait appel à eux pour assurer la sécurité tout en respectant les lois, règlementations et la discipline en vigueur. Nous allons aussi faire appel à la sagesse de tous les citoyens et surtout les politiciens pour ne pas inciter les forces de l’ordre à aller au-delà de la discipline ou à inciter les citoyens malgaches à une confrontation interne. Et, en dernier lieu, nous avons exhorté les citoyens malgaches à être sereins et continuer leurs activités quotidiennes, en attendant la sortie de la décision de la Haute cour constitutionnelle ».


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Chapitre IV. De la Haute Cour de justice.

Article 131.

Le Président de la République n'est responsable des actes accomplis liés à l'exercice de ses fonctions [version de l'AN : des actes accomplis dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions] qu'en cas de haute trahison, de violation grave, ou de violations répétées de la Constitution, de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat.

Il ne peut être mis en accusation que par l'Assemblée nationale au scrutin public et à la majorité des deux tiers de ses membres.

Il est justiciable devant la Haute Cour de justice. La mise en accusation peut aboutir à la déchéance de son mandat.

Article 132.

Si la déchéance du Président de la République est prononcée, la Haute Cour constitutionnelle constate la vacance de la Présidence de la République ; il sera procédé à l'élection d'un nouveau Président dans les conditions de l'article 47 ci-dessus. Le Président frappé de déchéance n'est plus éligible à toute fonction publique élective.

Article 133.

Les présidents des assemblées parlementaires, le Premier ministre, les autres membres du Gouvernement et le président de la Haute Cour constitutionnelle sont pénalement responsables, devant la Haute Cour de justice, des actes accomplis liés à l'exercice de leurs fonctions et qualifiés de crimes ou délits au moment où ils ont été commis.

Ils peuvent être mis en accusation par l'Assemblée nationale statuant au scrutin public à la majorité absolue de ses membres.

L'initiative de la poursuite émane du Procureur Général de la Cour suprême.

Article 167.

Afin de respecter le prescrit constitutionnel, le Président de la République, dans un délai de 12 mois à compter de son investiture, invite les Instances compétentes à désigner les membres qui composeront la Haute Cour de justice afin de procéder dès l'expiration de ce délai à l'installation de la Haute Cour de justice. Toute partie justifiant d'un intérêt peut saisir les institutions compétentes de demande de sanction en cas de carence.

En ce qui concerne le Président de la République, exceptionnellement, l'instance compétente est la Haute Cour constitutionnelle qui serait autorisée à prendre les sanctions qu'aurait pu prendre la Haute Cour de justice si elle était installée.

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Pour les super diplômé(e)s et super juristes, qu'ils sachent que la Haute cour de justice n'a jamais été mise en place pour la simple raison qu'aucun des membres qui la composent, en son état actuel, n'a jamais prêté serment.


Pour en revenir au Général Dominique Rakotozafy, il a parlé au présent, comme si le rejet de la requête en déchéance a déjà été rejetée par la HCC. Partant, il s’agit bel et bien d’une menace contre le peuple malgache lui-même alors qu’il a osé avancer les « principes démocratiques » dont l’essence même est le gouvernement par et pour le peuple. La majorité des députés qui ont signé la requête en déchéance sont les représentants élus de ce peuple et ils ont agi selon l’article 131 de la constitution malgache. Que signifie donc « nous n’allons pas accepter un changement anticonstitutionnel de régime et ceci devrait se faire selon la constitution en vigueur » ?

"Ho an'ny Tanindrazana" - Pour la Patrie. Laissez-moi rire

Tout simplement que le schéma vécu et entendu depuis 1991 va se répéter. Seulement, cette fois-ci, à voir les mines patibulaires de la nouvelle génération de militaires trop hâtivement promus, Madagascar fonce droit vers une guerre civile qu’on ne cessait de craindre depuis très longtemps. Pourquoi ? Parce que ces militaires ne forment qu’une infime partie de l’ensemble des forces armées malgaches. Momentanément, c’est Hery Rajaonarimampianina qui porte le titre de Chef suprême des forces armées. Directement donc, le Général Dominique Rakotozafy -qui fait partie de sa belle-famille- obéit directement sous ses ordres. Et, au lieu de défendre la patrie, selon le fameux « ho an’ny Tanindrazana », ils défendent leur chef "suprême" mais surtout leurs intérêts matériels du moment.


les sous officiers de CAPSAT

Cliquez ici pour savoir pourquoi les sous-officiers de l’Armée, au sein du CAPSAT Soanierana, se sont rangés aux côtés du peuple, en mars 2009

Seulement, tôt ou tard, un corps comme le Capsat en 2009, va réagir et la « confrontation interne » se fera d’abord entre militaires et pour de bon cette fois-ci.

