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Home Vie politique Dossier Hery Rajaonarimampianina: début de la fin, grâce à la coalition des vaincus

Hery Rajaonarimampianina: début de la fin, grâce à la coalition des vaincus

A gauche : Place du 13 mai en 2009. « Nous réclamons la vraie démocratie ». Certains, parmi eux, mourront atrocement. A droite : Hery Rajaonarimampianina, à Iavoloha le 11 avril 2014, totalement amnésique sur cette révolution orange qui lui a permis d’être là où il est à présent.


En trois mois, consciemment ou non (ce qui revient au même), le nouveau président élu de Madagascar a réuni tous les ingrédients de sa chute. Choses que ses trois prédécesseurs (Didier Ratsiraka, Zafy Albert, Marc Ravalomanana) avaient, pourtant, imposé sur quelques années. Mais le résultat restera le même, car à chaque cause même effet : éjection musclée par le peuple qui les ont élus pour avoir trituré la Constitution dont le respect est la pierre angulaire du principe de l’état de droit.


Le docteur Kolo Roger et Hery Rajaonarimampianina (ci-dessus) verseront dans le ridicule s’ils osent prétendre mieux connaître que moi l’Histoire politique et les luttes populaires traversées par Madagascar et, surtout, leurs tenants et aboutissants.

Idi Amin Dada, président ougandais de janvier 1971 à avril 1979

De nombreux témoignages concordants attestent qu’Idi Amine Dada était adepte de certaines pratiques de sorcellerie. Sa mère ayant été une grande initiée et prêtresse de la famille royale Bouganda. La folie d'Idi Amin Dada ne s’arrêta pas à sa décision de rester Président à vie ou de s’octroyer le grade de maréchal dès 1975. Il a multiplié les frasques. Au cours du sommet de la défunte Orga­nisation de l’unité africaine (OUA) sur les cendres de laquelle l’Union africaine est née, il a fait organiser plusieurs événements burlesques. Il s’agissait, entre autres, d’une course automobile pendant laquelle il conduisit une Citroën Sm avec un moteur Maserati, ou une manœuvre militaire dirigée par lui-même pour simuler une attaque contre l’Afrique du Sud. Il n’a pas hésité à se faire balader sur une chaise portée par des hommes d’affaires occidentaux dans les rues de Kampala ou à expulser des milliers d’Indo-Pakistanais de son pays. Le tyran de Kampala a fini par sombrer dans un état psychologique inquiétant aussi bien pour son entourage que pour les partenaires étrangers (Source : parlonsinfo.fr)

De nombreux témoignages concordants attestent qu’il était adepte de certaines pratiques de sorcellerie. Sa mère ayant été une grande initiée et prêtresse de la famille royale Bouganda. Mais, il est probable que les rumeurs de cannibalisme à son sujet aient été un peu exagérées.

La folie de Idi Amin Dada ne s’arrête pas à sa décision de rester Président à vie ou de s’octroyer le grade de maréchal dès 1975. 00d/39/huty/14796/07Il va multiplier les frasques. Au cours du sommet de la défunte Orga­nisation de l’unité africaine (OUA) sur les cendres de laquelle l’Union africaine est née, il fait organiser plusieurs événements burlesques. Il s’agit, entre autres, d’une course automobile pendant laquelle il conduit une Citroën Sm avec un moteur Maserati, ou une manœuvre militaire dirigée par lui-même pour simuler une attaque contre l’Afrique du Sud. Il n’a pas hésité à se faire balader sur une chaise portée par des hommes d’affaires occidentaux dans les rues de Kampala ou à expulser des milliers d’Indo-Pakistanais de son pays. Le tyran de Kampala finit par sombrer dans un état psychologique inquiétant aussi bien pour son entourage que pour les partenaires étrangers

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entre le 25 janvier 1971 et le 11 avril 197

J’ai rédigé ce grand dossier, pour que, d’ici quelques temps, personne ne s’étonne ni n’oublie comment Hery Rajaonarimampianina a mal commencé et pourquoi il finira mal. Et sa  chute prévisible (quel que soit son temps passé au pouvoir) ne s’explique pas par des phrases toutes faites ni par des arguments tirés par les cheveux pour défendre les intérêts d’X, Y ou Z mais à travers les leçons de l’Histoire politique malgache elle-même. Cependant, il doit être écrit quelque part que tout Africain accédant au pouvoir suprême tombe quasi automatiquement dans le piège du « mieux faire que les autres » (le mieux est souvent l’ennemi du bien) et de la tentation du « pouvoir absolu car le président élu c’est moi ».


