« Sentiment de forte inquiétude en présence ou à la pensée d’un danger ou d’une menace… ». Si telle est la définition, selon Larousse, du terme « peur », tandis que la peur bleue est la « peur très vive », selon toujours ce « dico » de référence.
C’est fut la première fois dans les annales de l’Histoire des Républiques de Madagascar qu’un Chef d’État, venu honorer de sa présence un défilé militaire, assista la cérémonie derrière un écran blindé. Même durant les périodes sombres et très critiques du régime socialiste où les menaces réelles ou imaginaires des attaques impérialistes pesaient à tout moment, le Chef de l’État ne sentait point avoir le besoin d’installer un tel « gadget ». Un fantasme qui n’avait même pas effleuré l’imagination de l’Amiral rouge. Lui qui, en tant qu’Officier Général, devrait avoir une idée précise pour se protéger si le danger était réel. Toutes les grandes cérémonies officielles marquant retour à la souveraineté nationale ou autres se passèrent toutes à Mahamasina, dans ce Stade mythique et légendaire.
Faut-il le rappeler que le choix de ce site emblématique et historique pour construire un stade n’est pas du tout le fruit du hasard. Mahamasina abrite le lieu où se trouve érigée la « pierre sacrée » (« Vato masina ») sur laquelle on sacrait rois et reines, les souverains de Madagascar. Ce fut à cet endroit unique que le Général de Gaulle devait annoncer, le 8 août 1958, les yeux tournés vers le Palais de la Reine de Manjakamiadana, le retour de Madagascar à la souveraineté nationale. Une déclaration historique qui enflammait l’enthousiasme et l’euphorie des Malagasy présents, venus nombreux pour la circonstance. Chose faite, d’ailleurs, deux ans après, le 26 juin 1960.
Mais quelle mouche a donc piqué le Chef de l’État d’avoir eu cette idée, pour le moins saugrenue, bizarre ou même ridicule d’installer une vitrine blindée, à la tribune officielle, pour assister à un défilé militaire, hautement sécurisé.
Étant lui-même le Chef suprême des Armées, n’a-t-il plus, selon les termes d’un confrère, confiance en ses éléments armés? Le syndrome d’Anouar El Sadate l’empoisonnait-t-il? Ce Chef d’État égyptien assassiné en plein défilé militaire, au Caire, le 6 octobre 1981! Ou, plutôt, la menace d’un sniper embusqué sur le versant d’Ampamarinana serait plus réelle que celle de tous les temps, surtout, à l’époque de la Révolution socialiste pendant plus de vingt ans! La personne du Président Rajaonarimampianina serait-elle plus importante que celle des autres? Autant de questionnements qui taraudent les esprits et ne laissent indifférents les analystes en voyant plutôt à travers ce geste l’empreinte d’une certaine…mégalomanie ou, tout simplement, le comportement d’un froussard qui se trahit en public.
En tout cas, une chose est sûre, Antananarivo ne peut pas se prévaloir d’atteindre un niveau de menace terroriste qui nécessiterait, impérieusement, une protection maximale. Même à Kaboul ou à Londres ou à Paris, une telle disposition ne s’impose pas. Ce serait ridicule de voir Emmanuel Macron et ses invités de marque dont le Président des États-Unis d’Amérique Donald Trump, derrière un écran blindé, assister au traditionnel défilé militaire, au pied de l’Arc de Triomphe, sur les Champs-Élysées, le 14 juillet prochain à Paris. Tout compte fait, rien ne justifie les fantasmes de la peur bleue.
Ndrianaivo - La Vérité
Publié le vendredi, 30 juin 2017
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Photos: Harilala Randrianarison et Haja Randria