Au centre, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, contraint de démissionner de son poste de ministre de la Défense de Marc Ravalomanana, le 12 mars 2009

Mercenaires étrangers sur la place du 13-Mai, début mars 2009

Une vraie guerre inter-armées, sans plus besoin de faire appel à des mercenaires étrangers. Car il est clair que ceux rangés derrière le Général Rakotozafy se défendront pour de bon aussi. On est assez loin donc de l’épisode où le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, alors ministre de la Défense sous Marc Ravalomanana, a été prié de démissionner puis de quitter son bureau d’Ampahibe, le 12 mars 2009, par des officiers sous ses ordres. Sans effusion de sang.

Mais auparavant, le 10 mars 2009, il y eu aussi la déclaration du Général Edmond Rasolomahandry, Chef d’Etat-major général de l’Armée, dont voici la teneur :


Le Général Edmond Rasolomahandry qui, lui, était assis en 2009

«Déclaration ! Devant le profond problème d’ordre politique qui mine le pays ; nous forces de l’ordre : militaires, gendarmes, policiers au niveau national, faisons la déclaration présente : Pour sauvegarder l’intérêt supérieur de la nation, pour préserver l’unité des forces de l’ordre : 1. Nous raffermissons notre respect le plus total de la charte démocratique et républicaine dans l’exercice de nos fonctions et le respect des lois en vigueur ainsi que des règlements disciplinaires qui s’imposent ; 2. Nous condamnons fermement la détérioration du tissu économique, de l’environnement social et de l’unité des forces armées pour des raisons d’ordre politique qui prévalent dans le pays ; 3. Il faut que cessent définitivement les provocations et les manifestations politiques ainsi que les actes irruptifs entrainant le désordre. Pour résumer, nous assurons que nous ne prendrons parti pour aucun partie actuellement en conflit et nous invitons respectueusement les responsables politiques, les entités politiques, la société civile nationale et les représentants de toutes les forces vives de la nation à se rencontrer sans délai afin de trouver des solutions à la crise actuelle dans les 72 heures. Passé ce délai, nous, forces de l’ordre, allons prendre en mains les affaires de la nation pour sauvegarder son intérêt supérieur ainsi que l’unité nationale».


Mais rien n’a pu arrêter la chute de Marc Ravalomanana. Le 17 mars 2009, une semaine après la déclaration du Général Rasolomahandry, il a dissous son gouvernement, a transmis les pouvoirs à un directoire militaire inconnu dans la constitution et s’est enfui en Afrique australe sans demander son reste. Concernant Hery Rajaonarimampianina, cela va donc de mal en pis, à force d’ignorer les leçons de l’Histoire politique malgache, pourtant assez récente.

7 février 2009, devant le palais d'Ambohitsorohitra. Ce n'est donc pas suffisant pour assouvir la soif de pouvoir d'un dictateur ?

Il suffira d’un seul mort, un seul, pour qu’il soit fichu avant d’avoir été déchu. La sortie médiatique diffusée en boucle, à la Tv et à la Rnm, de ces militaires sur le pied de guerre, est aussi interprétée de la manière suivante dans les régions : ce sont les gens d’Antananarivo qui sèment le trouble et veulent faire un coup d’état anticonstitutionnel. Drôle de démarche vers une réconciliation nationale. Mais c’est aussi du déjà-vu et déjà-vécu depuis 30 ans.Comme si tous les présidents malgaches élus et présent étaient frappés par une même maladie africaine, en général: non-respect de la constitution. Peut-être pour prouver que la mort çà n'arrive qu'aux autres (eux, se sentant immortels, sans doute) ? En effet, au moment où ils sont sur la pente glissante vers une trappe sans issue, ils fanfaronnent et disent de bêtises énormes. Pour Hery Rajaonarimampianina, le 27 mai 2015, il a méprisé les Députés élus de Madagascar, tout simplement.

Cette photo pourrait bien d'intituler : "le nouveau dictateur et ses bras armés". Pour le défendre, lui, et non pas le "Tanindrazana" régit par une loi fondamentale mais maintes fois piétinées, il faut bien le dire

Pour conserver son poste de président élu mais très mal aimé, Hery Rajaonarimampianina ira-t-il jusqu’à être le premier président qui aura réussi un holocauste malgache authentique ? Ce sera certainement des « Hery vaovao » (Forces nouvelles) mais atrocement inutiles. Qui vivra verra… Mais tout risque de se précipiter et de déraper sans plus aucun contrôle. Et, actuellement, Antananarivo est quadrillée par des forces armées jusqu'aux dents comme si on était déjà en temps de guerre. Et le siège de la HCC est gardée comme Fort Knox... Leurs membres iront-ils à Mantasoa (en Peugeot 406) comme du temps de Ratsiraka, en décembre 2008-janvier 2002? "Pour échapper à la pression de la rue".

Jeannot Ramambazafy – 31 mai 2015

Mis à jour ( Dimanche, 31 Mai 2015 18:14 )  
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