Il n'y a pas d'école de dictature, l'appétit venant en mangeant... Le pire, avec Hery Rajaonarimampianina, c’est qu’il s’est définitivement persuadé qu’il a été élu grâce à son charisme et à ses promesses électorales. Or, une étude psychologique et physionomique profonde démontrera qu’il n’a aucune force de caractère réelle, mais qu’il n’est qu’un vulgaire opportuniste qui a trompé tout le monde avec ses airs d’éternel étudiant lunatique et ses discours trop ampoulés pour être vrais ("zava-dehibe loatra").

L'homme franc et sympathique que j'avais en face de moi, dans le Tgv Thalis Paris/Bruxelles AR, en septembre 2011, et aussi dans le cockpit de l'Airbus A-340/300, en avril 2012, n'était pas le même que l'actuel président bizarroïde qui commence à voir des ennemis... Quand donc comprendra-t-il que son ennemi c'est lui-même ? Mais le plus grand danger est que, lui aussi, il croit avoir été investi d’une mission divine. Cependant, confronté aux réalités vraies malgaches, on verra s’il arrivera encore à dire ce qu’il a à dire et faire ce qu’il a promis de faire… Pour l’heure, voici les étapes d’une histoire de présidents déchus, somme banale et commune sur le continent africain dont fait partie Madagascar.

La fin des quatre prédécesseurs du président Hery Rajaonarimampianina

1972 : mouvement estudiantin ayant dénoncé la mainmise de la France sur la gestion des affaires de la nation. Résultat : massacre du 13 mai ayant amené à la déchéance du président Philibert Tsiranana pourtant réélu avec plus de 97% en janvier.

Années 1990-1991 : après des décennies de dictature, et suite à la chute du mur de Berlin, l’amiral Didier Ratsiraka décide de s’ouvrir au multipartisme politique pourtant demandé des années auparavant. Mais c’est trop tard. Les politiciens, réunis sous l’appellation de Forces vives (« Hery velona ») réclament son départ. Après des mois de fanfaronnades (« tsy hiala aho ! »), l’amiral fait tirer sur une foule désarmée menée par le professeur Zafy Albert dans une grande marche pour la liberté (« Diaben’ny Fahafahana ») vers le palais d’état d’Iavoloha, le 10 août 1991. A la suite de ce massacre, une Haute Autorité de l’Etat (HAE) est mise en place, dirigée par Zafy Albert -qui sera élu président de la république en décembre 1993- face à Didier Ratsiraka qui s’en ira pour un second exil en France.

1996 : après des démêlées révélées en public avec son Premier ministre, Me Francisque Ravony, issu des parlementaires, Zafy Albert organise un référendum pour que le Premier Ministre ne soit plus élu par l'Assemblée nationale mais nommé directement par le président de la République. Le « oui » l’emporte et Zafy nomme le vétérinaire Emmanuel Rakotovahiny, ami de toujours. Or, à peine quelques mois à son poste, celui-ci est empêché à travers un vote de confiance négatif pour lui. Le professeur nomme alors Norbert Lala Ratsirahonana qui était le président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC). Trop tard pour Zafy : le peuple -qui l’a élu- ayant perdu toute confiance en ce président qui passait son temps dans ses fameux « Madaraids », le démet de ses fonctions, le 5 septembre 1996, après l'adoption d'une motion d'empêchement par les députés (représentants du peuple).

1997 : Lors de l’élection présidentielle anticipée du 31 janvier, Zafy Albert est battu par Didier Ratsiraka qui délaisse sa révolution socialiste au profit de l’humanisme écologique.

Pont flottant payant à Ambodiatafana sous Ratsiraka

1998 : Pour renforcer son pouvoir présidentiel, l’amiral Ratsiraka organise un référendum lui permettant la mise en place l'autonomie des provinces (« Faritany mahaleo tena ») qui seront, dans la pratique, sous son contrôle direct. Une dictature nouvelle formule sera établie avec un enrichissement à travers des « astuces » comme un péage obligatoire sur une route nationale (pont flottant d'Ambodiatafana vers Fénérive-Est).

2001 : Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu le 16 décembre, mettant en lice six candidats dont Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana (ancien maire de la ville d’Antananarivo) et Zafy Albert. On connaît la suite. Aucun des deux premiers (Ratsiraka et Ravalomanana) n’a obtenu la majorité absolue (50 voix plus une). Un second tour aurait du être organisé, mais…

2002 : n’ayant pas respecté les accords de Dakar -pour un second tour-, en mettant en exergue son slogan « Premier tour dia vita », Marc Ravalomanana, après s’être auto-proclamé président de la république, le 22 février 2002, procède à une « chasse aux sangliers » (« Haza lambo ») appuyée par des réservistes. Les barrages anti-économiques instaurés autour d’Antananarivo sont démantelés et, après une seconde investiture de Ravalomanana, le 6 mai, Didier Ratsiraka s’enfuit dans un second exil en France.

Ravalomanana dans l'avion Air Force One 2 dont l'origine de l'argent de l'achat a été si flou que cela a obligé les bailleurs de fonds de suspendre leurs aides en décembre 2008

2009 : en décembre 2008, les bailleurs de fonds traditionnels suspendent leurs « aides financières », car ils auraient aimé avoir plus de détails sur l’achat de l’avion Air Force One 2 par le président Ravalomanana. Puis vinrent les révélations de la vente de terres à Daewoo Logistics. Mais ce qui a précipité sa chute, ce fut la fermeture de la station Viva Tv. Après des mois de répression sanglante, et un massacre devant le palais d’Ambohitsorohitra, le 7 février 2009, Marc Ravalomananana, au matin du 17 mars 2009, dissous son gouvernement, remet ses pouvoirs à un directoire militaire non inscrit dans la Constitution et s’enfuit comme un voleur en Afrique australe où il réapparaît une semaine plus tard pour répandre sa thèse de « coup d’état ».

Hery Rajaonarimampianina: "Sans ce monsieur, je ne serai pas là où je suis". Ha bon ? Par vos actes présents, vous reconnaissez alors, au fond de vous-même, que vous n'êtes qu'un fieffé menteur alors ? En tout cas, la majorité des Malgaches sait que si on enlevait toutes les personnes qui sont autour de lui sur la photo, le docteur Jean Louis Robinson l'aurait bouffé tout cru au second tour... Mais, étant actuellement le président élu du peuple, la mauvaise foi et la mesquinerie de son entourage l'empêchent de l'avouer. Jusqu'à quand ? Jusqu'à sa sortie par la lucarne

2013-2014 : après cinq ans de période de transition, dirigée par Andry Rajoelina -à qui les militaires avaient remis les pleins pouvoirs, le 17 mars 2009 au soir-, Hery Rajaonarimampianina, ministre des Finances et du Budget durant la transition, est élu premier président de la IVème république de Madagascar, grâce à l’appui d’Andry Rajoelina et de son entité politique MAPAR. Ce, au second tour (20 décembre 2013) face au docteur Jean-Louis Robinson appuyé directement par Ravalomanana à partir de l’Afrique du Sud.


Il faut se souvenir, ici, que cette élection présidentielle du 20 décembre 2013 a été jumelée avec les élections législatives où le MAPAR a obtenu la majorité mathématique, avec 49 sièges de députés au parlement de Tsimbazaza. L’entité la plus proche est la mouvance Ravalomanana avec 20 députés élus. Et c’est à partir de ce moment que Hery Rajaonarimampianina a démontré sa véritable personnalité de dictateur en puissance, reniant la parole donnée, oubliant son rôle-clé durant la transition et balayant toute notion d’état de droit par le seul fait qu’il est devenu président « élu par le peuple ».

Liens communs à tous ces présidents malgaches élus : avoir fait fi du principe d’état de droit universellement établi pour consolider une situation d’hommes forts aux pieds d’argile. Mais plus grave encore: tous ont sous-estimé leur adversaire politique, trop sûrs de leur puissance passagère.

A propos de la nomination du premier Premier ministre de la IVème république de Madagascar

Article 54 de la Constitution :

Le Président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l'Assemblée nationale.

Il met fin aux fonctions du Premier ministre, soit sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement, soit en cas de faute grave ou de défaillance manifeste.

Sur proposition du Premier ministre, il nomme les membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Aucun adjectif ne suit le mot « majoritaire » dans cet article. Le texte est aussi compréhensible, aussi clair comme de l’eau de roche. Mais nous sommes au pays champion du monde de l’art de rendre difficile ce qui est simple. Il faut savoir, surtout aussi, que pour l’entourage du candidat n°3, le but initial était d’anéantir (politiquement parlant) Andry Rajoelina et tout ce qu’il représente, une fois l’ancien ministre des Finances et du Budget élu. La fin justifiant les moyens, tous ont fait semblant de fermer les yeux quant à l’implication sans limite du MAPAR lors du second tour. Que ce soit en ressources humaines, financières ou logistiques.


Une fois élu « par le peuple », donc, il oublie tous ses devoirs pour s’arroger tous les droits. Après avoir juré devant Dieu et les hommes qu’il allait défendre la Constitution comme si c’était la prunelle de ses yeux, il s’embarque dans un discours enflammé dont la base a été plagiée sur des déclarations du président Nicolas Sarkozy. Le Hery vaovao, dès lors, n’a plus rien d’authentique.


Peu de temps après, toujours dans cette manie de copier sur les autres, voilà que son entourage lui fabrique un site web officiel plagié sur le site de la Maison-Blanche. Entre ces deux exploits, personne n’entend parler de la suite concernant la surfacturation de la Dame Claudine Razaimamonjy, à propos du festin populaire organisé à Iavoloha, le 25 janvier 2013. Et il ose parler d’impunité. Mieux, dans le domaine de la liberté de presse et d’expression : il avait fait sortir un communiqué qui menace sans ambages les journalistes. Vive la démocratie vaovao !

Jaobarison Randrianarivony et son histoire de bois de rose (au fond) à Iavoloha

Pour démontrer qu’il est le champion de l’ingratitude, il fait proclamer une interdiction de sortie de territoire à l’encontre de celui qui est notoirement connu pour s’être impliqué intensément financièrement. Par ailleurs, un de ses conseillers « spéciaux » a diabolisé le président de la transition, Andry Rajoelina, à travers la présence de bois de rose qui étaient à Iavoloha depuis 2008.

Sans compter cette histoire à dormir debout des 350 véhicules 4X4 offerts gracieusement (tu parles!) par China Sonangol.

En fait, toutes ces manœuvres étaient destinées à tenter de cacher la vraie démarche qui est : choisir soi-même son Premier ministre sans violer directement la Constitution. Qu’est-ce qui n’a pas été fait durant près de trois mois ! Vraiment !


Concernant l’interprétation de l’article 54, c’est d’abord le président du CST (Conseil supérieur de la Transition), Rasolosoa Dolin, qui demande l’avis de la HCC se résumant comme suit :

Le Président de la République nomme le Premier Ministre formellement présenté par les députés issus du parti ou groupe de partis majoritaire.

Contrariété totale du nouveau président. Il demande alors au Premier ministre de la Transition, Jean Omer Beriziky, maintenu à ce poste pour les « affaires courantes », de relancer la HCC. Cette fois-ci, celle-ci publie une décision qui se résume comme suit :

Il n’y a plus lieu à statuer sur la demande en interprétation de l’article 54 alinéa premier de la Constitution présentée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, laquelle a déjà fait l’objet de l’avis n°01-HCC/AV du 17 février 2014 de la Cour de céans.

Le président élu pète alors les plombs car il vire directement dans l’abus de pouvoir. Après avoir créé de toutes pièces une Plateforme de la majorité présidentielle (PMP), Il remplace trois des membres de cette HCC qui n’a fait que son travail de constitutionnaliste. Ici, je mets de côté les harcèlements faits à l’encontre du bureau permanent de la nouvelle assemblée nationale, car chaque chose en son temps.

Augustin Andriamananoro (en polo orange) qui sera "remercié" d'une façon aussi lâche que veule. Une démarche de couards arrivés au pouvoir

Pour passer le temps, le président Rajaonarimampianina limoge sans ménagement le Dg de l’Omert (Office malgache d’études et de régulation des télécommunications), jugé « dangereux » par son entourage décidément dénué de scrupules. Ben quoi, çà nous apprendra à leur offrir gratuitement le pouvoir !


Puis, c’est avec toute une brouette de promesses qu’il va se présenter à la Communauté internationale comme un gagnant du loto (politique) : c’est moi le président élu par le peuple ! Ben non, il faut un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement avant d’entamer les choses sérieuses. En l’occurrence des prêts pour endetter à nouveau les générations de Malgaches présentes et à venir. U.S.A, France, Belgique pratiquement pour rien, avec une quarantaine de « membres de la délégation ». Vive le « fitsitsiana » (restriction budgétaire) ! Mais on aura tout de même eu sa propre définition de l’état de droit (ICI).

Après un retour « par silence » (aucun point de presse à Ivato), le président au nom le plus long du monde, convoque alors la presse, le 11 avril 2014. Après des arguments très minables car auto-suggestifs, il annonce le nom du docteur Kolo Roger Laurent Christophe comme premier Premier ministre de la IVème république de Madagascar.

Miracle mon ami ! Pour contourner un cas de flagrant délit de violation de la Constitution, la HCC vaovao sort un avis -quelques heures seulement avant cette nomination- qui se résume ainsi :

Les avis de la Haute Cour Constitutionnelle, non revêtus d’effet obligatoire, n’en possèdent pas moins une haute valeur juridique ainsi qu’une grande autorité morale.

 

Jean Eric Rakotoarisoa félicité par le Président Rajaonarimampianina. A eux deux, ils sont en train d'installer un régime dictatorial qui vient donc de dire son nom, déviant délibérément toute notion de justice et de respect de la Constitution, pierre angulaire de tout Etat de droit

Jean Eric Rakotoarisoa a bien travaillé : le fait est accompli ! J’espère qu’il dort du sommeil du juste depuis. Ainsi, ce 11 avril 2014 sera a marqué d’une pierre blanche à Madagascar. En effet, la Constitution a été piétinée sans état d’âme, par un professeur de droit constitutionnel qui plus est. Ben oui, car l’article 120 stipule ce qui suit :

En matière de contentieux électoral et de consultation populaire directe, la Haute Cour constitutionnelle rend des arrêts. Dans les autres matières relevant de sa compétence, hors le cas prévu à l'article 119, elle rend des décisions. Les arrêts et décisions de la Haute Cour constitutionnelle sont motivés ; ils ne sont susceptibles d'aucun recours. Ils s'imposent à tous les pouvoirs publics ainsi qu'aux autorités administratives et juridictionnelles.

93 entités : la coalition [occasionnelle et passagère] des vaincus

Où donc le nouveau président, qui n’aura donc pas inventé la poudre dictatoriale, est-il allé pécher les « 93 entités » qui forment, selon lui, la majorité à l’Assemblée nationale ?

Le service de communication de la Présidence a fait parvenir aux journalistes, un mail libellé « précision » :

Ce sont les partis politiques qui ont proposé les 18 noms des premiers ministrables, dont celui du Premier ministre actuel KOLO Roger.

Or, dans un précédent mail, il est écrit :

Ci-dessous les partis politiques qui ont proposé au Président de la République Hery RAJAONARIMAMPIANINA les noms des premiers ministrables, dont celui de l'actuel Premier ministre KOLO Roger:

PATRAM, VPM-MMM, PSD, LEADER FANILO, HARENA, ADHEM FIZAFA, MTS, FFF, ZANAK'I DADA, MDM, PARTI VERT, LES AS. Soit douze entités.

Faisons un peu le décompte véritable du nombre des députés élus s’étant présentés sous ces étiquettes, à l’issue des élections du 20 décembre 2013 -RESULTATS OFFICIELS ICI- :

PATRAM (1 député), VPM-MMM (14 députés), PSD (1 député), LEADER FANILO (5 députés), HARENA (1 députés), ADHEM FIZAFA (aucun député), MTS (1 député), FFF (2 députés), ZANAK'I DADA (1 députés), MDM (1 député), PARTI VERT (2 députés), LES AS (1 député). Au total 30 députés. Une vingtaine de députés élus sous le label « indépendants » ont rejoint le PATRAM pour gonfler les effectifs.

Au fond de lui-même (comme il l’a si bien dit à Iavoloha, ce 11 avril 2014), le Président Rajaonarimampianina doit se sentir heureux, content d’avoir pu choisir son père de toujours, car âgé de 71 ans. Ben, vous ne connaissez pas les dettes morales ?

Pierrot Botozaza et Hajo Andrianainarivelo déjà vice-Premiers ministres sous la transition

Mais le moment d’euphorie passé, il va aussi falloir caser tous les membres de cette coalition des vaincus, n’est-ce pas ? Même si ce président pas comme les autres a affirmé qu’il n’a passé aucun deal avec aucun d’eux, qu’il n’est lié en rien avec eux. Déclarations extrêmement dangereuses pour lui, connaissant comment raisonnent les politiciens malgaches… Alors ? Il est évident que des postes vont être créés, comme des vice-primatures, par exemple. Car, désormais, c’est le Premier ministre qui va proposer son gouvernement de « réconciliation nationale ». Quid du MAPAR, à ce stade des choses ? Le nouveau président ne sait-il pas qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort ? En l’occurrence, ici, le peuple qui l’a élu ou non. Par ailleurs, perdre une bataille n’est pas perdre la guerre.

Les trois nouveaux membres de la HCC qui ont donc juré de tout faire pour que la Constitution soit une veste taillée sur mesure pour le nouveau dictateur de Madagascar ?

Moralité de l’Histoire : le président Hery Rajaonarimampianina, ayant déplié la panoplie du parfait dictateur en trois mois, risque de capoter encore plus vite que ses prédécesseurs qui se croyaient tous aussi innovateurs et aussi invincibles que lui. Quand et comment ? Ben qui aurait pas savoir à l’avance comment finiraient Saddam Hussein, Hosni Moubarack, Muhammar Al Kadhafi et tant d’autres chefs d’état qui se croyaient les plus puissants au monde ? Le compte à rebours est enclenché pour Hery Rajaonarimampianina -l’expert-comptable devenu un président retors-, et ses acolytes qui ont bafoué toutes les luttes populaires depuis 1972 ayant occasionné mort d’hommes.

La justice à Madagascar. A gauche le choix du peuple; à droite, le choix de la HCC pour les désirs du nouveau président malgache. " Lasa mizana mitongilana be tokoa rehefa injay lany filoha ingahirainy"

Je réitère, ici, que ce n'est pas la nomination du docteur Kolo Roger, ni sa personne, qui sont mises en cause. C'est la manière inconstitutionnelle qui est exécrable et qui ramène Madagascar vingt ans en arrière. Le pire reste encore à venir avec Hery Rajaonarimapianina. Mais ce sera encore pire pour lui, par la suite...


La dictature désigne « un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite ». Et un dictateur est une « personne qui, à la tête d'un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ». (in dictionnaire culturel Larousse).

« La dictature se définit comme un régime arbitraire et coercitif, incompatible avec la liberté politique, le gouvernement constitutionnel et le principe de l’égalité devant la loi ». (in dictionnaire de la politique Hatier)


Jeannot Ramambazafy -12 avril 2014

Mis à jour ( Dimanche, 13 Avril 2014 05:49 )  
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